L’incitation

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L’incitation est une approche stratégique visant à augmenter les probabilités que l’apprenant donne la réponse ciblée. Il s’agit d’une mesure ou d’une aide permettant à l’apprenant de répondre correctement (Rivière, 2006). Les incitations permettent de développer des compétences ciblées plus rapidement et de façon plus efficace en amenant l’apprenant à répondre correctement chaque fois.

Pensez aux petits enfants qui apprennent à marcher : ils peuvent parfois apprendre à se tenir debout seuls, mais ont habituellement besoin d’aide pour faire leurs premiers pas. L’aide qu’ils reçoivent leur permet de prendre confiance en eux, de faire l’expérience de la réussite et de s’entrainer à marcher en toute sécurité. Lorsqu’ils sont prêts à être plus autonomes, les parents peuvent estomper graduellement l’incitation. Rares sont les enfants qui font leurs premiers pas du premier coup, sans aucune aide.

Ce même principe peut s’appliquer à l’apprentissage en général. Que ce soit pour apprendre à marcher, courir, parler, attacher ses lacets, lire, interagir avec les autres, conduire une voiture ou passer un entretien d’embauche, nous avons besoin d’incitations afin de développer de nouvelles compétences.

Choisir un type d'incitation

Lorsque vous choisissez le type d’incitation à utiliser, tenez compte de la compétence à enseigner et demandez-vous ce qui serait approprié et acceptable pour votre enfant. Il est important de tenir compte des éléments suivants lors du choix du type d'incitation approprié :

Le type de réponse que vous souhaitez que votre enfant produise (par exemple, les messages verbaux peuvent être utiles pour enseigner l'identification expressive) ;
Les forces et les défis de votre enfant (par exemple, les incitations textuelles doivent être utilisées avec des apprenants qui savent lire) ;
Le niveau d'intensité requis pour faciliter l'apprentissage (le moins intrusif possible).

Ce tableau compare les incitations couramment utilisées en fournissant une description de l'incitation et quelques informations supplémentaires utiles. Il convient de noter que les incitations sont classées de la plus intrusive à la moins intrusive.

Incitation	Description	Informations supplémentaires	Vidéo
Physique	Guider physiquement les mouvements de l’enfant tout au long de sa réponse, surtout pour l’enseignement d’habiletés physiques.	Ce type d’incitation est souvent utilisée avec les enfants plus jeunes et est plus intrusif. Il est important d’avertir votre enfant avant de lui faire une incitation physique (i.e., “Je vais toucher ton bras maintenant). Exemple d’une incitation physique : Guider les mouvements de l’enfant pour l’aider à se laver les mains.	L’incitation physique
Gestuelle	Effectuer des mouvements avec vos mains, vos bras ou même vos yeux qui suggèrent le comportement ciblé à l’enfant.	Ce type d’incitation peut permettre à l’enfant de déduire ce que l’on s’attend de lui. Il peut s’agit de pointer, tapoter, ou regarder l’objet que l’enfant devrait choisir ou utiliser. Faites attention aux incitations gestuelles effectuées par inadvertance (c.-à-d. des incitations offertes sans s’en rendre compte). Exemple d’une incitation gestuelle : Donner la consigne « Assis-toi à côté de Josée, s’il te plait? » tout en pointant Josée du doigt.	L’incitation gestuelle
Verbale	Dire des mots ou faire des sons qui aident l’enfant à manifester le comportement ciblé.	Il s’agit de mots ou de paroles qui sont offertes en plus des consignes. Ce type d’incitation est utilisé pour aider votre enfant à fournir une réponse verbale. Elle est moins intrusive, mais il est plus facile de créer une dépendance à l’incitation verbale et plus difficile de l’éliminer. Exemple d’une incitation verbale : Poser la question « Quel est ton nom? » et immédiatement dire « Isaac » pour que l’enfant répète la bonne réponse.	L’incitation verbale
Par modelage	Faire une démonstration ou une présentation du comportement ciblé à l’enfant.	Le modelage peut être efficace pour encourager un comportement, surtout chez les enfants qui sont doués pour l’imitation ou qui ont une bonne capacité d’attention. Pour que le modelage soit efficace, l’enfant doit déjà être capable d’effectuer une partie de la compétence recherchée. Par exemple, si on veut faire un modelage de la compétence « nouer ses lacets », l’enfant doit être capable de tenir les lacets dans ses mains. Ce type d’incitation peut être utilisé pour enseigner un bon nombre de compétences, telles que des interactions sociales, les habiletés de motricité fine ou globale et les compétences de la vie quotidienne. Exemple d’une incitation par modelage : Faire une démonstration à un enfant des étapes nécessaires pour se brosser les dents.	Le modelage
Visuelle	Fournir des images, des photos ou des dessins à l’enfant pour l’aider à effectuer le comportement ciblé.	Il peut s’agir d’horaires visuels, d’un chronomètre ou d’une minuterie, de listes à cocher, d’images illustrant les étapes d’une tâche ou d’images servant d’indice pour le comportement recherché. Exemple d’une incitation visuelle : Placer l’image d’un livre sur la table pour rappeler à l’enfant de mettre son livre dans son sac à dos.	L'incitation visuelle
Textuelle	Fournir des indices écrits tels que des listes de vérification, des scénarios ou des consignes écrites à l’enfant pour l’aider à effectuer le comportement ciblé.	Ce type d’incitation est particulièrement utile pour les enfants qui ont des difficultés sur le plan du langage réceptif (comprendre ce qui est dit). Il peut s’agir de directives écrites pour appuyer les directives verbales, de mots clés placés à la vue de l’enfant ou même d’exemples de phrases ou de passages écrits et disponibles lorsque l’enfant en a besoin. Pour que cette stratégie soit efficace, l’enfant doit posséder des compétences en lecture et le texte doit être approprié à son niveau de lecture. Exemple d’une incitation textuelle : Fournir à l’enfant quelques exemples de phrases qu’il peut utiliser pour amorcer une conversation avec les autres.	L'incitation textuelle

Cliquez ici afin d’imprimer un sommaire des différents types d’incitation.

Mise en œuvre des incitations

Voici certains principes à considérer lors de l’utilisation de l’incitation avec votre enfant :

Estomper les incitations

Voici deux techniques qui peuvent être utilisées pour estomper des incitations:

1 - L’incitation décroissante

Cette stratégie consiste habituellement en l’utilisation d’une incitation plus intrusive à un niveau plus intensif (p. ex. incitation physique) pour ensuite passer à une incitation moins intrusive à un niveau moins intensif (p. ex. incitation gestuelle). Par exemple, si vous appreniez à votre enfant à manger avec une cuillère et que votre incitation consistait initialement à mettre votre main sur la sienne et à compléter la séquence consistant à ramasser de la nourriture et à la porter à sa bouche, alors l'estompage pourrait consister à relâcher votre prise sur sa main, puis à doucement guider sa main en lui touchant le bras, à toucher sa main, à pointer la cuillère et ainsi de suite jusqu'à ce que votre enfant complète la séquence avec succès.

L’incitation décroissante peut être effectuée en utilisant différentes séquences d’incitations, tel que décrit dans l’exemple ci-haut, ou bien une seule stratégie d’incitation. Par exemple, si vous voulez enseigner à votre enfant à écrire son nom, vous pouvez utiliser uniquement l’incitation visuelle en lui faisant suivre une ligne déjà existante, puis estomper progressivement en lui faisant tracer une ligne pointillée, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il puisse écrire son nom de manière autonome sans aucune incitation. Dans les deux exemples, l'enseignement a commencé avec le plus haut niveau d'incitation nécessaire pour assurer la réussite de l'enfant, puis l'incitation a été progressivement estompée jusqu'à ce que l'enfant puisse répondre de manière autonome.

2 – Le délai du temps

On peut également ajouter un délai pour estomper graduellement une incitation. Cela signifie que l’on augmente progressivement la période de temps entre la consigne et l’incitation. Le délai doit être court au début, et peut augmenter lorsque l’apprenant donne une réponse correcte indépendante à plusieurs reprises.

Par exemple, on peut utiliser cette stratégie pour aider un apprenant à répondre à la question « Quel est ton nom? ». Aux premiers essais, on fait suivre la question « Quel est ton nom? » par l’incitation verbale « Marc ». On donne immédiatement un renforcement si l’apprenant répond correctement en répétant « Marc ». Lors d’essais suivants, on insère un délai d’une seconde entre la question « Quel est ton nom? » et l’incitation « Marc ». Si l’apprenant répond correctement quand on insère le délai, on l’augmente graduellement (habituellement d’une seconde à la fois) jusqu’à ce qu’il commence à répondre avant de recevoir l’incitation.

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Réflexion finale

Lorsqu'il apprend de nouvelles compétences, votre enfant a besoin d'aide pour aller de son niveau de compétence actuel au niveau que vous essayez d'atteindre. Sans aide, votre enfant pourrait se retrouver dans une situation d'échec répété et n'aurait pas la possibilité d'acquérir la compétence que vous essayez de lui enseigner. L'incitation et l'estompage de celle-ci peuvent être difficiles à mettre en œuvre. Adressez-vous aux professionnels qui participent au plan d'intervention préscolaire ou scolaire de votre enfant. Il est fort probable qu'ils mettent en œuvre ces stratégies dans le cadre de leurs propres interventions et peuvent vous offrir un encadrement et un soutien pour continuer à le faire à la maison.

Références

Rivière, V. (2006). Analyse du comportement appliquée à l’enfant et à l’adolescent. France : Presses Universitaires du Septentrion.