Gouvernement du Nouveau-Brunswick

 

Gestion de la végétation  

La gestion de la végétation est une composante du cycle global de l’aménagement forestier. Elle désigne les outils et les méthodes employés par les forestiers pour faire en sorte que les arbres du peuplement final aient les meilleures conditions possibles pour croître rapidement et durablement.

Lorsque des méthodes naturelles ou artificielles sont employées pour régénérer la forêt, les aménagistes forestiers prennent souvent des mesures pour faire en sorte que la régénération favorise les essences désirées – car ce ne sont pas tous les arbres ou toutes les essences d’arbre en régénération qui poussent bien dans un lieu donné – et que les arbres individuels désirables (les arbres du peuplement final) ont accès à suffisamment de lumière du soleil, d’humidité du sol, de nutriments et d’espace. On appelle généralement les activités effectuées pour guider la composition des essences et réduire la concurrence des soins sylvicoles ou des traitements de gestion de la végétation; ces activités comprennent des mesures comme l’éclaircie (pour réduire la densité des arbres du peuplement final) et le désherbage (pour réduire ou éliminer les plantes qui poussent là où elles ne sont pas voulues). Peu importe la mesure, l’objectif est d’augmenter les ressources favorables à la croissance du peuplement final, ce qui renforce la probabilité de survie et de croissance des arbres du peuplement final, de la même façon que le désherbage donne un jardin plus productif à la maison. Une bonne gestion de la végétation fait en sorte que les objectifs de régénération sont atteints en temps opportun et que la survie et la croissance de la forêt sont adéquates pour maintenir le matériel ligneux (Wagner et coll. 2001).

Références

Les herbicides comme le glyphosate jouent un rôle important dans le maintien d’un approvisionnement en bois durable à des fins économiques, et ils contribuent aussi à assurer un équilibre adéquat entre les peuplements conifériens, feuillus et mixtes dans le paysage forestier.

Généralement, des herbicides sont utilisés pour gérer la végétation des forêts canadiennes uniquement là où l’on trouve des peuplements de conifères (p. ex., l’épinette et le pin) qui font l’objet de mesures de régénération et de croissance en vue de la production de bois d’œuvre ou de papier, ou pour constituer un habitat faunique. Suivant la récolte, de nombreuses espèces de plantes pionnières (p. ex., calamagrostide du Canada, framboise, peuplier faux-tremble) qui sont bien adaptées pour envahir les lieux perturbés et les conditions de croissante ouvertes, peuvent facilement dominer les jeunes pousses de conifères en leur livrant une concurrence redoutable pour obtenir les nutriments, la lumière, l’eau et l’espace disponibles (Wagner et coll. 2001, Balandier et coll. 2006). Il est essentiel de réduire la concurrence des plantes adjacentes pour assurer la survie et la croissance des arbres du peuplement final, tout comme désherber contribue à la réussite du jardin à la maison. Bien entendu, il est clair que, contrairement au jardin résidentiel, vu leur ampleur, les activités d’exploitation forestière se prêtent très mal au désherbage manuel. Les herbicides permettent de réduire la concurrence de façon hautement sélective dans les peuplements de conifères finals, et ce à un coût minimum (McDonald et Fiddler 1993, Wagner et coll. 2006, Newton 2006, Dampier et coll. 2006, Homagain et coll. 2011). Ajoutons que l’utilisation des herbicides dans la gestion de la végétation dans les forêts canadiennes est fortement réglementée et contrôlée de façon à assurer la salubrité de l’environnement et la sécurité des humains.

Pour d’autres informations, voir aussi la FAQ Qui décide si un produit est sûr ou non? Comment le sait-on? (Santé)

Références

Cinq matières actives herbicides sont homologuées pour être utilisées au Canada: le glyphosate, Le triclopyr, l’hexazinone, le 2,4-D, la simazine. En foresterie au Canada, plus de 96 % des forêts traitées au cours de la dernière décennie ont reçu des herbicides à base de glyphosate.

On compte cinq ingrédients herbicides actifs homologués qui peuvent être utilisés dans les forêts du Canada, soit le glyphosate, le triclopyr, l’hexazinone, le 2,4-D et la simazine. En foresterie au Canada, plus de 96 % des forêts traitées au cours de la dernière décennie ont reçu des herbicides à base de glyphosate. L’utilisation d’autres herbicides, surtout dans les dernières années, est suffisamment mineure pour qu’il n’en soit pas question plus longuement ici (des statistiques sur l’utilisation de produits antiparasitaires en foresterie au Canada peuvent être obtenues sur le site Web de la Base de données nationale sur les forêts à http://nfdp.ccfm.org/). Puisque le brevet sur le glyphosate est expiré, plusieurs fabricants produisent aujourd’hui diverses formulations commerciales de ce composé, qui est vendu sur le marché sous les noms de marque VisionMax, Forza, Vantage ou Weed-Master (Mihilovich et coll. 2004). Alors que toutes ces formulations contiennent du glyphosate comme ingrédient actif et un surfactant pour en améliorer l’absorption par les cuticules des feuilles des plantes, la composition chimique de chaque formulation peut varier (c.-à-d. les formulations à base de glyphosate ne sont pas toutes les mêmes).

Il y a trois raisons principales pour lesquelles les herbicides à base de glyphosate dominent presque totalement en foresterie et en agriculture au Canada et à l’échelle internationale : a) leur excellent bilan en matière d’efficacité et de fiabilité, car ils maîtrisent la plupart des espèces concurrentes, y compris les plantes qui repoussent à partir de rhizomes, de racines ou des bourgeons de la base; b) un profil favorable pour ce qui est de leur comportement dans l’environnement (p. ex., non persistants dans les sols, la végétation et l’eau, ne s’accumulent pas dans les animaux, très faible possibilité d’atteindre les eaux souterraines) ; c) leur faible toxicité intrinsèque pour les humains et la faune. En foresterie, l’application de glyphosate ne tue pas facilement les conifères, surtout une fois que les aiguilles ont pleinement développé leur cuticule cireuse (généralement vers la fin du mois d’août). Cette couche de cire cuticulaire est suffisamment épaisse pour protéger les aiguilles contre la maladie, la déshydratation et les effets du glyphosate à des doses qui, autrement, seraient suffisantes pour blesser l’arbre. Les herbicides à base de glyphosate sont donc particulièrement efficaces pour enrayer la concurrence des feuillus non désirés qui sont immédiatement adjacents aux jeunes conifères.

Des produits à base de glyphosate similaires à ceux utilisés en foresterie au Canada sont homologués et utilisés dans plus de 160 pays et jouent un rôle critique dans la production de plus de 100 cultures en terre destinées à la consommation, dont le blé, le maïs et le soja. Alors que les applications agricoles d’herbicides à base de glyphosate représentent la majeure partie du glyphosate utilisé (75 % en volume), ces mêmes herbicides jouent également un rôle important dans le contrôle de la végétation dans les jardins résidentiels (15 %), la gestion des terrains industriels et des emprises (6 %) et, bien entendu, les applications en foresterie (4 %) (Michael Cunningham, Engage Agro, communication personnelle).

Pour d’autres informations, voir aussi la FAQ Quelle est la persistance du glyphosate dans les plantes, le sol, l’eau et les sédiments? (Environnement et la faune)

Pour d’autres informations, voir aussi la FAQ Que disent les organismes de réglementation en environnement et en santé à propos de la classification du glyphosate par le CIRC? (Santé)

Références

Les aménagistes forestiers conçoivent régulièrement des activités de récolte et de préparation du terrain visant à minimiser la repousse de la végétation non désirée et utilisent des outils comme la coupe manuelle, les grands plants de pépinière et le brûlage dirigé pour maintenir la croissance, l’abondance et la prépondérance des conifères aux endroits où ils choisissent de ne pas utiliser d’herbicides.

Les aménagistes forestiers ont régulièrement recours à plusieurs méthodes culturales pour combattre les effets concurrentiels de la végétation non désirée de façon préventive. Par exemple, sur des terrains capables de produire des feuillus de qualité et de grande valeur, souvent, on évitera complètement la régénération des conifères (et l’application d’herbicides). Dans les endroits où la production de conifères est désirée, la récolte peut avoir lieu à certaines périodes de l’année d’une manière et avec un équipement qui minimisent la repousse de la végétation non désirée (Myketa et coll. 1998, Wagner et Columbo 2001). Le moment de la préparation du terrain ainsi que les méthodes et l’équipement peuvent aussi être adaptés aux conditions particulières d’un site de façon à minimiser le potentiel de repousse des plantes non désirées. On plantera souvent des semis de conifères de grande qualité et en santé qui, par sélection génétique, poussent rapidement afin de maximiser leur avantage concurrentiel. Sur certains terrains, les méthodes de gestion de la végétation sont modifiées pour favoriser le développement de peuplements mixtes de conifères et de feuillus (Pitt et coll. 2004a, Pitt et coll. 2004 b, Pitt et coll. 2010). Des méthodes manuelles de lutte contre les mauvaises herbes (p. ex., couper avec des débroussailleuses; Bell et coll. 1997, Bell et coll. 1999, Pitt and Bell 2004, Pitt and Bell 2005, Greifenhagen et coll. 2005) sont employées lorsque des contraintes existent à l’utilisation d’herbicides, en particulier si des mesures supplémentaires s’imposent pour protéger la sécurité des humains ou de l’environnement, à proximité d’habitations humaines ou de zones riveraines par exemple. Le feu, l’une des mesures naturelles les plus importantes de lutte contre les mauvaises herbes, peut être utilisé comme outil de contrôle de la végétation pour la préparation d’un terrain s’il existe des conditions très particulières.

Références

Pas nécessairement. Il y a des risques associés à chaque activité ou opération forestière. La coupe mécanique expose les travailleurs à des carcinogènes connus contenus dans les gaz d’échappement; la machinerie lourde dégage des émissions de carbone importantes et compacte le sol. Puisqu’il est impossible de complètement éliminer le risque en foresterie ou dans toute autre industrie, nous devons alors comprendre et gérer les risques.

Il est important de souligner que toutes les activités de gestion de la végétation comportent un certain degré de risque inhérent, que ce soit pour l’environnement ou la santé humaine. Il est certain que les risques réels des solutions sans herbicides sont moins bien étudiés et définis que ceux pour les solutions qui en utilisent, ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose. Les risques d’effets potentiellement délétères des solutions de rechange varient selon la technique. Ainsi, la préparation mécanique du terrain avec de la machinerie lourde peut causer des effets préjudiciables pour la faune, la compaction du sol, une augmentation de l’érosion et la combustion excessive de combustibles fossiles (Newton 2006). L’éclaircie manuelle à l’aide de débroussailleuses implique un risque évident pour les travailleurs en raison de leur exposition directe et répétée à des carcinogènes connus comme le benzène contenu dans les gaz d’échappement, ainsi que des risques démontrables de blessures comme des fractures de stress et des foulures (Dubeau et coll. 2003). Le brûlage dirigé comporte également des risques pour la sécurité des travailleurs, sans compter la possibilité que le feu se propage.

Les risques qui découlent de l’utilisation d’herbicides ont trait à la possibilité d’effets directs ou indirects sur les espèces fauniques ou les humains qui pourraient être exposés par inadvertance aux résidus d’herbicides. Cependant, la grande quantité de recherche scientifique menée atténue grandement ces risques, car elle a permis d’améliorer notre compréhension des seuils des effets biologiques et de les définir, donnant ainsi lieu à l’adoption de restrictions et de pratiques opérationnelles qui réduisent la probabilité que l’exposition, le cas échéant, dépasse ces seuils (p. ex., zones tampons, panneaux, application de taux minimaux efficaces, techniques d’application avancées qui optimisent le ciblage et réduisent la dérive) (Pratiques exemplaires).

Il existe des différences importantes entre le risque scientifiquement quantifiable ou la probabilité que quelque chose se produise et la volonté d’un individu ou d’un segment donné de la société de tolérer ce risque et cette probabilité. La tolérance au risque varie énormément d’un segment de la société à un autre, et elle est souvent le reflet direct de la familiarité et de la connaissance (Wagner et coll. 1998).

Références

Elles le sont – la plupart des aménagistes forestiers appliquent une approche intégrée de la gestion de la végétation consistant à mettre en œuvre une variété de techniques préventives, en plus d’utiliser des outils directs comme les traitements herbicides et la coupe manuelle.

Les statistiques montrent nettement que, sur les quelque 444 000 ha nécessitant des soins sylvicoles chaque année au Canada, environ les deux tiers sont traités autrement qu’avec des herbicides. En fait, dans toutes les forêts bien aménagées, les aménagistes forestiers emploient ce qu’on appelle un programme de gestion intégrée de la végétation, qui comprend l’application d’herbicides ainsi qu’un certain nombre d’autres techniques à leur disposition pour réduire les effets concurrentiels de la végétation non désirée (Little et coll. 2006). Dans le cadre d’un programme de gestion intégrée de la végétation, l’aménagiste forestier utilisera la combinaison d’outils la plus propice pour maximiser le potentiel de régénération de manière sécuritaire en fonction du site.

Toutefois, généralement, il n’y a pas de solutions qui soient aussi rentables, efficaces, sécuritaires ou fiables que les herbicides chimiques modernes pour la régénération de la forêt, de sorte que les herbicides, et en particulier les herbicides à base de glyphosate, jouent tout naturellement un rôle de premier plan dans la plupart des programmes de gestion intégrée de la végétation (McDonald et coll. 1993, Newton 2006). De plus, les herbicides offrent le seul moyen efficace de réduire la concurrence des plantes herbacées à grandes feuilles, au sujet desquelles plusieurs études ont montré qu’elles réduisent considérablement la croissance et la survie des conifères (Zutter et Miller 1998, Man et coll. 2008, Pitt et coll. 2009, Parker et coll. 2009, Pitt et coll. 2011). Les herbicides à base de glyphosate ont également tendance à tuer le système racinaire des plantes, ce qui empêche la repousse qui se produit souvent après une coupe manuelle (Bell et coll. 1999). Il n’en reste pas moins que la gestion intégrée de la végétation fait appel à des techniques non chimiques sur une partie importante du territoire forestier.

Références

Au cours de la première moitié des années 1990, une grande quantité de recherche a été faite partout au pays pour explorer et mettre à l’essai une vaste gamme de solutions de rechange pour la gestion de la végétation. Bien que ces travaux aient permis de mieux comprendre comment optimiser les outils et les techniques comme la coupe manuelle, les solutions de rechange comme le pâturage d’animaux, les champignons ou les paillis se sont avérés largement inefficaces en aménagement forestier.

On a dépensé jusqu’à présent plusieurs millions de dollars au Canada et ailleurs dans le monde pour étudier le rôle que pourraient jouer les outils comme le pâturage d’animaux, les champignons ou les paillis dans les programmes de gestion intégrée de la végétation. Le programme de méthodes non traditionnelles de gestion de la végétation établi par le ministère des Ressources naturelles de l’Ontario au début des années 1990 est un excellent exemple de ce genre d’efforts. Les conclusions issues de cette recherche montrent que le coût élevé, une variabilité accrue des résultats et l’efficacité relativement faible de telles approches les rendent difficilement applicables ailleurs que dans des projets à très petite échelle (Wagner et coll. 2001). Par exemple, des efforts nationaux ont été déployés pour développer et faire homologuer le champignon indigène Chondrostereum purpureum comme agent de contrôle biologique microbien en gestion de la végétation forestière (Thompson et coll. 1992, Pitt et coll. 1999, Harper et coll. 1999). Les résultats des essais ont montré que le champignon est efficace pour maîtriser la repousse de certaines essences feuillues concurrentes. Au final, deux produits commerciaux ont été mis au point et sont maintenant homologués. Toutefois, leur utilisation est minime dans les pratiques opérationnelles en foresterie pour plusieurs raisons, notamment : 1) inefficacité totale sur les espèces herbacées concurrentes; 2) inefficacité sur certaines essences ligneuses; 3) la nécessité de faire une coupe manuelle ou mécanique immédiatement avant l’application du champignon, ce qui augmente les coûts opérationnels. D’autres solutions de rechange, comme l’application de paillis, se sont aussi généralement avérées à la fois inefficaces et beaucoup trop coûteuses (Thomas et coll. 2001, Harper et coll. 2005) pour être utilisées à grande échelle en foresterie opérationnelle.

Références

De nombreux travaux de recherche ont été faits par des universitaires, l’industrie et des chercheurs d’organismes publics sur tous les aspects de l’utilisation des herbicides dans nos forêts. En vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada examine régulièrement les résultats de cette recherche pour s’assurer que l’utilisation de ces produits ne pose aucun danger.

Les pesticides, y compris les herbicides, font l’objet d’essais rigoureux pour vérifier que leur action est conforme aux instructions sur l’étiquette du produit et qu’ils sont sans danger pour les humains et l’environnement lorsqu’ils sont utilisés selon les exigences sur l’étiquette. Les essais peuvent être effectués par divers organismes, et la méthodologie scientifique doit être suffisamment rigoureuse pour satisfaire l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA). Pour empêcher la manipulation des données, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a mis au point une série de directives et de principes de bonnes pratiques de laboratoire (BPL) acceptées à l’échelle internationale afin de promouvoir la qualité et la validité des données d’essai. Les BPL portent sur le processus organisationnel des études non cliniques et les conditions dans lesquelles ces études sont planifiées, réalisées, contrôlées, enregistrées et diffusées. Des pistes d’audit indépendantes peuvent être suivies en vertu des directives sur les BPL à n’importe quel moment pour vérifier l’intégrité des données utilisées dans le processus d’homologation.

En vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires, Santé Canada homologue uniquement les composés qui soutiennent une lutte antiparasitaire durable et qui satisfont à des critères d’évaluation rigoureux et fondés sur la science montrant que le risque pour la santé humaine et l’environnement est minime. Tous les pesticides homologués font l’objet d’une nouvelle évaluation tous les 15 ans pour vérifier si les données qui appuient leur utilisation satisfont toujours aux normes scientifiques actuelles. L’ARLA examine soigneusement toutes les données (y compris les données brutes) et peut aussi comparer ses conclusions à celles obtenues par les organismes de réglementation d’autres pays comme les États-Unis et les membres de l’Union européenne pour en assurer la cohérence.

Canada a l’un des systèmes de réglementation et d’homologation des pesticides les plus exigeants du monde.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Les feux de forêt sont un excellent exemple de perturbation naturelle qui contribue au processus de régénération de la forêt. La coupe à blanc est une pratique qui imite les effets globaux de perturbations comme les feux de forêt. Ce type de perturbation manuelle contribue au maintien de forêts en santé et productives pendant de nombreuses années à venir.

En agriculture, la gestion de la végétation vise à écarter le plus possible la concurrence pendant tout le cycle de croissance. En foresterie, l’objectif est de supprimer la concurrence temporairement pour permettre aux arbres de s’établir et de pouvoir croître au maximum de leur potentiel. Une fois que la plantation est établie et que les arbres poussent bien, la végétation naturelle revient, simplement.

Cette différence dans les objectifs des secteurs forestier et agricole en matière de gestion de la végétation montre pourquoi, en foresterie, on traite les arbres plantés avec des herbicides seulement une ou deux fois durant une rotation, alors qu’en agriculture, les cultures sont traitées à intervalles réguliers. Les plantations d’arbres représentent des investissements considérables qui doivent être protégés par une gestion efficace de la végétation. À l’heure actuelle, les traitements herbicides constituent l’outil de gestion de la végétation le moins coûteux et le plus efficace et sont donc la méthode préférée pour entretenir la plupart des plantations d’arbres.

Au Canada, environ 45 % des zones de récolte sont laissées à elles-mêmes afin de se régénérer naturellement, sans application d’herbicides. Bon nombre de ces sites sont destinés aux essences feuillues (p. ex., tremble, bouleau, érable), qui se régénèrent facilement par des moyens naturels. Toutefois, la plupart des essences de conifères nécessitent des conditions très précises pour se régénérer naturellement. Pour maintenir une forêt saine et productive, il faut habituellement aider à l’établissement et à la croissance des conifères par l’ensemencement direct, des traitements herbicides et des soins sylvicoles continus.

Un bon aménagement forestier vise le maintien d’une mosaïque de types de peuplement différents (feuillus, conifériens et mixtes) et de différentes catégories d’âge afin d’imiter le plus possible la distribution spatiale naturelle qu’on s’attendrait à trouver dans le paysage. Au Canada, un peu moins de la moitié de la superficie récoltée chaque année est laissée à elle-même afin de se régénérer naturellement. Les gens pensent que les peuplements feuillus et mixtes occupent ces terrains sans soins sylvicoles, ou si peu. Les feuillus, surtout dans la forêt boréale, se régénèrent par taillis (rejets et drageons) et par semence, et peuvent donc rapidement coloniser les zones perturbées par eux-mêmes. En revanche, la régénération naturelle de la plupart des essences conifériennes se fait uniquement par semence. Si certaines conditions ne sont pas présentes dans le peuplement et dans le sol au moment de la récolte (p. ex., les conditions souvent présentes à la suite d’un incendie naturel), sans notre aide – par plantation ou ensemencement direct –, l’établissement des conifères peut être difficile et les résultats sont variables. Si l’on s’appuie trop sur la régénération naturelle et que les soins sylvicoles sont insuffisants, une telle combinaison peut précipiter des pertes considérables dans l’abondance et la domination des conifères dans un paysage, entraînant des répercussions aussi bien économiques qu’écologiques (Armson et coll. 2001, Hearnden et coll. 1992, MRNO 1986; 1988). La perte de peuplements dominés par le pin et l’épinette dans le paysage est un défi majeur reconnu du secteur forestier.

Références

Sans l’utilisation d’herbicides, il deviendrait de plus en plus difficile d’avoir les forêts de résineux qui alimentent nos usines et de maintenir la grande diversité du paysage formé de forêts conifériennes, feuillues et mixtes. Une telle situation nuirait à la viabilité et à la compétitivité de notre industrie forestière.

Comme les herbicides jouent un rôle central dans la gestion intégrée de la végétation et la régénération des conifères sur des terrains précédemment dominés par les conifères, en restreignant ou en discontinuant l’utilisation des herbicides, il serait tout simplement impossible de réussir à établir des conifères par des moyens abordables sur de nombreux terrains, et les aménagistes forestiers auraient de la difficulté à atteindre les cibles de durabilité et à respecter les exigences juridiques. En fin de compte, on en viendrait à observer des déficits croissants dans la proportion naturelle de peuplements dominés par les conifères dans le paysage, déficits qui existent déjà dans de nombreux endroits en Amérique du Nord. La diminution des conifères en tant que ressource aurait des répercussions économiques graves en réduisant l’approvisionnement durable en bois, en plus d’avoir des répercussions écologiques découlant de la perte d’habitat.

Par exemple, un audit détaillé récemment effectué sur des sites de régénération en Nouvelle-Écosse où la décision avait été prise de ne pas utiliser d’herbicides fournit des données probantes de qualité sur les résultats probables. Dans ce cas-ci, les résultats montrent que 87 % des plantations de conifères a échoué, et 10 % n’avaient pas atteint les normes de croissance libre de six à huit ans après la récolte (Nicholson 2007). Des résultats similaires ont été observés dans des essais menés dans d’autres écosystèmes forestiers (Biring et coll. 2003, Dampier et coll. 2006). Une décision prise en 2001 de discontinuer l’application d’herbicides sur les terres publiques au Québec a donné lieu à des coûts qui dépassent souvent 5 000 $/ha (Labbé et coll. 2014) pour l’établissement d’une plantation et les soins sylvicoles, puisqu’il faut produire et mettre sur pied de grands plants et effectuer trois dégagements manuels à la débroussailleuse. On ne connaît pas actuellement le succès que ces plantations connaîtront, et il n’existe pas de statistiques concernant les répercussions de la limitation des herbicides sur l’approvisionnement en bois de conifères au Québec. Récemment, le forestier en chef de la province a déclaré qu’il était crucial d’exercer une surveillance appropriée des zones plantées (Bureau du forestier en chef, 2015).

Planter des conifères peut coûter au propriétaire du terrain plus de 1 000 $ par hectare, une fois pris en compte les coûts de la préparation mécanique du terrain, de la production des semis et de la plantation. Pour protéger son investissement, le propriétaire peut dépenser environ 200 $/ha pour une seule application aérienne de glyphosate, ou entre 1 000 $ et 4 000 $/ha pour un ou plusieurs dégagements manuels à la débroussailleuse. Étant donné les leçons qui se dégagent des expériences réalisées ailleurs, il est très difficile de justifier les coûts plus élevés des soins sylvicoles, surtout si le succès est variable et incertain. Des prévisions récentes sur l’approvisionnement en bois établies par le personnel du ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick indiquent que, si l’on cessait de planter des conifères à la suite de la décision de ne plus utiliser d’herbicides, l’approvisionnement en bois à long terme total (20 ans et plus) chuterait de près de 20 % (23 % pour les résineux et 5 % pour les feuillus), ce qui pourrait entraîner jusqu’à 730 pertes d’emplois directs. Si des restrictions budgétaires empêchaient la réalisation du débroussaillage nécessaire pour éclaircir et entretenir la régénération naturelle, la récolte future totale disponible pourrait chuter de près de 60 % (66 % pour les résineux et 33 % pour les feuillus), entraînant jusqu’à 2 400 pertes d’emplois directs. Un aspect important à souligner est le fait que les répercussions de telles décisions ne se font ressentir clairement que de nombreuses années plus tard.

Références

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La santé
  

Santé Canada est autorisé par la loi à examiner, à homologuer et à réglementer les pesticides au Canada. Chaque pesticide fait l’objet d’évaluations sur les risques éventuels pour la santé humaine et l’environnement, et les évaluations reposent sur des études scientifiques reconnues à l’échelle internationale.

L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), une direction générale de Santé Canada, est l’organisme de réglementation des pesticides fédéral qui est autorisé par la loi à examiner, à homologuer et à réglementer les pesticides (ARLA, 2015). La loi prévoit que les pesticides peuvent uniquement être utilisés conformément au mode d’emploi de l’étiquette, y compris ce qui peut être traité, quand et à quels taux d’application. L’ARLA évalue l’innocuité des pesticides pour les humains et l’environnement en se fondant sur un ensemble d’études effectuées selon les normes et les directives internationales présenté à l’ARLA pour montrer que les utilisations proposées pour le pesticide sont sans danger. C’est avec ces études que les entreprises voulant faire homologuer leurs pesticides au Canada doivent prouver à l’ARLA – avant l’homologation du produit – que le produit proposé ne causera pas d’effets néfastes sur la santé des humains ou l’environnement dans des conditions d’utilisation typiques. Cette approche axée sur la précaution consistant à prouver l’innocuité du pesticide proposé avant de permettre son utilisation au Canada est conforme au mandat de l’ARLA, en vertu duquel seuls les produits qui satisfont au seuil de « certitude raisonnable qu’il n’y aucun danger pour la santé humaine » de l’agence peuvent être homologués au Canada. De plus, des règlements provinciaux et municipaux peuvent imposer d’autres restrictions sur les méthodes d’application permises et les lieux où un pesticide peut être appliqué dans la province ou la municipalité en question.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine.

Références

De nombreux organismes, dont l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire du Canada (ARLA), l’Environmental Protection Agency des États-Unis (USEPA) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments ont conclu que le glyphosate ne présente pas de risque de cancer lorsqu’il est utilisé conformément à la réglementation et au mode d’emploi de l’étiquette du produit.

La réaction internationale des principales autorités réglementaires en matière de santé à la classification du glyphosate le 15 mars 2015 par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a été rapide et cohérente. Le 23 mars 2015, l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR), qui a évalué les risques pour la santé du glyphosate au nom de la Communauté européenne, a affirmé que l’évaluation des risques pour la santé humaine avait conclu que le glyphosate n’est pas cancérogène. Le BfR a indiqué que, à la lumière de son évaluation de plus de 30 études épidémiologiques, il est parvenu à la conclusion générale qu’il n’existe pas de rapport validé ou significatif entre l’exposition au glyphosate et un risque accru de lymphome non hodgkinien ou d’autres types de cancer. Le 11 avril 2015, l’USEPA a rappelé avoir conclu en 1991 que le glyphosate devait être classé dans le groupe E (preuves de la non-cancérogénicité pour les humains) en raison du manque de données probantes convaincantes de sa cancérogénicité et vu les critères de classification des cancérogènes de l’USEPA. L’agence américaine a aussi souligné que dans le cadre de son évaluation de 2014, elle avait examiné plus de 55 études épidémiologiques effectuées sur les effets potentiels cancérogènes et autres que cancérogènes du glyphosate. L’USEPA a conclu qu’aucun des travaux de recherche examinés ne présentait de preuves à l’appui de la cancérogénicité du glyphosate et ne justifiait de changer la classification du glyphosate pour l’enlever des agents non cancérogènes. Le 13 avril 2015, l’ARLA a déclaré que, étant donné la solidité et les limites du grand nombre de renseignements connus sur le glyphosate, y compris de multiples études à court et long terme de toxicité (durée de vie) sur les animaux, de nombreux essais biologiques de génotoxicité in vivo et in vitro ainsi qu’une multitude de données épidémiologiques, le poids de la preuve dans son ensemble indique qu’il est peu probable que le glyphosate présente un risque de cancer pour les humains. L’ARLA avait conclu, d’après l’évaluation des renseignements scientifiques à sa disposition, que les produits contenant du glyphosate ne présentent pas de risque inacceptable pour la santé humaine ou l’environnement lorsqu’ils sont utilisés conformément au mode d’emploi recommandé sur l’étiquette. Notons aussi que la USEPA avait déjà fait connaître sa position sur la non-cancérogénicité du glyphosate en 1993, puis l’avait réitéré en 2013, tout comme l’avait fait la réunion conjointe FAO/OSM sur les résidus de pesticides (JMPR) en 2004.

Derniers développements

Le 16 mai 2016, une réunion conjointe spéciale de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture et de l’Organisation mondiale de la Santé des Nations Unies a eu lieu pour réévaluer le glyphosate et d’autres composés à la lumière de nouvelles études publiées depuis la dernière évaluation exhaustive. La conclusion de cette réunion est qu’il est peu probable que l’exposition au glyphosate par l’alimentation pose un risque carcinogène ou génotoxique pour les humains. 

Le médecin-hygiéniste en chef par intérim du Nouveau-Brunswick, le médecin-hygiéniste en chef de la Nouvelle-Écosse et Santé publique Ontario ont également confirmé que le glyphosate est un produit sûr.

La distinction entre danger et risque est importante pour comprendre la différence dans ce qui semble être des conclusions contradictoires du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le CIRC prend en compte la possibilité qu’une substance cause des préjudices dans certaines circonstances, tandis que les organismes de réglementation comme l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) prennent en compte la probabilité (risque) que des effets néfastes soient observés à des niveaux d’exposition réalistes. Les organismes de réglementation partout dans le monde, y compris l’ARLA, l’EPA, l’OMS et l’EFSA, concluent systématiquement depuis des années que les utilisations approuvées du glyphosate conformément au mode d’emploi ne présentent pas de risque de cancer, ni d’autres risques, pour la santé humaine

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Références

Le CIRC est l’agence de l’Organisation mondiale de la Santé spécialisée dans la recherche sur le cancer. Le CIRC a évalué le glyphosate en mars 2015 et l’a classé dans le groupe 2A, qui comprend les agents probablement cancérogènes pour l’humain. L’étude du CIRC a examiné le danger global posé par le glyphosate et conclu que le glyphosate peut, dans certaines conditions, causer le cancer. L’évaluation du danger effectuée par le CIRC n’a pas pris en compte les utilisations dans la vie réelle de cette substance chimique, contrairement à l’évaluation du risque que font les organismes de réglementation comme l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), l’Environmental Protection Agency aux États-Unis (USEPA) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments, qui se penchent aussi bien sur le danger que sur le risque pour les humains dans des conditions réelles et typiques d’utilisation.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) est l’agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) spécialisée dans la recherche sur le cancer. L’objectif du CIRC est de promouvoir la collaboration internationale dans le domaine de la recherche sur le cancer. Cette agence interdisciplinaire regroupe des compétences de diverses disciplines, y compris l’épidémiologie, les sciences de laboratoire et la biostatistique, et son but est de déterminer les causes du cancer afin de promouvoir l’adoption de mesures préventives et de réduire le fardeau du cancer. Un volet clé du CIRC est son programme de monographies, qui identifie les facteurs environnementaux susceptibles d’accroître le risque de cancer chez l’humain, dont les produits chimiques, les mélanges de plusieurs substances chimiques (p. ex., la fumée de tabac), les expositions professionnelles, les agents physiques et biologiques, et les facteurs liés au mode de vie. Ensuite, les organismes de santé de pays partout dans le monde se servent de cette information pour justifier scientifiquement les mesures qu’ils prennent pour prévenir l’exposition à des agents qui pourraient causer le cancer, qu’on appelle des agents cancérogènes. Le CIRC souligne que le volume de production mondial du glyphosate est actuellement le plus élevé de tous les herbicides, ce qui pourrait éventuellement créer une possibilité d’exposition humaine. Donnant suite à l’avis de son groupe consultatif international, le CIRC a évalué le glyphosate à sa réunion d’examen de monographies de mars 2015. Suivant son évaluation des données probantes scientifiques tirées des études sur des humains et des animaux de laboratoire, le CIRC a conclu que le glyphosate devait être classé dans le groupe 2a des agents probablement cancérogènes pour l’humain. Il faut garder à l’esprit que les évaluations du CIRC sont axées sur le danger, c’est-à-dire que l’évaluation du CIRC cherche à établir si une substance est susceptible de causer le cancer, sans nécessairement étudier si, dans des conditions réelles d’utilisation, la substance présente un risque réel de causer le cancer. Ce type d’évaluation contraste fortement avec les évaluations axées sur le risque que font les organismes de réglementation partout dans le monde, y compris l’ARLA, la USEPA et l’Autorité européenne de sécurité des aliments; ces évaluations examinent soigneusement les utilisations d’une substance et la possibilité que des humains y soient exposés pour déterminer si les utilisations typiques de la substance posent un risque de cancer accru. Au Canada, seuls les pesticides qui présentent une certitude raisonnable qu’il n’y aucun danger pour la santé humaine peuvent être homologués par l’ARLA. L’agence a déterminé que l’utilisation du glyphosate au Canada satisfait à la norme de « certitude raisonnable qu’il n’y aucun danger ».

Derniers développements

Le 16 mai 2016, une réunion conjointe spéciale de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture et de l’Organisation mondiale de la Santé des Nations Unies a eu lieu pour réévaluer le glyphosate et d’autres composés à la lumière de nouvelles études publiées depuis la dernière évaluation exhaustive. La conclusion de cette réunion est qu’il est peu probable que l’exposition au glyphosate par l’alimentation pose un risque carcinogène ou génotoxique pour les humains.

La distinction entre danger et risque est importante pour comprendre la différence dans ce qui semble être des conclusions contradictoires du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le CIRC prend en compte la possibilité qu’une substance cause des préjudices dans certaines circonstances, tandis que les organismes de réglementation comme l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) prennent en compte la probabilité (risque) que des effets néfastes soient observés à des niveaux d’exposition réalistes. Les organismes de réglementation partout dans le monde, y compris l’ARLA, l’EPA, l’OMS et l’EFSA, concluent systématiquement depuis des années que les utilisations approuvées du glyphosate conformément au mode d’emploi ne présentent pas de risque de cancer, ni d’autres risques, pour la santé humaine.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Références

Des règlements sont en vigueur pour faire en sorte que le glyphosate n’entre pas en contact direct avec l’eau. Tous les cours d’eau ont des zones tampons, et les permis sont assortis de contraintes météorologiques à respecter pour réduire le risque de dérive. Dans les bassins hydrographiques d’eau potable désignés, il est interdit de procéder à des applications aériennes de glyphosate à moins de 3,2 km en amont des prises d’eau. Dans certains bassins hydrographiques, l’eau potable est analysée avant et après l’application pour vérifier qu’il n’y a pas eu de contamination et que les règlements ont été respectés. Vu les taux d’application utilisés en foresterie, la majeure partie du glyphosate appliqué sur les terres se dépose sur la végétation ciblée. Le glyphosate qui se dépose au sol se lie rapidement à la matière organique et ne s’infiltre pas, de sorte que l’eau n’est pas affectée.

La réglementation fédérale et provinciale en matière de pesticides précise les mesures à prendre lors de l’application de pesticides pour minimiser la probabilité de dérive et d’exposition accidentelle. Les règlements peuvent aussi imposer la création de zones sans pesticides et de zones tampons pour réduire encore plus la probabilité de dérive non intentionnelle. Pour vérifier que ces zones sont respectées, des programmes de surveillance après le traitement sont exécutés pour évaluer l’efficacité des règlements. Donc, lorsque des pesticides sont appliqués conformément aux restrictions indiquées sur le mode d’emploi, la dérive de pulvérisation devrait être minimale ou même absente, et elle ne devrait pas poser de risque pour la santé humaine ou l’environnement.

Références

Santé Canada a déterminé que la consommation de baies (p. ex. : bleuets, framboises) pulvérisées lors d’applications en foresterie n’est pas préoccupante pour la santé humaine. Cette conclusion vaut aussi bien pour la consommation d’une grande quantité de baies en une seule fois que la consommation de portions plus petites sur une longue période.

Les règlements sur les pesticides sont toujours établis selon un principe de précaution; cela signifie que l’intention est toujours de minimiser autant que possible l’exposition humaine directe et accidentelle dans le contexte de l’utilisation envisagée du pesticide. L’herbicide glyphosate peut être utilisé sur de nombreux aliments pour lesquels on a établi des limites maximales de résidus (la quantité de résidus de pesticide légalement autorisée dans ou sur une culture vivrière).

À l’instar des principaux organismes de réglementation dans le monde, l’ARLA établit des doses de référence, qui définissent les concentrations de résidus de pesticide auxquelles une personne peut être exposée au cours d’une seule journée (exposition aiguë) ou durant toute sa vie (exposition chronique) sans éprouver d’effets nocifs importants sur sa santé. De manière générale, l’exposition alimentaire au glyphosate provenant de la consommation de nourriture et d’eau est acceptable si elle représente moins de 100 % de la dose de référence aiguë ou de la dose de référence chronique (dose journalière admissible ou DJA). L’ARLA a estimé l’exposition potentielle aiguë (à court terme) et chronique (à long terme ou toute la vie) au glyphosate par le régime alimentaire en se basant sur les résidus de glyphosate et les métabolites pertinents observés dans les cultures traitées et l’eau potable. L’exposition chez différentes sous-populations, y compris les enfants et les femmes en âge de procréer, a été prise en compte. L’estimation de l’exposition aiguë par le régime alimentaire (c’est-à-dire par consommation de nourriture et d’eau potable) au 95e centile représente 31 % de la dose aiguë de référence (DARf) pour les femmes de 13 à 49 ans et varie entre 12 et 45 % de la DARf pour tous les autres sous-groupes de la population. L’estimation de l’ARLA montre que la somme de l’exposition des sources alimentaires et de l’eau représente seulement un huitième à une moitié d’un niveau d’exposition sans effets nocifs attendus pour la santé. L’ARLA a aussi estimé que l’exposition chronique par le régime alimentaire pour la population générale représente 30 % de la dose journalière admissible (DJA). Les estimations de l’exposition chronique pour les sous-groupes de la population vont de 20 % de la DJA (pour les adultes de 50 ans ou plus) à 70 % de la DJA (pour les enfants de 1 ou 2 ans). L’ARLA a conclu que les risques aigus et chroniques par le régime alimentaire ne sont pas une préoccupation.

Comme les produits à base de glyphosate utilisés en foresterie sont également utilisés en milieu agricole, on peut penser que les études sur l’exposition au glyphosate par les aliments (fruits et légumes ayant fait l’objet d’un traitement direct au glyphosate) visent également l’exposition possible aux résidus accidentels sur les baies suivant une utilisation en foresterie. Par conséquent, l’exposition accidentelle possible provenant de la consommation de baies n’est pas une préoccupation.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. 

Références

Oui. Aussi bien les études en laboratoire que les études en forêt montrent que le glyphosate ne s’accumule pas dans les tissus des animaux qui vivent dans les zones traitées. Une étude sur les orignaux effectuée par la Nation Wolastoqey du Nouveau-Brunswick (WNNB) n’a pas détecté de glyphosate dans les échantillons de tissus examinés et a montré que la viande d’orignal n’est pas une source de glyphosate dans le régime alimentaires des humains.

Pour en savoir plus, allez à : Wolastoqey Nation in New Brunswick (WNNB) Moose and Traditional Food Quality Study

D'après les études de laboratoire, le glyphosate ne se bioaccumule pas dans les tissus et on sait qu'il est rapidement excrété dans l'urine et les fèces des animaux de laboratoire, même lorsqu'ils sont exposés à des niveaux de dose expérimentale très élevés (Williams et al. 2000). Newton et al. (1984) ont signalé que le contenu des viscères et du corps de mammifères herbivores, carnivores et omnivores était égal ou inférieur aux niveaux observés dans la couverture végétale et la litière et que les résidus étaient en grande partie associés aux viscères (vraisemblablement en grande partie dans le tube digestif) et que les autres parties du corps non viscérales contenaient des résidus inférieurs à 0,5 ppm dans tous les cas. Couture et al. (1995), résumant les résultats d'études menées au Québec, n'ont signalé aucun résidu de glyphosate détectable dans la viande ou le foie de lièvres, d'orignaux ou de cerfs (1 seul échantillon) prélevés pendant la saison de chasse (2 mois après le traitement), malgré des résidus mesurables dans le contenu de l'estomac, l'urine et les fèces de ces animaux. Un des 19 échantillons de reins prélevés sur des lièvres contenait un niveau mesurable (0,208 ppm) de glyphosate.

De même, Launtenschlager a rapporté les résultats d’une étude qui a examiné les résidus de glyphosate dans la chair d’orignal d’une région qui avait été traitée environ deux mois avant l’échantillonnage. Les auteurs de l’étude avaient détecté des résidus de glyphosate dans un seul échantillon sur les 31 analysés et supposé que ce résultat unique était probablement attribuable à la contamination.

Les produits à base de glyphosate utilisés en foresterie sont également très répandus dans les milieux agricoles, où des limites maximales internationales ont été établies pour le glyphosate sur ou dans un large éventail d’aliments d’origine végétale et d’origine animale. L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a donc déterminé que la possibilité d’une exposition accidentelle et peu fréquente découlant de la consommation de viande d’orignal n’est pas une préoccupation.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine.

Références

L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a effectué une évaluation approfondie du risque et du danger auxquels sont exposées les personnes qui manipulent du glyphosate (activités de mélange, de chargement et d’application). Elle a conclu que manipuler du glyphosate en prenant toutes les mesures de sécurité prévues n’est pas préoccupant pour la santé des personnes qui le font. Ces études englobent également des personnes qui travaillent en forêt après l’application de glyphosate.

L’ARLA a effectué une évaluation détaillée du risque et du danger auxquels les personnes qui mélangent, chargent et appliquent le glyphosate sont exposées dans le cadre de leur travail. L’ARLA a conclu que les risques pour les préposés à la manipulation ne sont pas préoccupants pour tous les scénarios. L’ARLA a souligné que, à la lumière de sa récente évaluation des précautions et des modes d’emploi figurant sur les étiquettes originales, les estimations de risque associées aux activités de mélange, de chargement et d’application n’étaient pas préoccupantes. L’ARLA s’est aussi penchée sur les risques professionnels après le traitement pour les travailleurs qui pourraient être exposés lorsqu’ils pénètrent dans les champs agricoles traités. L’ARLA a conclu que, à la lumière de son évaluation des profils d’utilisation dans des scénarios agricoles, les risques après le traitement pour les travailleurs qui retournent dans le champ traité ne sont pas préoccupants. L’ARLA peut établir des délais d’attente pour protéger les travailleurs qui doivent retourner dans les zones traitées. Les délais d’attente sont établis de façon à protéger les sous-groupes de la population les plus sensibles qui pourraient être exposés en y pénétrant; ce sont donc des mesures de précaution. L’ARLA a proposé un délai d’attente de 12 heures avant de permettre aux travailleurs de retourner sur un site agricole traité au glyphosate.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Les formulations de glyphosate, qui contiennent à la fois l’ingrédient actif et d’autres ingrédients comme des surfactants et des solvants, font l’objet d’évaluations par l’ARLA pour établir leur dangerosité et le risque qu’ils pourraient présenter pour la santé humaine dans des conditions réelles d’utilisation. L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) approuve uniquement les produits qui ne posent pas un risque déraisonnable de préjudices pour la santé humaine ou l’environnement.

De nombreuses formulations de pesticides comprennent divers solvants et agents émulsifiants qui servent à améliorer la performance de l’ingrédient actif. Au Canada, toutes les composantes de la formulation, y compris les ingrédients non actifs comme les agents émulsifiants et les solvants, sont assujetties à des évaluations du danger et du risque pour la santé et aux règlements établis par l’ARLA. Par ailleurs, le même seuil d’innocuité de l’ARLA (2015) de « certitude raisonnable qu’il n’y a aucun danger » s’applique aussi bien aux substances chimiques qu’à l’ingrédient actif de la formulation. Les substances chimiques et les solvants utilisés dans les formulations de pesticides ne sont pas propres à ces produits; en effet, on en trouve dans une vaste gamme de produits formulés pour les soins personnels et l’entretien ménager, dans lesquels ils ont une fonction similaire.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine.

Il existe quelques rapports d’étude dans lesquels les auteurs ont avancé que l’exposition au glyphosate pourrait mener à une incidence accrue d’autisme. Ces constatations sont fondées sur des études en éprouvette, ce qui rend obscures leur pertinence et leur capacité de prédire des effets potentiels nocifs sur la santé des humains. De plus, l’Union européenne a considéré ces études, comme de nombreuses autres qui se penchent sur divers paramètres toxicologiques, dans un examen récent qu’elle a effectué sur l’innocuité du glyphosate et n’a pas jugé ces études pertinentes pour l’évaluation de l’innocuité du glyphosate.

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L'Environnement et la faune
  

Les chevreuils sont bien adaptés pour chercher les sources de nourriture les plus nutritives possible. Ce n’est pas qu’ils tentent de s’échapper des zones traitées; c’est plutôt qu’ils trouvent la nourriture la plus nutritive et la plus facilement accessible – les graminées, les arbustes, les arbres et toute autre végétation disponible dans les régions agricoles ou les banlieues.

Le chevreuil a toujours recherché la nourriture la plus nutritive dans son domaine vital. Lorsqu’il se trouve à proximité d’humains, il se nourrit souvent dans les champs agricoles ou autour, champs qui ont été enrichis par les engrais, la plantation d’espèces riches en éléments nutritifs et la gestion de la végétation (dont le labourage, le disquage et l’application d’herbicides). Dans les banlieues, où le chevreuil n’est plus chassé de façon agressive, les populations locales ont augmenté, et les chevreuils recherchent de la nourriture riche en éléments nutritifs, comme les légumes plantés et enrichis d’engrais, les fruits, les graminées, les arbustes et les arbres qu’on retrouve sur les terrains résidentiels. La nourriture qui est fournie par les banlieusards, et non la pulvérisation de solutions contenant du glyphosate, est la principale raison pour laquelle les chevreuils ont commencé à utiliser ces zones de façon importante. Il y a lieu de souligner que l’alimentation artificielle de tout animal sauvage, y compris le chevreuil, est considérée comme une pratique très risquée et non appropriée, car les animaux deviennent dépendants de cette source de nourriture, sont attirés hors de leur habitat naturel et sont moins capables de trouver de la nourriture dans la nature.

Dans les utilisations typiques par le secteur forestier, le risque pour la plupart des organismes aquatiques, y compris les plantes aquatiques, est fortement atténué par les zones tampons protectrices qui sont conçues de façon à minimiser les niveaux d’exposition potentiels dans ces compartiments environnementaux sensibles. Les analyses de risque montrent que les plantes aquatiques et les algues sont relativement plus sensibles aux herbicides contenant du glyphosate que les animaux aquatiques. Parmi les animaux aquatiques, les poissons et les larves d’amphibiens (têtards) sont particulièrement sensibles aux produits contenant du POEA (un surfactant utilisé dans certains herbicides à base de glyphosate). Le potentiel de risque est le plus élevé pour les amphibiens des petits milieux humides peu profonds. Toutefois, plusieurs études sur le terrain qui examinent les effets du glyphosate et du POEA ne montrent aucun effet important sur les amphibiens à des niveaux d’exposition et dans des conditions ambiantes réalistes.

Certaines espèces d’algues et de plantes aquatiques sont aussi très sensibles aux herbicides à base de glyphosate. Les petits milieux humides peu profonds qui ne sont pas cartographiés ou facilement visibles des airs présentent un cas particulier où le risque potentiel est plus élevé, surtout pour les amphibiens qui fréquentent ces habitats. Bien que des études en laboratoire démontrent clairement que les poissons et les larves d’amphibiens (p. ex., les têtards) sont plutôt sensibles aux formulations de glyphosate contenant un surfactant POEA, plusieurs études sur le terrain ne montrent aucun effet important dans des scénarios d’exposition réalistes. Les résultats des études sur le terrain appuient les conclusions présentées par plusieurs examens indépendants, à savoir que les herbicides à base de glyphosate ne posent pas de risque important pour les organismes aquatiques lorsqu’ils sont utilisés conformément à l’étiquette du produit et selon des scénarios typiques en gestion de la végétation forestière au Canada.

Un nombre considérable d’études ont porté sur les effets potentiels des herbicides à base de glyphosate sur les organismes aquatiques, dont le zooplancton, les poissons et les amphibiens, et ces études ont été examinées par plusieurs auteurs (Giesy et al 2000, Solomon et Thompson 2003, Durkin et coll. 2003; Tatum 2004), qui ont tous conclu qu’il est peu probable qu’il y ait des effets toxiques aigus sur les organismes aquatiques. On sait que les poissons et les larves d’amphibiens (têtards) sont très sensibles aux formulations d’herbicides à base de glyphosate, en particulier celles qui contiennent le surfactant POEA, lorsqu’ils y sont exposés en laboratoire (p. ex., Folmar et coll. 1979; Wan et coll. 1989; Howe et coll. 2004; Edginton et coll. 2004). Dans le cadre d’une enquête à l’échelle des bassins versants sur les effets d’un herbicide à base de glyphosate appliqué sur une forêt côtière dans l’ouest du Canada (Holtby and Bailey 1989), on a observé des effets de stress temporaires et un faible taux de mortalité (2,6 %) sur les alevins de saumon coho maintenus en cage dans un affluent pulvérisé dans un but expérimental et le ruisseau principal sous la zone pulvérisée. On n’a toutefois pas observé de mortalité aiguë ni de changements dans la mortalité hivernale, le rythme de croissance ou la probabilité que les alevins résidents utilisent l’affluent. De même, plusieurs études subséquentes confirment la sensibilité générale des larves d’amphibiens exposées à ces produits herbicides dans des essais en laboratoire ou en mésocosme (p. ex., Chen et coll. 2004; Relyea et coll. 2005; Williams et Semlitsch 2009). Les concentrations les plus faibles relevées donnant lieu à une toxicité chez 50 % des larves d’amphibiens après une exposition de 96 heures dans de telles conditions se situaient autour de 0,8 mg EA/L (Edginton 2004, Relyea et Jones 2009). Par coïncidence, on considère également que cette valeur de 0,8 mg EA/L est le seuil en deçà duquel tous les organismes aquatiques seraient protégés, peu importe la période de l’exposition (CCME 2012). La sensibilité démontrée des larves d’amphibiens et la possibilité de pulvérisation hors cible directe ou de dérive dans de petits milieux humides éphémères soulèvent des questions légitimes quant au risque potentiel pour les amphibiens lors d’utilisations typiques en foresterie (Thompson et coll. 2004; Govindarajulu 2008). Pour explorer cette question directement, un vaste programme hiérarchique de recherche a été mené, y compris des essais de toxicité en laboratoire standards, des études en laboratoire en mésocosme, des études en mésocosme in situ dans des milieux humides naturels et une surveillance opérationnelle. Selon des études de surveillance opérationnelle sur des programmes de pulvérisation aérienne typiques en Ontario (Thompson et coll. 2004), la concentration maximale attendue dans ces milieux humides serait de moins de 0,55 mg/L (ppm) 99 fois sur 100 (c.-à-d. sous le seuil en deçà duquel la concentration n’a pas d’effets aigus importants). Aucune différence significative n’a été observée entre les taux de mortalité de deux espèces d’amphibiens différentes qui avaient subi des expositions diverses dans des milieux humides qui pouvaient être adjacents, directement pulvérisés ou protégés par des zones tampons. Plusieurs autres études sur le terrain n’ont confirmé aucun effet aigu des formulations d’herbicides à base de glyphosate sur la survie, la croissance ou même le développement des larves d’amphibiens à des niveaux qui sont considérés comme le pire des scénarios dans les petits milieux humides (Wojtaszek et coll. 2004; Edge et coll. 2014; Edge et coll. 2012). De même, des études in situ faites en enclos dans des milieux humides naturalisés n’ont montré aucun effet important sur les jeunes grenouilles directement exposées à une formulation d’herbicide à base de glyphosate, même après une exposition directe aux taux maximums indiqués sur l’étiquette du produit (Edge et coll. 2011; Edge et coll. 2013). Les différences entre les résultats obtenus en laboratoire et sur le terrain s’expliquent généralement par la sorption avec les sédiments et le processus de dégradation qui sont actifs dans les écosystèmes humides peu profonds naturels, ce qui limite l’ampleur et la durée de l’exposition au glyphosate et au surfactant POEA (Wojtasek et coll. 2004; Edge et coll. 2012; Wang et coll. 2005; Rodriguez Gil 2015, communication personnelle), comparativement aux études en laboratoire, où ces facteurs ne sont pas inclus ou sont minimisés dans les protocoles d’essai normalisés. Dans l’ensemble, les résultats de ces études sur le terrain confirment que l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate conformément au mode d’emploi du produit et selon les utilisations typiques en gestion de la végétation forestière au Canada ne pose pas de risque important pour les amphibiens ou d’autres organismes aquatiques.

Références

La quantité de végétation ligneuse que les chevreuils aiment brouter diminue sur les sites traités aux herbicides comme le glyphosate. Cependant, les chevreuils et les orignaux s’adaptent très bien et savent trouver les sources de nourriture les plus nutritives possible. Une étude à grande échelle est en cours pour mieux comprendre comment le chevreuil utilise la forêt, dans quelle mesure la forêt soutient le chevreuil durant les mois d’été et d’hiver, et les effets du glyphosate sur les ressources alimentaires du chevreuil.

Aussi bien les chevreuils que les orignaux consomment de grandes quantités de nourriture non ligneuse durant la saison de croissance, y compris du feuillage, des pousses et des brindilles d’arbres et d’arbustes à feuilles caduques (p. ex., érable, cerisier de Pennsylvanie, bouleau, cornouiller). Ces sources de nourriture constituent ce qu’on appelle souvent la « végétation ligneuse à brouter ». Ces mêmes espèces sont souvent la cible des traitements de dégagement des conifères, et leur biomasse est souvent réduite de 50 à 70 % par les traitements efficaces de dégagement de conifères. Cependant, les espèces herbacées contribuent de façon importante à la diète des chevreuils et sont mangées par les orignaux, et il est courant de voir ces plantes rester ou repousser rapidement dans les zones traitées. Les orignaux, qui préfèrent la végétation ligneuse, réduisent leur utilisation des zones traitées pendant cinq à sept ans après le traitement. Mais cela est important seulement à court terme et seulement si le paysage est dominé par de jeunes peuplements dégagés. Lorsque le paysage n’est pas dominé par de jeunes peuplements dégagés, ces animaux trouvent et utilisent tout simplement un meilleur habitat ailleurs sur leur territoire.

Les grands mammifères se déplacent sur de vastes étendues de paysages forestiers, et donc les effets potentiels doivent être envisagés en rapport avec la mosaïque dynamique des conditions forestières qui existent dans ce paysage (Lautenschlager et Sullivan 2002). Sur une base annuelle, partant de la moyenne nationale, moins d’un tiers des zones récoltées sont traitées aux herbicides à base de glyphosate. Il ne fait aucun doute que l’abondance des espèces ligneuses à feuilles caduques propices au broutage subira au moins une réduction temporaire dans les zones traitées. Mais, comme bon nombre de ces espèces végétales se régénèrent à partir de semences dans la banque de semences du sol, l’effet sur la réduction de la végétation propice au broutage, même sur les sites traités, sera passager, comme le démontrent les études mentionnées. De plus, généralement, des quantités copieuses de végétation propice au broutage poussent sur les deux tiers de terres récoltées qui ne sont pas traitées aux herbicides.

Une préoccupation particulière est que la végétation que broutent les chevreuils soit réduite durant l’hiver si le territoire où ils se nourrissent est limité par la profondeur de la neige. La possibilité que de tels effets se produisent dépend à la fois de la proportion des lieux d’alimentation à proximité des ravages de chevreuils qui est traitée avec des herbicides à base de glyphosate et de la réduction réelle des espèces hivernales que les chevreuils ont l’habitude de brouter l’hiver dans ces zones. Au Nouveau-Brunswick par exemple, dans l’ensemble du paysage, on laisse une bonne partie (l’estimation moyenne à long terme sur les terres de la Couronne est de 66 %) de la zone déboisée se régénérer sans l’aide d’un traitement au glyphosate. En supposant que cela soit également vrai dans les zones déboisées à proximité des ravages de chevreuils, on pourrait penser que 66 % du terrain ouvert sur lequel les chevreuils pourraient brouter en hiver ne sera pas touché par le traitement herbicide à base de glyphosate. Les effets potentiels seraient encore plus réduits puisque :

  • La gestion de l’habitat des chevreuils sur les terres de la Couronne du Nouveau-Brunswick est axée sur l’identification de leurs aires d’hivernage, aussi appelées ravages, et le maintien d’un habitat hivernal propice dans ces régions. Des restrictions s’appliquent notamment sur la récole, qui doit être partielle et limitée à une seule coupe. Dans de tels régimes de récolte, on n’utilise pas de traitements herbicides, et donc les aires d’hivernage ne subissent aucun traitement herbicide.
  • Quand les conditions hivernales deviennent plus rudes et que la couche de neige est plus abondante, les chevreuils ont tendance à rester plus près des peuplements de conifères matures ou de peuplements mixtes dominés par les conifères, qui interceptent la neige et facilitent donc les déplacements localisés (Morrison et coll. 2003; Sabine et coll. 2001). Alors qu’on sait que les chevreuils broutent une grande variété d’espèces en hiver (Morrison et coll. 2002), en particulier l’érable rouge et l’érable de Pennsylvanie, si les déplacements sont restreints, le cèdre et le sapin baumier deviennent d’importantes sources de nourriture (Morrison et coll. 2002; Telfer 1972; Mautz et coll. 1976; Gray et Servello 1975; Ditchkoff et Servello 1998), et les traitements herbicides à base de glyphosate n’ont aucune incidence sur l’une ou l’autre de ces essences (p. ex., Gagné et coll. 1999).

Comme le font remarquer Morrison et coll. (2002), en identifiant les espèces broutées par les chevreuils et en comprenant leurs associations avec les types de peuplements, les aménagistes forestiers sont mieux en mesure de satisfaire au double objectif d’assurer une couverture suffisante dominée par les conifères et un approvisionnement adéquat d’espèces à brouter pour soutenir les chevreuils tout au long de l’hiver. Dans un tel contexte, même s’il est très peu probable que l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate soit un facteur important dans la disponibilité des espèces hivernales broutées par les chevreuils, une analyse géographique détaillée de la proportion de lieux d’alimentation des chevreuils qui reçoivent des traitements herbicides à base de glyphosate fournirait de l’information utile pour améliorer notre compréhension de cet aspect en particulier. Une évaluation plus large de la viabilité des populations de chevreuils doit prendre en considération un certain nombre d’autres facteurs pouvant avoir une influence, par exemple la prédation naturelle (p. ex., coyotes, ours et loups), la prédation facilitée par l’utilisation de chemins et de sentiers par les prédateurs, la chasse et le braconnage, la maladie et les effets délétères de l’alimentation artificielle.

Références

En raison de sa structure chimique, le glyphosate se lie rapidement aux particules du sol, et Il est très peu probable qu’il atteigne les eaux de surface ou qu’il s’infiltre dans les eaux souterraines.

Bien que le glyphosate soit assez hydrosoluble, la molécule transporte aussi une charge positive et négative qui explique sa très forte affinité de liaison à la matière organique et aux particules d’argile du sol. En raison de ses propriétés fortement liantes, le glyphosate présente une très faible possibilité de lessivage dans le sol et les eaux souterraines. Contrairement aux utilisations en agriculture, les herbicides à base de glyphosate employés en gestion de la végétation forestière sont appliqués sur des terrains qui possèdent une couverture végétale concurrente et une couche de feuilles mortes abondante. Donc, la majeure partie du nuage de pulvérisation qui se dépose est interceptée par le couvert forestier concurrent ciblé ou adsorbé dans la couverture de feuilles mortes, ce qui minimise la quantité de substance chimique qui peut réalistement atteindre la couche de terre. Plusieurs études menées dans des forêts du Canada et dans le nord-est des États-Unis montrent que le glyphosate et l’AMPA sont fortement sorbés et généralement retenus dans les 15 cm supérieurs de sol, et donc il est peu probable qu’ils pénètrent dans la surface ou les eaux souterraines. Dans les situations où la pluie est suffisamment abondante, les résidus liés aux particules du sol peuvent migrer vers les eaux de surface, mais il est peu probable que ces résidus soient encore biodisponibles, vu leur forte affinité de liaison avec les éléments constituants de la matière organique et de l’argile.

Dans les sols forestiers, on détecte rarement du glyphosate sous les 15 cm supérieurs (Thompson et coll. 2000; Roy et coll. 1989; Feng et coll. 1990; Legris et coll. 1988; Newton et coll. 1984; Newton et coll. 1994), ce qui suppose qu’il est très improbable que le glyphosate s’infiltre dans le sol forestier pour atteindre les eaux souterraines. Vu les utilisations typiques en foresterie, le risque de contamination des eaux souterraines par des herbicides à base de glyphosate est bien moindre qu’en agriculture, si l’on considère le faible pourcentage du territoire forestier qui est traité, le fait qu’il y a généralement une seule application par terrain au cours d’une période de 40 à 80 ans, que les zones traitées sont généralement situées très loin des sources d’eau potable et que de vastes zones tampons protègent ces sources, le cas échéant. Même dans le secteur agricole où les herbicides à base de glyphosate sont utilisés abondamment, on n’observe généralement que des concentrations très faibles de glyphosate, et ces concentrations se produisent très peu souvent. Vereecken (2005) a fait rapport sur plusieurs études effectuées dans le secteur agricole en Europe, et ces études montraient aussi des résidus en faibles concentrations de façon peu fréquente dans les eaux souterraines, et rien qui ne dépasse les normes en matière d’eau potable au Danemark, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Norvège. Dans un autre exemple, Battaglin et coll. (2014) ont récemment affirmé que, sur les 1 171 échantillons d’eau souterraine analysés prélevés dans 807 lieux différents, on a détecté du glyphosate dans seulement 5,8 % et de l’AMPA, dans 14,3 % de tous les échantillons d’eau souterraine. Les concentrations maximales des deux composés trouvés dans les eaux souterraines étaient de 2,03 et de 4,88 ppb respectivement, ce qui est grandement inférieur à la concentration maximale acceptable de 280 ppb établie par Santé Canada pour protéger la vie humaine, en supposant une consommation quotidienne de 1,5 l d’eau potable durant la vie (70 ans) (Santé Canada 2014). De même, une étude pluriannuelle sur les résidus de pesticide dans quatre rivières d’une région agricole du sud du Québec a mesuré des concentrations maximales de glyphosate allant de 3,3 à 29,0 ppb (Giroux et Pelletier 2012). Le second chiffre représente la concentration la plus élevée de glyphosate observée dans des eaux de surface pouvant être considérées comme des sources d’eau potable. L’ARLA (2015) a conclu que les risques alimentaires ne sont pas préoccupants en ce qui concerne la toxicité aiguë ou chronique pour les humains en général ou pour des sous-populations comme les enfants ou les femmes en âge de procréer.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. 

Références

Les études montrent que les herbicides, dont le glyphosate, qui sont utilisés conformément au mode d’emploi ne posent pas de risque toxicologique important pour les mammifères ou les oiseaux.

L’application d’herbicides à base de glyphosate pour gérer la végétation forestière n’est pas considérée comme une intervention qui pose un risque important de toxicité directe pour les petits mammifères ou les oiseaux. Des effets indirects découlant de l’altération de l’habitat végétal ou de la disponibilité de la nourriture se produisent, effectivement, mais il s’agit d’effets passagers et ces effets dépendent des préférences de chaque espèce. De façon générale, les espèces qui préfèrent des habitats plus ouverts sont temporairement favorisées par rapport à celles qui préfèrent une couverture broussailleuse à feuilles caduques. Dans l’ensemble, les études révèlent que la richesse spécifique et la diversité des oiseaux chanteurs ou des petits mammifères après l’altération d’un habitat due au glyphosate demeurent dans la fourchette des variations naturelles. Il est important de remarquer que seule une petite partie de la totalité des forêts aménagées est traitée dans une année donnée et que les plans d’aménagement forestier visent expressément à favoriser avec le temps une mosaïque dynamique de peuplements dans le paysage. Ces deux facteurs atténuent la possibilité d’effets répandus au niveau de la population dans ces groupes fauniques.

De nombreux examens scientifiques et réglementaires examinent les effets directs potentiels du glyphosate sur une grande variété d’espèces fauniques, y compris les oiseaux et les petits mammifères. Ces examens concluent systématiquement que l’utilisation des produits à base de glyphosate conformément au mode d’emploi ne présente pas de risque important de toxicité directe aiguë ou chronique pour les espèces fauniques terrestres (ARLA 2015; USEPA 1993; Durkin 2003; Giesy et coll. 2000; Tatum 2004; Couture et coll. 1995; Thompson 2011). L’évaluation des risques détaillée effectuée par Durkin en 2003 a calculé le risque pour les petits mammifères et les oiseaux en comparant l’exposition estimée avec les niveaux sans effet observé chez des animaux de laboratoire. En résumé, l’auteur conclut que, comme l’évaluation de 1993 de la USEPA, aucun des quotients de danger dans les scénarios d’exposition aiguë ou chronique n’atteint un degré préoccupant, même pour les taux d’exposition les plus élevés.

Donc, alors que la possibilité d’effets toxiques directs sur ces groupes fauniques n’est pas une préoccupation, les effets indirects potentiels découlant des changements dans l’habitat doivent aussi être pris en considération. De nombreuses études se sont penchées sur cet aspect et, comme le font remarquer Guynn et coll. (2004), la réaction de la faune à l’altération de l’habitat due aux herbicides peut être très variable, certaines études ne concluant à aucun effet, d’autres à des effets négatifs à court terme, et d’autres encore à des effets positifs pour certaines espèces ou communautés. Les réactions spécifiques des espèces reflètent leurs préférences individuelles en matière d’habitat. De façon générale, les espèces qui préfèrent des habitats plus ouverts sont temporairement favorisées par rapport à celles qui préfèrent une couverture broussailleuse à feuilles caduques. Selon un examen fait par Sullivan et Sullivan (2003) de 60 études publiées différentes, la conclusion est qu’il n’y a que très peu ou pas du tout de réduction observée dans la richesse spécifique et la diversité des oiseaux chanteurs ou des petits mammifères découlant de l’altération de l’habitat provoquée par le glyphosate. Lautenschlager (1993), résumant 14 études menées dans des forêts de conifères du Nord, avait conclu qu’il était rare que les populations totales d’oiseaux chanteurs diminuent durant la saison de croissance après un traitement, et il a aussi fait une observation intéressante, à savoir que seules les études dans lesquelles on a utilisé des pièges à tuer ou à attraper montrent une réduction de la densité des petits mammifères. Gagné et coll. (1999) n’ont signalé aucun effet important sur la richesse spécifique des petits mammifères suivant un traitement herbicide dans des forêts de sapins baumiers du Québec, mais ils ont observé une réduction dans l’abondance de campagnols à dos roux durant les deux années qui ont suivi le traitement herbicide à base de glyphosate. Cet effet négatif était associé à une couverture réduite, et les auteurs ont conclu qu’à court terme, les plantations traitées aux herbicides deviennent des habitats moins propices au campagnol à dos roux que les plantations dégagées à la débroussailleuse, constatant que la différence était probablement attribuable au rétablissement rapide de la végétation par repousse dans les zones dégagées à la débroussailleuse, et peut-être aussi au fait que les résidus de coupe fournissent une couverture. Woodcock et coll. (1997) ont évalué les effets sur les densités d’oiseaux chanteurs, celles-ci étant déterminées par la cartographie du territoire, la capture à l’aide de filets japonais et le baguage, et ils ont observé l’activité de reproduction de 20 à 38 espèces dans diverses parcelles traitées. Les évaluations de la première année après le traitement ont révélé que les densités moyennes des 11 espèces les plus courantes avaient augmenté de 0,35/ha dans les parcelles témoins. En revanche, les densités sur les parcelles traitées avaient baissé de 1,1/ha (débroussailleuse), de 1,6/ha (Silvana Selective), de 0,14/ha (Release) et de 0,72/ha (Vision). Il vaut la peine de souligner ici qu’essentiellement, toute technique de gestion de la végétation qui est efficace aura comme effet de modifier l’habitat jusqu’à un certain degré. Dans au moins une étude, les traitements herbicides avaient eu relativement moins de répercussions sur les densités d’oiseaux chanteurs que les traitements mécaniques. La réaction aux changements dans l’habitat varie selon l’espèce; certaines espèces sont favorisées, alors que d’autres migrent, au moins pendant une certaine période, selon leurs préférences individuelles et la dynamique temporelle des changements dans la végétation après le traitement. Un exemple de réaction qui diverge selon l’espèce est fourni dans l’étude de MacKinnon et Freedman (1993), qui ont également démontré la dynamique naturelle de la réaction de l’avifaune à la dynamique de la végétation dans des conditions de succession naturelle sur les zones de coupe à blanc des forêts.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine.

Références

Oui. C’est comme la lutte aux mauvaises dans votre jardin. Le but des herbicides est de réduire la quantité d’espèces végétales concurrentes dans le boisé. Les traitements aux herbicides ne sont que l’un des nombreux outils dont disposent les aménagistes forestiers pour favoriser la croissance des conifères (résineux) au début de leur développement. Cependant, comme les communautés végétales repoussent rapidement, les résineux n’ont qu’un répit de courte durée pour s’implanter. On observe une incidence temporaire sur la diversité végétale dans les peuplements plantés, mais l’utilisation d’herbicides, dont le glyphosate, n’a pas d’incidence sur la diversité à l’échelle du paysage forestier. Seulement 1 % des forêts du Nouveau-Brunswick sont récoltées chaque année et seulement un tiers des régions récoltées sont reboisées, ce qui donne une superficie représentant 0,3 % des forêts du Nouveau-Brunswick qui est reboisée et traitée aux herbicides chaque année.

Pour répondre à cette question, il est important de faire la distinction entre la diversité, la richesse spécifique et l’abondance des plantes au sein d’une communauté. La richesse spécifique désigne simplement le nombre d’espèces différentes dans une communauté donnée, tandis que la diversité mesure à la fois des aspects relatifs à la richesse spécifique et à la régularité (c.-à-d. le degré d’uniformité dans l’abondance des différentes espèces). Les herbicides à base de glyphosate servent surtout à améliorer la régénération des conifères sur des terrains récemment récoltés. Dans cet objectif, une application efficace de ce genre de produit aura comme effet de réduire temporairement l’abondance, la couverture et la vigueur des espèces végétales concurrentes (p. ex., espèces ligneuses à feuilles caduques, arbustes) de façon à favoriser la croissance des jeunes pousses de conifères. Comme le glyphosate se lie fortement au sol et n’est pas tellement absorbé par les racines des plantes, les espèces végétales qui se régénèrent à partir de semences vont rapidement se rétablir sur les terrains traités. On peut voir la manipulation de la dynamique de la communauté végétale dans le but de donner un avantage temporaire aux conifères comme un moyen de raccourcir la première phase d’un processus de succession naturel et d’assurer le remplacement des peuplements dominés par les conifères dans le paysage. Bien que l’abondance et la vigueur des concurrents ciblés soient temporairement réduites, de façon générale, les traitements aux herbicides à base de glyphosate ne donnent pas lieu à une réduction importante dans la richesse en plantes vasculaires sur le terrain traité et ne produisent pas des monocultures de plantes.

Dans le cadre d’un examen plus vaste des effets des herbicides à base de glyphosate sur la diversité des plantes et des animaux, Sullivan et Sullivan (2003) ont signalé que 10 des 12 études montraient que la richesse spécifique et la diversité des plantes vasculaires n’étaient pas touchées ou avaient augmenté après les traitements de glyphosate, surtout les espèces herbacées. Dans les deux autres études, Sullivan et coll. (1988) ont observé une diminution de la richesse spécifique d’arbustes au cours des cinq premières années suivant le traitement, et Santillo et coll. (1989) ont observé une richesse spécifique d’arbustes et d’herbes non graminéennes moins grande dans les zones traitées comparativement aux zones non traitées. L’objectif sylvicole des traitements herbicides est de réduire temporairement la concurrence des feuillus ligneux, des arbustes et d’autres plantes de façon à favoriser la régénération des essences du peuplement final (généralement des conifères). Essentiellement, le traitement herbicide donne aux conifères une longueur d’avance dans le processus de succession pour favoriser un peuplement dominé par les conifères afin de remplacer les conifères qui ont été récoltés. En raison surtout de la non-persistance du glyphosate et de son absence d’activité dans le sol, les effets sur la communauté végétale sont de courte durée. Les traitements herbicides à base de glyphosate sont très efficaces pour réduire temporairement l’abondance et la vigueur des espèces végétales concurrentes ciblées (espèces ligneuses à feuilles caduques dominantes, arbustes et espèces herbacées), mais ils ne génèrent pas de monocultures de plantes en couche unique ni ne réduisent la richesse spécifique globale (Freedman et coll. 1994; Gagné et coll. 1999; Bell et Newmaster 2002; Newmaster et Bell 2002). Les résultats de l’étude de Bell et Newmaster (2002) peuvent être considérés comme typiques; en effet, l’étude a montré que les herbicides avaient un effet initial relativement plus grand sur la composition de la communauté végétale comparativement à deux traitements mécaniques différents de contrôle de la végétation, mais que les couches ligneuses, herbacées et graminées montraient une grande résilience face à tous les traitements et revenaient au même niveau qu’avant le traitement dans un délai de cinq ans. Des effets relativement plus importants ont été observés sur les fougères, les mousses et les lichens, mais même ces groupes d’espèces ont récupéré durant la période de cinq ans (Newmaster et Bell 2002).

Références

Plusieurs examens scientifiques et analyses de risques publiés concluent que l’utilisation des herbicides à base de glyphosate pose un risque minimal pour les microorganismes du sol, les lombrics et les invertébrés. Des études menées dans les forêts canadiennes montrent également des effets limités ou nuls sur les organismes du sol dans des essais à des niveaux d’exposition et dans des conditions ambiantes réalistes.

Lors d’une application typique d’herbicides à base de glyphosate dans un but de gestion de la végétation forestière, les organismes du sol subissent une exposition minimale au glyphosate ou à ses résidus du simple fait que la majeure partie du nuage de pulvérisation est interceptée par la végétation concurrente ciblée. La majorité des études effectuées à des niveaux d’exposition et dans des conditions ambiantes réalistes ne relèvent aucun effet important sur les microorganismes du sol ou sur leurs fonctions écologiques comme les transformations de l’azote. De même, des études sur le terrain qui se rapportent aux écosystèmes forestiers canadiens ne montrent généralement pas d’effets importants des herbicides à base de glyphosate sur les microorganismes ou les macroorganismes du sol comme les lombrics, les coléoptères carabidés ou les escargots et limaces.

Sullivan et Sullivan (2003) ont résumé 15 études différentes portant sur les effets potentiels des herbicides à base de glyphosate sur les invertébrés terrestres et constaté que les réactions sont variables et dictées principalement par les changements dans la structure végétale. Ratcliff et coll. (2006) ont examiné les effets d’une formulation d’herbicide à base de glyphosate appliquée au taux recommandé sur des sols forestiers de loam argileux et de loam sableux. Les auteurs ne rapportent aucun changement majeur dans la structure de la communauté microbienne, peu importe la méthode d’évaluation utilisée. Un traitement appliqué à des taux beaucoup plus élevés (100 x) pour simuler un déversement de produit non dilué a donné lieu à une stimulation de courte durée des bactéries et à un changement minimal au niveau des champignons. Preston et Trofymow (1987) ne signalent aucun effet important du glyphosate sur la faune ou sur la microflore du sol ni sur plusieurs paramètres des transformations de l’azote induites par les microbes du sol dans des études en laboratoire et sur le terrain faites en Colombie-Britannique. Fletcher et Freedman (1986) ont effectué des études en laboratoire avec deux couvertures de feuilles mortes et un sol forestier et constaté que le seuil des effets du glyphosate sur la décomposition des couvertures de feuilles mortes était 50 fois plus élevé que les concentrations de résidus présentes sur le terrain après des traitements sylvicoles aux herbicides. Duchesne et coll. (1999) ont indiqué que les traitements herbicides, y compris le glyphosate (Vision), n’avaient pas modifié la quantité totale de coléoptères carabidés attrapés dans des pièges à fosse un an après le traitement et que la richesse spécifique et la diversité des carabidés étaient équivalentes ou légèrement supérieures à celles observées dans des parcelles témoins non traitées ou dans des sites ayant fait l’objet de traitements mécaniques. Dans le cadre de cette étude plus vaste, Houston et coll. (1998) ont constaté que les traitements de dégagement des conifères au moyen de l’herbicide à base de glyphosate Vision n’avaient pas d’effets importants sur la respiration basale, le carbone de la biomasse microbienne, les quotients métaboliques ou le cycle de l’azote tant dans un sol organique que dans un sol minéral. Ils ont constaté que la richesse en espèces fongiques et la structure de la communauté des parcelles témoins (77 espèces) et des parcelles traitées au Vision (81 espèces) étaient similaires. Cependant, seulement 40 espèces fongiques étaient communes aux deux types de parcelles, et l’exploitation forestière avait augmenté la richesse spécifique et la diversité de la communauté de champignons aussi bien dans les sols organiques près de la surface que dans les sols minéraux plus profonds. Dans cette étude, Hawkins et coll. (1997) ont examiné les effets sur les gastéropodes terrestres et rapporté que, durant la première saison de croissance après le dégagement, ni les densités actives en surface ni la richesse spécifique des gastéropodes n’avaient été modifiées par les différentes techniques de gestion de la végétation testées, y compris l’application aérienne d’un herbicide à base de glyphosate. Dans des études de suivi, Prezio et coll. (1999) ont observé que les densités de gastéropodes actifs en surface étaient de 50 à 60 % inférieures aux densités des parcelles témoins dans tous les terrains ayant reçu des traitements de gestion de la végétation, que ce soit par traitement herbicide, débroussaillement manuel ou coupe mécanique, de deux à trois ans après le traitement; on a également noté une tendance vers un rétablissement apparent du site durant la troisième année. Les effets ont été attribués à une diminution des dépôts de feuilles mortes et à une altération du microclimat au sol dans les zones traitées.

Busse (2001) a constaté que la respiration microbienne demeurait inchangée aux concentrations attendues sur le terrain et que l’application répétée à long terme de glyphosate avait un effet minimal sur l’activité microbienne saisonnière. D’autres études montrent également que les traitements herbicides au glyphosate ne réduisent pas les populations microbiennes du sol ou n’entravent pas de fonctions microbiennes clés de façon importante (p. ex., Haney et coll. 2000; Hart et Brookes 1996; Wardle et Parkinson 1990). Estok et coll. (1989) ont examiné les effets du glyphosate sur des champignons ectomycorhiziens et constaté que deux des trois espèces présentaient une réduction importante de la croissance uniquement à des concentrations supérieures à 100 ppm, tandis que la troisième présentait des effets importants à une concentration de 1 ppm. Les auteurs font remarquer que les essais réalisés sur des champignons cultivés dans un milieu gélosé prédisposent les champignons à une toxicité aux herbicides. Dalby et coll. (1995) n’ont rapporté aucun effet du glyphosate sur la survie et l’état des quatre espèces de lombrics exposées aux taux « recommandés », bien que ces taux ne soient pas précisés. De même, Edwards et Bholen (1992) ont constaté que des expositions au glyphosate dans le sol allant 1 à 100 ppm n’avaient pas d’effets toxiques sur les lombrics. Les évaluations de risques (ARLA 2015; Durkin 2003; Giesy et coll. 2000) concluent que les utilisations typiques du glyphosate ne posent pas de risque aigu ou chronique pour les lombrics et autres organismes du sol.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. 

Références

Plusieurs examens scientifiques et analyses de risques publiés concluent que l’utilisation des herbicides à base de glyphosate pose un risque minimal pour les microorganismes du sol, les lombrics et les invertébrés. Des études menées dans les forêts canadiennes montrent également des effets limités ou nuls sur les organismes du sol dans des essais à des niveaux d’exposition et dans des conditions ambiantes réalistes.

Lors d’une application typique d’herbicides à base de glyphosate dans un but de gestion de la végétation forestière, les organismes du sol subissent une exposition minimale au glyphosate ou à ses résidus du simple fait que la majeure partie du nuage de pulvérisation est interceptée par la végétation concurrente ciblée. La majorité des études effectuées à des niveaux d’exposition et dans des conditions ambiantes réalistes ne relèvent aucun effet important sur les microorganismes du sol ou sur leurs fonctions écologiques comme les transformations de l’azote. De même, des études sur le terrain qui se rapportent aux écosystèmes forestiers canadiens ne montrent généralement pas d’effets importants des herbicides à base de glyphosate sur les microorganismes ou les macroorganismes du sol comme les lombrics, les coléoptères carabidés ou les escargots et limaces.

Sullivan et Sullivan (2003) ont résumé 15 études différentes portant sur les effets potentiels des herbicides à base de glyphosate sur les invertébrés terrestres et constaté que les réactions sont variables et dictées principalement par les changements dans la structure végétale. Ratcliff et coll. (2006) ont examiné les effets d’une formulation d’herbicide à base de glyphosate appliquée au taux recommandé sur des sols forestiers de loam argileux et de loam sableux. Les auteurs ne rapportent aucun changement majeur dans la structure de la communauté microbienne, peu importe la méthode d’évaluation utilisée. Un traitement appliqué à des taux beaucoup plus élevés (100 x) pour simuler un déversement de produit non dilué a donné lieu à une stimulation de courte durée des bactéries et à un changement minimal au niveau des champignons. Preston et Trofymow (1987) ne signalent aucun effet important du glyphosate sur la faune ou sur la microflore du sol ni sur plusieurs paramètres des transformations de l’azote induites par les microbes du sol dans des études en laboratoire et sur le terrain faites en Colombie-Britannique. Fletcher et Freedman (1986) ont effectué des études en laboratoire avec deux couvertures de feuilles mortes et un sol forestier et constaté que le seuil des effets du glyphosate sur la décomposition des couvertures de feuilles mortes était 50 fois plus élevé que les concentrations de résidus présentes sur le terrain après des traitements sylvicoles aux herbicides. Duchesne et coll. (1999) ont indiqué que les traitements herbicides, y compris le glyphosate (Vision), n’avaient pas modifié la quantité totale de coléoptères carabidés attrapés dans des pièges à fosse un an après le traitement et que la richesse spécifique et la diversité des carabidés étaient équivalentes ou légèrement supérieures à celles observées dans des parcelles témoins non traitées ou dans des sites ayant fait l’objet de traitements mécaniques. Dans le cadre de cette étude plus vaste, Houston et coll. (1998) ont constaté que les traitements de dégagement des conifères au moyen de l’herbicide à base de glyphosate Vision n’avaient pas d’effets importants sur la respiration basale, le carbone de la biomasse microbienne, les quotients métaboliques ou le cycle de l’azote tant dans un sol organique que dans un sol minéral. Ils ont constaté que la richesse en espèces fongiques et la structure de la communauté des parcelles témoins (77 espèces) et des parcelles traitées au Vision (81 espèces) étaient similaires. Cependant, seulement 40 espèces fongiques étaient communes aux deux types de parcelles, et l’exploitation forestière avait augmenté la richesse spécifique et la diversité de la communauté de champignons aussi bien dans les sols organiques près de la surface que dans les sols minéraux plus profonds. Dans cette étude, Hawkins et coll. (1997) ont examiné les effets sur les gastéropodes terrestres et rapporté que, durant la première saison de croissance après le dégagement, ni les densités actives en surface ni la richesse spécifique des gastéropodes n’avaient été modifiées par les différentes techniques de gestion de la végétation testées, y compris l’application aérienne d’un herbicide à base de glyphosate. Dans des études de suivi, Prezio et coll. (1999) ont observé que les densités de gastéropodes actifs en surface étaient de 50 à 60 % inférieures aux densités des parcelles témoins dans tous les terrains ayant reçu des traitements de gestion de la végétation, que ce soit par traitement herbicide, débroussaillement manuel ou coupe mécanique, de deux à trois ans après le traitement; on a également noté une tendance vers un rétablissement apparent du site durant la troisième année. Les effets ont été attribués à une diminution des dépôts de feuilles mortes et à une altération du microclimat au sol dans les zones traitées.

Busse (2001) a constaté que la respiration microbienne demeurait inchangée aux concentrations attendues sur le terrain et que l’application répétée à long terme de glyphosate avait un effet minimal sur l’activité microbienne saisonnière. D’autres études montrent également que les traitements herbicides au glyphosate ne réduisent pas les populations microbiennes du sol ou n’entravent pas de fonctions microbiennes clés de façon importante (p. ex., Haney et coll. 2000; Hart et Brookes 1996; Wardle et Parkinson 1990). Estok et coll. (1989) ont examiné les effets du glyphosate sur des champignons ectomycorhiziens et constaté que deux des trois espèces présentaient une réduction importante de la croissance uniquement à des concentrations supérieures à 100 ppm, tandis que la troisième présentait des effets importants à une concentration de 1 ppm. Les auteurs font remarquer que les essais réalisés sur des champignons cultivés dans un milieu gélosé prédisposent les champignons à une toxicité aux herbicides. Dalby et coll. (1995) n’ont rapporté aucun effet du glyphosate sur la survie et l’état des quatre espèces de lombrics exposées aux taux « recommandés », bien que ces taux ne soient pas précisés. De même, Edwards et Bholen (1992) ont constaté que des expositions au glyphosate dans le sol allant 1 à 100 ppm n’avaient pas d’effets toxiques sur les lombrics. Les évaluations de risques (ARLA 2015; Durkin 2003; Giesy et coll. 2000) concluent que les utilisations typiques du glyphosate ne posent pas de risque aigu ou chronique pour les lombrics et autres organismes du sol.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine.

Références

De nombreux examens scientifiques et réglementaires concluent systématiquement que l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate conformément au mode d’emploi ne présente pas de risque important de toxicité directe pour la faune, y compris l’orignal, le chevreuil et les petits mammifères. Le risque de toxicité directe est donc considéré comme extrêmement faible. On sait que les effets indirects découlant de la réduction des espèces ligneuses à feuilles caduques limitent au moins temporairement l’utilisation des zones traitées aux herbicides par les orignaux. Cependant, comment seulement un tiers environ des terres déboisées sont traitées au moyen d’herbicides à base de glyphosate chaque année, les petits et les grands mammifères s’adaptent généralement à ce changement temporaire sur une petite partie du territoire en se déplaçant et en se nourrissant ailleurs, y compris sur les deux tiers des terres déboisées annuellement qui se régénèrent sans traitement herbicide.

Les évaluations de risque et les examens scientifiques indépendants concluent systématiquement que l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate conformément au mode d’emploi ne présente pas de risque important de toxicité directe pour la faune (ARLA 2015; Thompson 2011; Durkin 2003; Tatum et coll. 2004; Guynn 2004; Sullivan et Sullivan 2003; Solomon et Thompson 2003; Giesy et coll. 2000, Couture et coll. 1995). Ces conclusions à forte convergence sont par ailleurs étayées par le fait qu’en 30 ans d’utilisation homologuée pour la gestion de la végétation forestière, il n’a été rapporté aucun cas scientifiquement documenté de mortalité directe d’orignaux, de chevreuils ou d’autres animaux attribuables à une exposition à un herbicide à base de glyphosate.

Des effets indirects découlant des changements induits par l’herbicide sur la communauté végétale des sites traités se produisent et ont été scientifiquement étudiés et documentés, y compris les aspects liés à l’utilisation par l’orignal de l’habitat modifié. Le changement le plus important induit par les traitements aux herbicides à base de glyphosate est la diminution de la quantité relative d’arbustes ligneux à feuilles caduques (p. ex., érable, tremble, bouleau, cerisier de Pennsylvanie et aulne) que l’orignal préfère brouter. Les quantités moindres de cette source de nourriture mènent généralement à une population d’orignaux moins abondante sur les sites traités, mais cette baisse est passagère. Durant la période pendant laquelle la végétation ligneuse à brouter ne pousse pas, ce qui dure habituellement plusieurs années après le traitement (Sullivan et Sullivan 2003; Lautenschlager et coll. 1999; Raymond et coll. 1996; Escholz et coll. 1996), l’orignal aura tendance à moins utiliser les sites traités pour se tourner vers des lieux qui contiennent de grandes quantités de matière à brouter à la hauteur qu’il préfère. Devant ces faits, il faut se rappeler qu’un tiers environ des forêts exploitées chaque année est traitée aux herbicides à base de glyphosate, tandis que la majeure partie (les deux tiers) se régénère sans traitement chimique. La plupart de ces zones déboisées contiendront des quantités copieuses de matière ligneuse à brouter. De plus, l’orignal consomme une grande variété de plantes pour se nourrir, et en particulier des plantes aquatiques durant l’été. Les systèmes aquatiques ne sont jamais pulvérisés intentionnellement avec des herbicides à base de glyphosate, et les étangs les lacs et les terres humides permanentes de plus grande étendue sont protégés par des zones tampons, ce qui évite toute modification importante dans la communauté végétale aquatique avec laquelle se nourrit abondamment l’orignal durant l’été. Enfin, notons que les communautés végétales présentes sur les terres forestières récemment déboisées sont très dynamiques et qu’elles poussent et changent rapidement au cours des premières années de l’évolution de la succession des espèces. La plupart des animaux qui utilisent naturellement ces habitats pionniers sont bien adaptés à la dynamique des communautés végétales et à la recherche d’aires d’alimentation qui conviennent à leurs besoins nutritifs.

Références

Le glyphosate est considéré comme non persistant dans les plantes, le sol, l’eau et les sédiments. Cette caractéristique est largement attribuable aux microorganismes qui dégradent le glyphosate pour s’en nourrir, ce qui le retire de l’écosystème. Des études montrent qu’un délai de seulement quelques jours à quelques semaines suffit pour que 50 % du glyphosate se dissipe des divers compartiments environnementaux d’une zone traitée. On peut parfois détecter de faibles niveaux de résidus jusqu’à une année après le traitement; cependant, ces résidus sont considérés comme fortement liés, non biodisponibles et sans importance du point de vue toxicologique.

Comme il est très vulnérable à la dégradation par des organismes microbiens (bactéries et champignons) dans le sol, l’eau et les sédiments et qu’il est facilement dispersé par les plantes, le glyphosate est considéré comme non persistant dans l’environnement. Le temps de dissipation à 50 % (DT50) du glyphosate dans les plantes, le sol, l’eau et les sédiments est de quelques jours à quelques semaines et dépend largement des conditions ambiantes qui affectent l’activité microbienne. Le principal produit de transformation dans le sol, les sédiments et l’eau est l’acide aminométhyl-phosphonique (AMPA), qui connaît généralement une augmentation passagère créée par la dégradation du glyphosate, suivie d’une diminution à mesure que le produit de dégradation commence lui-même à se dégrader. Il en résulte que les résidus d’AMPA persistent souvent plus longtemps dans le sol et les sédiments que le glyphosate comme tel.

Dans les plantes, le glyphosate est principalement absorbé par le feuillage et diffusé dans la plante jusqu’aux racines et aux parties en croissance active, puis métabolisé dans la plante; le temps de dissipation à 50 % des résidus foliaires varie d’environ 2 jours (Thompson et coll. 1994) à 10-27 jours (Newton et coll. 1984; Feng et Thompson 1990). Legris et Couture (1990) ont écrit que les résidus de glyphosate atteignent leur sommet dans le feuillage des framboisiers au bout de trois semaines après le traitement, puis baissent rapidement (~90 %) dans les cinq semaines suivantes.

Le glyphosate est facilement métabolisé par les bactéries dans le sol, et de nombreuses espèces de microorganismes du sol peuvent utiliser le glyphosate comme seule source de carbone (Durkin 2003). Dans le sol, l’eau et les sédiments, le glyphosate est principalement dégradé par des organismes microbiens pour former le principal produit de dégradation, l’acide aminométhyl-phosphonique (AMPA) et subséquemment le dioxyde de carbone et des composés inorganiques simples; donc, le glyphosate n’est pas persistant (Torstensson 1985). Le temps nécessaire pour que les concentrations de glyphosate dans la couche de feuilles mortes ou le sol forestier diminuent de 50 % varie entre environ 10 et 60 jours, selon les conditions ambiantes (Thompson et coll. 2000; Roy et coll. 1989; Newton et coll. 1994; Newton et coll. 1984, Feng et coll. 1990; Legris et Couture 1988). En général, un sol chaud, humide et riche en matière organique présente la dégradation la plus rapide, surtout parce que ce sont des conditions propices à une activité et à des populations microbiennes plus élevées. Dans une étude effectuée dans le secteur forestier du Nouveau-Brunswick, Thompson et coll. (2000) ont montré que les résidus de glyphosate dans la couverture morte et les couches du sol minéral se dissipaient rapidement, la demi-vie biologique moyenne étant de <12 jours pour les trois différentes formulations de glyphosate testées. Une récente étude menée en Alaska (Newton et coll. 2008) a démontré une dégradation importante des résidus de glyphosate dans le sol, même lorsque l’application a lieu dans les conditions extrêmes de la fin de l’été ou du début de l’automne suivies de longues périodes de gel.

Dans les systèmes aquatiques, le glyphosate est dégradé par les microorganismes et atténué dans la colonne d’eau par sorption avec les sédiments du fond et par dilution dans les eaux vives. Dans l’eau stagnante, le temps de dissipation à 50 % des résidus de glyphosate dans l’eau dépend des conditions ambiantes, dont la température, la profondeur de l’eau, la présence de macrophytes et le ratio eau/sédiments, et il faut généralement de quelques jours à environ quatre semaines (Legris et Couture 1990; Couture et coll. 1995; Goldsborough et Beck 1989; Goldsborough et Brown 1993; Wojtaszek et coll. 2004; Newton et coll. 1994; Edge et coll. 2014). Dans les eaux vives, le glyphosate se dissipe rapidement et atteint généralement des niveaux non détectables en un à quatre jours (Feng et coll. 1990; Newton et coll. 1984; Newton et coll. 1994). Aussi bien dans les eaux stagnantes que dans les eaux vives, les sédiments du fond ont tendance à constituer un puits principal pour les résidus de glyphosate, où l’on observe souvent un sommet passager en raison des résidus qui se morcellent ou sont emportés dans les sédiments, suivi de niveaux à la baisse (Goldsborough et Brown 1993; Feng et coll. 1990; Newton et coll. 1984; Edge et coll. 2014); même si les résidus sont peut-être plus persistants, ils seraient également non biodisponibles en raison de leur forte liaison avec les sédiments du fond (Newton et coll. 1994).

Dans une étude menée dans le secteur forestier de la Colombie-Britannique, Feng et Thompson (1990) ont montré que l’AMPA, le produit de dégradation principal dans la couverture de feuilles mortes, se dissipe facilement avec le temps et qu’il atteint des niveaux inférieurs au seuil de détection dans les 29 jours après l’application. On a observé une augmentation passagère des concentrations d’AMPA dans le sol associé à la dégradation initiale du glyphosate, et des niveaux généralement à la baisse par la suite; un an après le traitement, les niveaux les plus bas équivalaient à 6-27 % des concentrations initiales de résidus de glyphosate. De même, Roy et coll. (1989) ont signalé avoir observé des augmentations passagères de l’AMPA dans le sol forestier en Ontario, ainsi que de faibles concentrations de glyphosate dans des échantillons intermittents et des concentrations équivalant à environ 2 % des niveaux initiaux de glyphosate un an après le traitement.

Références

Des centaines d’études scientifiques ont été réalisées sur le sujet et publiées dans des articles de revues à comité de lecture. Prises ensemble, ces études forment une vaste base de connaissances qui permet aux scientifiques et aux autorités réglementaires de tirer des conclusions au sujet des risques potentiels des herbicides à base de glyphosate pour les écosystèmes forestiers et la faune qu’ils abritent.

La base d’informations scientifiques portant sur le devenir et les effets dans l’environnement des herbicides à base de glyphosate est très vaste. Les articles de revues à comité de lecture sur ces aspects, aussi bien les études en laboratoire que sur le terrain, se chiffrent par milliers. Parmi ces articles, quelques centaines se rapportent à des études menées dans les écosystèmes forestiers du Canada ou du nord-est des États-Unis, et donc présentent une plus grande pertinence. La base de connaissances scientifiques sur le devenir et les effets des herbicides à base de glyphosate est très certainement plus abondante que pour tout autre herbicide utilisé en forêt ou que toute autre technique de gestion de la végétation. La documentation primaire, publiée dans des revues scientifiques à comité de lecture, a été évaluée par des experts scientifiques et des autorités réglementaires aussi bien au Canada qu’à l’étranger. Les évaluations scientifiques et les analyses de risques concluent systématiquement que les herbicides à base de glyphosate qui sont utilisés conformément à l’étiquette du produit et aux règlements applicables ne posent pas de risque de préjudices important à l’environnement ou à la faune. Les résultats d’études menées dans des écosystèmes forestiers qu’il est pertinent d’utiliser pour la gestion de la végétation forestière au Canada reflètent et appuient ces conclusions générales.

Des études scientifiques qui ont trait au devenir et aux effets des herbicides à base de glyphosate ont été publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture. Cette base de connaissances comprend des études en laboratoire et des études sur le terrain portant sur une grande variété de sous-thèmes, effectuées par un grand nombre de scientifiques universitaires, gouvernementaux et autres. De nombreuses études sur le devenir dans l’environnement et l’écotoxicologie ont été menées dans les écosystèmes forestiers canadiens, y compris en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Une bonne partie de la littérature a été évaluée au moyen d’examens réglementaires et scientifiques et d’évaluations des risques indépendants (USDA-FS 1984; Grossbard 1985; Sullivan 1985; Lautenschlager et Sullivan 2002; USEPA 1993, Reynolds et coll. 1993; OMS 1994; Williams et coll. 2000; Giesy et coll. 2000; Solomon et Thompson 2003; Durkin 2003; Tatum 2004; Sullivan et Sullivan 2003; Couture et coll. 1995; Guynn et coll. 2004; Thompson 2011, ARLA 2015). La conclusion générale qui ressort systématiquement de ces examens et évaluations des risques est que les herbicides à base de glyphosate qui sont utilisés conformément au mode d’emploi du produit et aux règlements applicables ne posent pas de risque de préjudices important à l’environnement ou à la faune.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine.

Références

Plusieurs examens scientifiques et analyses de risque publiées concluent que le risque d’effets toxiques directs pour les espèces fauniques terrestres, y compris les petits mammifères, les grands mammifères et les oiseaux qui pourraient être exposés aussi bien directement qu’indirectement par l’ingestion de nourriture ou d’eau contaminée, est minimal. Cette conclusion est étayée par un simple exemple de pire scénario comparant les résidus maximums observés dans les baies provenant de forêts traitées avec les seuils à partir desquels il n’y a aucun effet observé chez les mammifères de laboratoire.

Comme l’indique l’examen de Durkin (2003), les animaux terrestres peuvent être exposés aux herbicides par pulvérisation directe, l’ingestion de nourriture ou d’eau contaminée, les activités de toilettage ou par contact avec la végétation contaminée. Dans cette dernière évaluation des risques, toutes les expositions possibles ont été considérées et comparées aux niveaux sans effet observé chez les animaux de laboratoire. Partant d’un taux d’application équivalant à 2,1 kg EA/ha, ce qui très semblable au taux d’utilisation moyen des herbicides à base de glyphosate en foresterie au Canada, les quotients de risque calculés pour les petits mammifères, les grands mammifères et les oiseaux se situaient tous en deçà des niveaux qui sont considérés comme préoccupants (Durkin et coll. 2003). Une analyse parallèle des quotients de risque par Giesy et coll. (2000) et par l’ARLA (2015) est parvenue à la même conclusion générale. Dans de telles analyses, il est fréquent de prendre les petits mammifères parce qu’il y a une pertinente directe avec les études de toxicité qui sont souvent effectuées sur des souris, des rats ou des lapins. Pour la toxicité aiguë, le seuil d’exposition sans effet observé pour les petits mammifères exposés au glyphosate est 175 ppm, valeur établie après avoir exposé des lapins pendant une période de 21 jours. Le niveau seuil dans ce cas est approprié pour évaluer également les risques pour les grands mammifères (Durkin 2003).

La concentration de résidus observée dans les baies dépend largement du taux d’application de l’herbicide, de la méthode d’application (p. ex., application au sol ou application aérienne) et de l’intervalle entre le traitement et le prélèvement des échantillons. Suivant des applications au sol à un taux de 1,5 kg EA/ha, Legris et Couture (1989) ont observé dans les framboises des résidus maximums de 36,5 ppm 7 jours après le traitement, et d’aussi peu que 0,139 ppm 27 jours après le traitement. Dans les bleuets, les résidus étaient initialement de 7,90 ppm 1 jour après la pulvérisation et ont baissé à 2,09 mg/g après 22 jours. De même, Roy et coll. (1989) ont indiqué avoir observé dans les framboises et les bleuets des résidus maximums de 19,49 et de 7,94 ppm respectivement le jour des traitements herbicides au glyphosate effectués par des travailleurs portant un pulvérisateur sur le dos à un taux d’application de 2 kg EA/ha, suivi d’une lente baisse des concentrations de résidus pour atteindre des valeurs d’environ 1,22 ppm au 33e jour après la pulvérisation. Partant de plusieurs hypothèses de pire scénario, par exemple que la faune ingère uniquement des baies hautement contaminées comme source alimentaire, que les concentrations de résidus dans les baies demeurent constantes pour la durée de leur disponibilité après la saison de traitement et que les animaux se nourrissent uniquement sur les terrains traités, on peut alors calculer le risque toxicologique de cette source. Par exemple, si on prend la concentration maximale de résidus de 36,5 ppm observée dans les baies (Legris et Couture 1989), des taux d’alimentation par poids corporel de 15 % (Durkin 2003) et de 34 % (Welch 1977) respectivement pour les petits mammifères et les grands mammifères et une masse corporelle typique de 0,02 kg pour un rongeur et de 100 kg pour un ours, les taux d’ingestion calculés seraient de 5,48 et de 12,4 mg/kg de poids corporel par jour respectivement, les deux valeurs étant grandement inférieures au seuil sans effet toxique observé de 175 ppm par jour.

Références

Les autorités réglementaires exigent la création de zones tampons autour des ruisseaux, des lacs, des rivières et des étangs qui se trouvent à proximité des zones qui seront traitées par voie aérienne. Essentiellement, l’utilisation de zones tampons autour de ces systèmes d’eau annule la possibilité de pulvérisation hors cible directe au-dessus de ces systèmes aquatiques. Les zones tampons, combinées à des technologies de pointe en matière d’application aérienne, dont la cartographie SIG, des systèmes de guidage électroniques et l’utilisation de buses à faible dérive, contribuent aussi à faire en sorte que l’herbicide n’atteigne pas les plans d’eau, que ce soit par pulvérisation hors cible accidentelle ou par la dérive de pulvérisation.

En raison des techniques d’application aérienne de pointe utilisées, dont la cartographie SIG, les systèmes de guidage électroniques sur les avions, l’utilisation de buses à faible dérive ou l’obligation d’avoir des zones tampons autour des systèmes aquatiques, la probabilité que des concentrations de produits d’utilisation finale significatives sur le plan toxicologique se retrouvent dans les lacs, les ruisseaux ou les étangs est très faible. Des modèles de dispersion aérienne bien validés prédisent le dépôt d’une très faible quantité (<2 %) au-delà de 25 m en aval des parcelles traitées dans des scénarios d’application aérienne typiques comme le font les principales provinces utilisatrices que sont le Nouveau-Brunswick, l’Alberta et l’Ontario. Plusieurs études de surveillance opérationnelle ou semi-opérationnelle fournissent des données probantes qui confirment que la probabilité d’intrants dans les systèmes aquatiques protégés par des zones tampons est très faible et que, là où des concentrations sont mesurables, elles sont bien en deçà des niveaux connus pour leurs effets toxicologiques sur les organismes aquatiques. L’introduction potentielle d’intrants dans de petits milieux humides éphémères attribuable à une pulvérisation hors cible directe ou à la dérive représente un cas particulier, où le risque est relativement élevé pour les espèces telles que les amphibiens vivant dans ce type de systèmes aquatiques qui peuvent se trouver à l’intérieur ou à proximité immédiate des zones ciblées.

Au Canada, les scénarios opérationnels en foresterie procèdent à partir de cartes détaillées des parcelles à traiter et des régions avoisinantes établies à l’aide de techniques SIG. Une des mesures de protection obligatoires est la création de zones tampons pour minimiser toute possibilité de contact direct avec les plans d’eau comme les ruisseaux, les étangs et les lacs. Des technologies de pointe en application aérienne sont utilisées, dont des systèmes de guidage électroniques et des buses à faible dérive, et la surveillance météorologique permet de faire en sorte que les applications aériennes atteignent uniquement les parcelles ciblées et ont lieu en tenant compte des paramètres établis pour la vitesse du vent, la température et l’humidité (Thompson et coll. 2009; Thompson et coll. 2012). Ensemble, toutes ces mesures de contrôle et d’atténuation annulent le potentiel d’introduction d’intrants significatifs sur le plan biologique dans les systèmes aquatiques. En se basant sur les résultats de modélisation validés, on peut estimer que la quantité de glyphosate qui se dépose à des distances de 25 à 65 m en aval de la lisière de la parcelle traitée se situe entre 2 % et 5,6 % du taux d’application (Thompson et coll. 2012 Payne 1993; Riley et coll. 1991). L’interception par la végétation qui se trouve dans la zone tampon réduit encore plus le potentiel d’introduction d’intrants. Des études sur le terrain confirment aussi bien la faible probabilité que la faible quantité d’intrants dans les systèmes protégés par des zones tampons dans des conditions opérationnelles typiques (Thompson et coll. 2004, Feng et Thompson 1990; Gluns et coll. 1989; Adams et coll. 2007). De même, Couture et coll. (1995) ont résumé de multiples études en foresterie effectuées au Québec et conclu que le 90percentile des concentrations observées dans l’eau équivalait à <0,3 % des concentrations qui causent une mortalité élevée à court terme chez les organismes aquatiques. Les petits milieux humides peu profonds non cartographiés qui peuvent se trouver à l’intérieur ou à proximité immédiate des parcelles traitées sont les systèmes aquatiques qui sont le plus susceptibles de recevoir des intrants chimiques directement à la suite d’une pulvérisation hors cible ou à cause de la dérive.

Références

La superficie de la zone traitée, la fréquence des applications et le taux d’application du produit sont parmi les nombreux facteurs qui déterminent l’exposition des plantes et des animaux au glyphosate. Seuls les animaux et les plantes qui vivent directement dans les zones traitées ou qui s’y rendent dans les semaines suivant le traitement sont susceptibles d’être exposés à des niveaux de glyphosate ou de surfactants qui sont significatifs.

Au Canada, on applique des herbicides à base de glyphosate sur quelque 150 000 ha annuellement, ce qui est l’équivalent d’un tiers environ de la surface récoltée par coupe à blanc. Le plus souvent, le traitement vise à dégager les jeunes pousses de conifères de la végétation concurrente et implique des applications aériennes qui ciblent expressément les sites de régénération, et cela d’une à quatre années après la récolte. Les zones traitées sont réparties à travers le paysage forestier et reçoivent habituellement un traitement, à un taux d’équivalent acide (EA) de ~ 2 kg par hectare, une ou deux fois durant un cycle d’exploitation de 40 à 80 ans. Les plantes visées dans le couvert forestier formé par la végétation concurrente ciblée (broussailles à feuilles caduques ou espèces herbacées hautes comme le peuplier faux-tremble, le framboisier ou la calamagrostide du Canada) sont susceptibles d’intercepter une partie relativement plus importante de la bouillie de pulvérisation que les plantes plus près du sol. Il est probable que l’exposition soit plus élevée chez les animaux qui habitent dans les zones traitées (d’août à la mi-septembre) et dont l’aire d’alimentation ou la mobilité est limitée. Les animaux qui habitent la zone ou qui s’y rendent peu de temps après le traitement peuvent aussi être exposés à des résidus en ingérant de la nourriture contaminée ou, à très court terme, par désorption des surfaces traitées. Comme le glyphosate est relativement non persistant, cette possibilité d’exposition dans l’environnement est courte (de quelques jours à quelques semaines) et implique des concentrations qui diminuent rapidement pendant cette période. En foresterie, les principaux plans d’eau comme les ruisseaux, les rivières, les étangs et les lacs sont généralement protégés par des zones tampons; il est donc probable que la plupart des organismes aquatiques ne sont pas exposés à des concentrations significatives du point de vue toxicologique. Les stades aquatique et terrestre du cycle de vie des amphibiens qu’on retrouve souvent dans les petits milieux humides peu profonds et habituellement éphémères, et qui peuvent se dérouler dans les limites des zones traitées, représentent un cas unique de potentiel d’exposition relativement élevé.

De récentes analyses de risques (ARLA 2015) ont conclu que les utilisations typiques des herbicides à base de glyphosate, y compris en foresterie et même en agriculture, où les applications multiples sont courantes pour diverses cultures agricoles, posent peu de risque pour les oiseaux, les mammifères, les organismes du sol, le poisson et les amphibiens. Dans le contexte plus précis de l’utilisation des herbicides à base de glyphosate en aménagement forestier, où l’exposition se limite à un taux d’application d’environ 2 kg EA/ha, Durkin (2003) conclut qu’aucun des quotients de danger n’est préoccupant aussi bien dans les scénarios d’exposition aiguë que chronique, et que ces analyses appuient les conclusions de l’Environmental Protection Agency des États-Unis (ESEPA), selon lesquelles les effets potentiels sur les oiseaux, les mammifères et les invertébrés sont minimes.

En foresterie, l’exposition des plantes et des animaux dépend de la fréquence, de la méthode et du taux d’application, qui affectent les niveaux initiaux dans les divers compartiments environnementaux ainsi que la probabilité qu’un organisme donné soit effectivement exposé. La persistance et le devenir des résidus dans les divers compartiments (sol, végétation, eau) déterminent la durée potentielle de l’exposition et la biodisponibilité de ces résidus. Enfin, les caractéristiques de la croissance des plantes ou du comportement naturel des animaux, dont leurs habitudes d’alimentation et d’interaction avec leur environnement, peuvent influencer la voie et le degré d’exposition. Comme les herbicides à base de glyphosate sont généralement appliqués une fois seulement entre la première et la quatrième année du cycle de succession, qui peut varier entre 40 et 80 ans, la probabilité d’exposition est plutôt faible pour la plupart des organismes. Par ailleurs, le potentiel d’exposition élevée existe uniquement pour les plantes qui poussent ou les animaux qui se nourrissent dans ces terrains en régénération au moment de l’application ou, vu les vitesses connues de dissipation des résidus d’herbicides, dans les huit semaines environ suivant le traitement. Au Canada, la superficie traitée aux herbicides à base de glyphosate est estimée à environ 150 000 ha de forêt par année, soit environ 19% de la superficie qui est récoltée par coupe à blanc, tandis que la majorité du territoire se régénère naturellement ou fait l’objet de méthodes autres que chimiques. C’est un aspect particulièrement important, puisqu’il régit la probabilité que la faune soit directement exposée ainsi que la proportion de l’habitat qui peut subir des effets potentiels indirects à la suite du traitement herbicide. Les herbicides à base de glyphosate sont généralement appliqués par voie aérienne à un taux d’application moyen de 1,9 kg EA/ha (Thompson 2011). Une bonne partie de la pulvérisation appliquée par voie aérienne est interceptée par la couche ciblée de broussailles et d’arbustes, les quantités de produits chimiques distribuées verticalement sur la végétation herbacée au sol et les couches du sol étant proportionnellement plus faibles (Thompson et coll. 1997). Ainsi, les plantes qui occupent les couches supérieures des étages habituels de la communauté végétale (p. ex., aulne, peuplier faux-tremble) et les organismes qui s’alimentent dans cette couche (p. ex., oiseaux, orignaux) au moment de la pulvérisation ou peu après sont susceptibles d’être exposés à des concentrations plus élevées que les organismes qui restent au sol (p. ex., ver de terre, petits mammifères). Comme il est interdit d’appliquer le produit directement sur les ruisseaux, les rivières, les étangs et les lacs et que ces systèmes sont protégés par des zones tampons, la plupart des organismes aquatiques ne seront pas directement exposés. Une exception est la possibilité d’exposition directe des organismes aquatiques (p. ex., les amphibiens) vivant dans les milieux humides peu profonds et habituellement éphémères qu’on peut retrouver à l’intérieur ou à proximité immédiate des zones ciblées (voir la réponse aux questions 6 et 7 pour une discussion plus approfondie sur cet aspect), mais qui ne sont pas cartographiés ni visibles des airs, et donc qui ne sont pas exclus de la zone à pulvériser (Thompson et coll. 2004). Plusieurs études écotoxicologiques sur le terrain menées au Canada se sont penchées explicitement sur cette question, et les résultats semblent montrer que le risque pour les larves aquatiques et les amphibiens adultes terrestres sont minimaux.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Pour d’autres informations à propos des étapes de la vie des amphibiens aquatiques et terrestres, voir aussi Les herbicides à base de glyphosate ont-ils des effets néfastes sur les organismes aquatiques?

Références

POEA est l’acronyme de « polyoxyéthylène amine ». Il s’agit d’un surfactant qui est ajouté à certains herbicides à base de glyphosate pour améliorer l’absorption de l’ingrédient actif au travers des couches cireuses et des membranes des plantes. Il est bien connu, grâce à des études en laboratoire, que le POEA peut causer des effets toxiques sur les organismes aquatiques sensibles. Vu ce risque connu, des études plus approfondies ont expressément examiné la toxicité des formulations qui pourraient contenir du POEA ou d’autres types de surfactants. Ces études montrent que, lors des utilisations typiques qu’on en fait dans l’aménagement forestier au Canada, ces produits posent un risque minimal pour les organismes aquatiques, surtout parce que les surfactants comme le POEA sont rapidement sorbés par les sédiments et s’y dégradent rapidement.

Le glyphosate est un composé hautement hydrosoluble qui a de la difficulté à traverser les surfaces cireuses et les membranes biologiques. Pour que le composé actif soit absorbé par les plantes, on ajoute habituellement des surfactants à la formulation afin de faciliter le transfert à travers ces barrières. Le POEA est un mélange de plusieurs composés dérivés de la graisse animale ayant des propriétés qui ressemblent à celles du savon et qui sont très efficaces pour favoriser la pénétration du glyphosate dans la plante. Malheureusement, les surfactants comme le POEA agissent également sur les membranes des animaux, ce qui crée une relativement plus grande toxicité des produits d’utilisation finale pour les organismes qui ont des membranes exposées ou une peau perméable, comme les poissons et les amphibiens. C’est un fait qu’on reconnaît depuis longtemps et une des raisons pour lesquelles les études écotoxicologiques de plus haut niveau portant sur les pesticides sont effectuées sur des produits d’utilisation finale plutôt que sur le glyphosate seulement. En employant une telle approche, on s’assurer que la toxicité de la formulation, comprenant les effets potentiels du surfactant, est prise en compte dans l’évaluation. De même, les organismes de réglementation tiennent expressément compte dans leurs analyses des risques du devenir et des effets du POEA et des produits d’utilisation finale contenant ces surfactants (p. ex., ARLA 2015). L’agence de réglementation canadienne a constaté que tous les herbicides à base de glyphosate actuellement homologués au Canada contiennent moins de 20 % de POEA en poids et, lorsqu’ils sont utilisés conformément aux instructions sur l’étiquette, ils ne posent pas un risque inacceptable pour la faune, y compris les organismes aquatiques sensibles. La sensibilité relative des plantes aquatiques, des poissons et des amphibiens aux produits contenant des surfactants au POEA est la raison fondamentale pour laquelle l’application directe intentionnelle de ces produits sur des plans d’eau est interdite et que les étangs, les ruisseaux et les lacs font l’objet d’une protection supplémentaire grâce aux zones tampons sans pulvérisation, comme il est indiqué sur le mode d’emploi figurant sur l’étiquette des formulations de glyphosate.

Selon l’ARLA (2015), en général, bien que les formulations de glyphosate contenant du POEA soient plus toxiques pour les organismes d’eau douce que les formulations qui n’en contiennent pas, elles ne présentent pas un risque inacceptable pour l’environnement lorsqu’elles sont utilisées selon le mode d’emploi sur l’étiquette. De multiples études en laboratoire qui remontent au moins aussi loin que 1979 (Folmar et coll. 1979) documentent le fait que le POEA est largement responsable de la toxicité aiguë observée chez les poissons et les amphibiens exposés à des formulations d’herbicide à base de glyphosate contenant ce surfactant (p. ex., Folmar et coll. 1979; Wan et coll. 1989; Howe et coll. 2004; Edginton et coll. 2004; Moore et coll. 2011). Cependant, le degré de toxicité observé dans les études en laboratoire est généralement plus élevé que celui observé dans les études effectuées sur le terrain. L’absence généralisée d’effets observés dans les études sur le terrain est largement attribuable à l’exposition réduite qui découle de la dissipation rapide du glyphosate et du POEA de la colonne d’eau au moyen de la dégradation microbienne et aussi de la forte sorption avec les sédiments (Legris et Couture 1990; Couture et coll. 1995; Goldsborough et Beck 1989; Goldsborough et Brown 1993; Wojtaszek et coll. 2004; Newton et coll. 1994; Edge et coll. 2014; Wang et coll. 2005; Rodriguez 2015). Les résultats des deux dernières études référencées montrent qu’il est peu probable que les organismes aquatiques soient exposés au POEA en phase aqueuse pendant une période dépassant quelques heures et que les sédiments sont un puits principal pour le POEA. Dans les sédiments, les concentrations de POEA diminuent avec le temps suivant un processus biphasique qui est d’abord rapide, puis qui ralentit durant la seconde phase, sans doute en raison de la biodisponibilité limitée pour la dégradation microbienne.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Références

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Traitements herbicides
  

Les herbicides à base de glyphosate sont absorbés par les feuilles des plantes. Une fois sur la feuille, le produit chimique empêche la production d’une enzyme spécifique à la plante, dont elle a besoin pour survivre. Cette enzyme se trouve uniquement dans les plantes, et c’est la raison pour laquelle le glyphosate est si peu toxique pour les animaux et les humains. Étant donné que la matière organique et l'argile des sols absorbent fortement le glyphosate, il est très improbable que les graines, les germinants ou les racines absorbent les résidus de glyphosate. Les communautés végétales des forêts peuvent donc rapidement se régénérer après des opérations de traitement.

Les herbicides à base de glyphosate sont non sélectifs et se diffusent systématiquement dans la plante une fois qu’ils ont pénétré ses cuticules. Mais, comme ces produits sont habituellement très solubles dans l’eau, ils ne pénètrent pas bien les cuticules cireuses, et il faut ajouter un surfactant (un détergent) pour améliorer le transfert à travers cette barrière protectrice. Une fois dans la plante, le glyphosate fonctionne en inhibant une enzyme très spécifique dont la plante a besoin pour synthétiser les amino-acides essentiels. Cette enzyme n’est pas présente chez les animaux et les humains, de sorte que le glyphosate lui-même atteint des niveaux de toxicité aiguë et chronique très faibles dans ces organismes.

Par ailleurs, les herbicides à base de glyphosate se lient très fortement à la matière organique et aux particules d’argile du sol. Ce faisant, ils sont désactivés par le sol et n’ont pas la capacité de maîtriser les plantes qui poussent à partir de semences dans la banque de semences du sol ou des racines ou rhizomes des plants non traités. C’est un avantage du point de vue de l’environnement, puisque ces sites développeront des communautés végétales diversifiées dans les années qui suivent le traitement.

Pour d’autres informations, voir aussi la FAQ Quelle est la persistance du glyphosate dans les plantes, le sol, l’eau et les sédiments? (Environnement et la faune)

Pour d’autres informations, voir aussi la FAQ Que disent les organismes de réglementation en environnement et en santé à propos de la classification du glyphosate par le CIRC? (Santé)

Les professionnels de la foresterie mettent au point des plans annuels à la lumière des besoins des forêts qu’ils gèrent, par exemple l’âge de la forêt et la quantité de végétation concurrente qui s’y trouve. Le ministère de l'Environnement provincial examine les plans et délivrent les permis une fois que toutes conditions établies dans les politiques et les règlements entourant l’utilisation d’herbicides, dont le glyphosate, sont satisfaites. Tous les résidents qui se trouvent dans un rayon de 500 mètres d’une zone ciblée doivent être avisés de l’application à venir.

Oui. Environ 33 % des forêts productives du Canada sont certifiées en vertu d’un ou plusieurs systèmes, dont la Sustainable Forestry Initiative (SFI), l’Association canadienne de normalisation (CSA) et le Forest Stewardship Council (FSC), qui reconnaissent tous le rôle important que les herbicides jouent dans un programme de gestion intégrée de la végétation.

Il existe en aménagement forestier plusieurs systèmes de certification qui sont conçus pour garantir que les forêts certifiées sont gérées de façon durable selon des pratiques exemplaires reconnues. Il s’agit notamment de la Sustainable Forestry Initiative (SFI), de l’Association canadienne de normalisation (CSA) et du Forest Stewardship Council (FSC). Environ un tiers des forêts en production au Canada sont certifiées par au moins un de ces systèmes. La certification vise à assurer la régénération efficace et efficiente des conifères et des feuillus. Les trois systèmes reconnaissent l’utilisation légitime des herbicides, y compris les herbicides à base de glyphosate, dans le cadre d’un programme de gestion intégrée de la végétation visant à répondre aux besoins en matière de régénération et de durabilité. Ajoutons que les systèmes comme SFI et FSC cherchent à réduire une trop grande dépendance sur les herbicides et exigent que les aménagistes forestiers prouvent qu’ils ont essayé des solutions non chimiques ainsi que d’autres approches pour tenter de réduire l’utilisation d’herbicides à plus long terme.

Au cours de la dernière décennie chaque année, une moyenne de 116 000 ha de terres forestières publiques est traitée avec des herbicides à base de glyphosate. Cependant, les quantités utilisées varient d’une province à l’autre et d’une année à l’autre en fonction de la superficie qui est récoltée et replantée. Les aménagistes forestiers prennent de telles décisions après avoir considéré chaque facteur qui touche le cycle de régénération de la forêt.

Au Canada, on rapporte qu’en moyenne, 116 000 ha de terres forestières publiques sont traités avec des herbicides à base de glyphosate chaque année depuis une décennie. Les terres privées ne sont pas comptabilisées dans ce chiffre, et la superficie totale qui est traitée se rapprocherait plutôt de 150 000 ha par année. Le taux d’application typique des herbicides à base de glyphosate dans les programmes de dégagement des conifères est de 1,9 kg d’ingrédient actif par hectare (Thompson et coll. 2004).

La plupart des terrains supportant des plantations de conifères ainsi que de nombreuses zones de régénération naturelle où l’on recherche une domination de conifères exigeront une certaine quantité de soins sylvicoles pour maintenir la domination des conifères et favoriser une croissance suffisante. À cet effet, le nombre d’hectares qui nécessite des soins sylvicoles durant la saison de croissance au Canada peut atteindre 444 000. Des provinces comme l’Ontario et le Nouveau-Brunswick appliquent des herbicides sur presque tous les terrains plantés, et elles ont recours à des méthodes de rechange pour l’entretien de zones additionnelles. Au contraire, au Québec, une limite provinciale a été imposée sur l’utilisation des herbicides dans les forêts publiques en 2001 (Thiffault et Roy 2010), ce qui oblige à faire la majeure partie de l’entretien sylvicole sans herbicides.

Références

Les herbicides, y compris les herbicides à base de glyphosate, sont appliqués sur des zones ciblées de la forêt à l’aide d’avions spécialisés. L’application a lieu avant la plantation de nouveaux semis, ou de deux à cinq après l’établissement des semis. Ces zones ne seront pulvérisées une ou deux fois durant un cycle de croissance de 40 à 80 ans.

Sur les terrains où la production de conifères est désirée, des herbicides, y compris des herbicides à base de glyphosate, sont appliqués selon deux stratégies différentes, soit avant la plantation (préparation chimique du terrain) ou après l’établissement des semis (soins sylvicoles ou dégagement). Étant donné l’efficience, l’efficacité et les faibles impacts de la technique, l’application aérienne à l’aide d’avions à voilure fixe ou à voilure tournante est la méthode la plus courante pour appliquer les herbicides sur les terrains visés, et elle représente plus de 88 % de toutes les applications en foresterie au Canada depuis dix ans. Le reste, soit 12 %, est appliqué au moyen de pulvérisateurs montés sur un tracteur ou par des travailleurs qui portent un pulvérisateur sur le dos. D’habitude, les herbicides sont appliqués dans les cinq premières années suivant la récolte, et un site reçoit un ou deux traitements tout au plus durant la vie du peuplement, qui est généralement de 40 à 80 ans au Canada.

Au Nouveau-Brunswick, la population est avisée par des annonces dans les journaux deux semaines avant la pulvérisation. Il existe également des sites Web d’information, comme GeoNB, qui affichent des avis au sujet des opérations de pulvérisation.

Au Nouveau-Brunswick, l’information sur les zones à traiter est affichée sur un site Web avant le début du programme – généralement vers la première du mois d’août. Au moins deux semaines avant le début des opérations, des annonces sont publiées dans les journaux de la province. Les annonces fournissent des renseignements sur les sites Web d’information à consulter et les numéros sans frais à composer. Quiconque a des préoccupations au sujet des zones visées par le programme peut utiliser ces ressources pour en savoir plus, y compris les dates possibles de la pulvérisation.

Comme dernière mesure, quand le moment du traitement est imminent, des enseignes sont installées aux points d’accès habituels de la zone à traiter pour informer le public des opérations à venir.

Les terrains à traiter sont approuvés par le ministère de l’Environnement provincial. Le traitement fait appel à des technologies et techniques de pointe, dont la cartographie par SIG, des systèmes de guidage par GPS et des buses à faible dérive. La réglementation établit à proximité des cours d’eau des zones tampons qui doivent être respectées lors de l’application d’herbicides, dont le glyphosate. Des zones tampons autour des habitations sont également exigées, et l’accès aux zones ciblées durant le traitement est interdit. Les personnes qui supervisent ou qui effectuent l’application de pesticides doivent avoir suivi une formation et détenir un permis délivré par le gouvernement provincial.

Comme pour la plupart des produits que nous utilisons quotidiennement, la sécurité dépend non seulement du produit en soi, mais aussi de la façon dont nous l’utilisons. C’est la même chose pour l’utilisation des herbicides en forêt.

Cinq ingrédients herbicides actifs différents sont disponibles au Nouveau-Brunswick, mais les aménagistes utilisent presque exclusivement des produits à base de glyphosate. Le monde utilise le glyphosate en toute sécurité depuis plus de 40 ans en agriculture et de 30 ans en foresterie. Il s’agit de l’herbicide le plus étudié dans le monde, et il est homologué pour plus d’une centaine de cultures vivrières. Les spécialistes à qui nous confions l’homologation des produits au Canada et dans le monde ont jugé que le glyphosate est un produit sans danger pour les humains et l’environnement et qu’il ne pose pas un risque de cancer lorsqu’il est utilisé selon le mode d’emploi. Nous pouvons donc avoir l’assurance raisonnable que l’utilisation du produit est sans danger.

Les aménagistes forestiers décident de l’outil de gestion de la végétation le plus approprié à utiliser seulement après avoir procédé à un examen minutieux de plusieurs facteurs propres au site, soit : 1) la nécessité d’un traitement, 2) l’efficacité des méthodes à leur disposition et 3) la possibilité de conséquences indésirables. Peu importe l’outil de gestion de la végétation choisi, des mesures sont prises pour atténuer le risque de conséquences indésirables. Par exemple, si on décide de procéder à une coupe manuelle, le temps de travail peut être limité par les conditions météorologiques pour éviter que les travailleurs subissent des coups de chaleur ou inhalent des gaz d’échappement. De même, si on décide d’appliquer un herbicide, la méthode d’application, le taux d’application, l’équipement et les paramètres météorologiques serontchoisis de façon à confiner l’herbicide à la végétation ciblée. De fait, l’étiquette sur l’herbicide est un document légal qui précise les tolérances pour ces facteurs, que doivent respecter les applicateurs. De plus, les organismes de réglementation provinciaux peuvent décider de resserrer ces tolérances encore plus. De nos jours, les applicateurs sont des professionnels formés, titulaires de permis, qui utilisent de l’équipement doté d’un système de guidage et de suivi par GPS pour assurer un maximum de précision et de responsabilité. Chaque application est délimitée dans l’espace et approuvée au préalable et comprend des zones tampons visant à prévenir le dépôt d’herbicide ailleurs que dans les zones de traitement (comme les ruisseaux, la végétation sensible non ciblée, etc.).

L’établissement des tolérances utilisées aujourd’hui pour l’application des herbicides s’appuie sur un vaste bagage scientifique, ce qui nous permet d’effectuer des applications en prévoyant des marges de sécurité importantes pour les organismes sensibles connus, et ainsi d’atténuer le risque de conséquences indésirables. Nous avons donc une assurance raisonnable que nous utilisons le produit d’une manière qui ne pose pas de danger.

Les aménagistes forestiers utilisent des systèmes d’information géographique pour planifier avec exactitude où effectuer la pulvérisation. Ces plans doivent être approuvés par tous les organismes de réglementation pertinents avant que la pulvérisation débute. Les pilotes et les opérateurs de systèmes d’application se servent ensuite de la technologie GPS pour s’assurer de viser la zone déterminée avec exactitude.

Pour s’assurer que les terrains adjacents ne sont pas traités, on a recours à la fois à des technologies éprouvées et à des automatismes régulateurs dans les procédures. Des fonds de carte de la province créés à l’aide de la technologie SIG sont utilisés pour établir le périmètre des zones à traiter. Des zones tampons obligatoires, qui servent à protéger les terrains privés, les cours d’eau et ainsi de suite, sont intégrées aux fichiers de périmètre. Ces fichiers sont ensuite transférés aux autorités réglementaires, qui en font l’examen et les approuvent ou exigent des modifications, s’il y a lieu. Une fois finalisés, les fichiers sont téléchargés dans le système de navigation (GPS) de l’avion et guident le pilote vers le site à traiter.

Avant de commencer l’application, le pilote doit aussi effectuer une inspection visuelle du secteur (en le comparant aux cartes et aux photos aériennes) pour s’assurer qu’il n’existe aucune divergence apparente quant à l’emplacement de la zone à traiter.

En plus de cartes soigneusement tracées, les pilotes et les opérateurs de systèmes de pulvérisation utilisent la technologie GPS pour s’assurer qu’ils pulvérisent bien les zones approuvées par les autorités réglementaires.

On s’assure qu’on pulvérise au bon endroit en employant la technologie par satellite (GPS) pour guider l’avion vers les emplacements ciblés et en exécutant l’application ligne par ligne (excluant toute zone désignée comme non ciblée). D’habitude, les zones qui doivent être traitées (p. ex., aires de coupe) sont faciles à reconnaître des airs, et les pilotes sont munis d’une carte et de photographies aériennes avec lesquelles comparer l’emplacement avant de commencer.

Les avions qui participent aux opérations de pulvérisation sont équipés de systèmes pour enregistrer la route de l’avion, et chaque fichier est examiné après le vol, notamment pour vérifier l’emplacement de l’avion.

Au Canada, les provinces et territoires précisent les conditions météorologiques acceptables pour les applications par voie aérienne. Les personnes chargées des applications sont bien formées et donc en mesure de tenir compte des facteurs pouvant entraîner une dérive hors cible, comme la vitesse et la direction du vent, la hauteur de pulvérisation ainsi que la température et l'humidité. Des études de modélisation montrent que dans des situations d'utilisation courante, une dérive ne devrait pas dépasser 2 % du taux d'application à des distances supérieures à 25 m sous le vent.

Les systèmes de distribution aérienne pour l’application d’herbicides sont conçus et étalonnés de façon à produire de grosses gouttelettes, lesquelles se déposent directement sous le trajet de l’avion ou à proximité immédiate.

Par exemple, Thompson et coll. (2012) ont utilisé un exercice de modélisation pour déterminer le dépôt résultant de l’application effectuée par des avions tels qu’ils sont couramment équipés dans trois provinces (Alberta, Nouveau-Brunswick et Ontario). Le modèle a prédit des dépôts de dérive en très faible quantité au-delà de 25 m dans tous les scénarios, la dérive ne dépassant jamais 2 % du taux d’application.

Les opérateurs de systèmes d’application sont formés pour être constamment sensibles aux facteurs environnementaux (vent, température, etc.) qui ont une incidence sur la dérive et pour se conformer aux instructions sur l’étiquette et aux exigences réglementaires visant à minimiser la dérive.

Références

L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) est la direction générale de Santé Canada qui est chargée de réglementer l’utilisation des herbicides. Chaque province a aussi une agence environnementale qui supervise l’application des herbicides, s’assurant que tous les règlements sont respectés.

L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), qui fait partie de Santé Canada, est chargée d’établir les lois et les règlements entourant l’utilisation du glyphosate au Canada. L’ARLA examine périodiquement la recherche qui se fait sur l’utilisation du glyphosate pour s’assurer que le niveau d’exposition acceptable établi ne porte pas atteinte à la santé des Canadiens. Si de nouveaux travaux de recherche montrent des changements dans l’innocuité d’un produit, l’ARLA révise les exigences sur l’étiquette en conséquence. L’ARLA a récemment effectué une étude sur le glyphosate (avril 2015) et conclu que son utilisation est sans danger en foresterie, en agriculture, dans le secteur industriel et dans le secteur résidentiel en vertu des règlements et des politiques en vigueur.

Par exemple, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, tous les entrepreneurs offrant des services d’application d’herbicides doivent présenter une demande de permis d’application de pesticides. Le permis provincial procure des mesures de sécurité additionnelles, au-delà des exigences sur l’étiquette. L’obligation pour toute personne qui applique des pesticides d’obtenir un certificat d’applicateur de pesticides, l’obligation d’avoir des zones tampons et les avis publics sont des exemples de mesures additionnelles prises en vertu du permis d’application d’herbicides.

Le ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux du Nouveau-Brunswick et le ministère de l’Environnement et du Travail de la Nouvelle-Écosse exigent la production de rapports et font des inspections fréquentes des opérations. De plus, les plaintes et les préoccupations qui concernent l’application d’herbicides font l’objet d’un suivi.

En avril 2015, l’ARLA a publié son plus récent examen du glyphosate et déclaré que le poids de la preuve montre que le glyphosate ne présente pas un risque inacceptable pour la santé humaine. L’examen intégral du glyphosate par l’ARLA se trouve iciou veuillez cliquer ici pour une version sommaire de l’examen par l’ARLA.

Références

L’équipement de protection est utilisé comme mesure de précaution afin de minimiser l’exposition. Même si les herbicides à base de glyphosate ont une faible toxicité intrinsèque pour les humains, limiter l’exposition est simplement une mesure de précaution de plus.

Les personnes qui mélangent les produits à base de glyphosate, les chargent dans l’applicateur et les appliquent sont celles qui sont le plus susceptibles d’être exposées aux herbicides à base de glyphosate. Comme il est indiqué ailleurs dans ce document, le risque est fonction à la fois de la toxicité intrinsèque de l’herbicide (danger) et de l’exposition. Bien que les herbicides à base de glyphosate présentent une toxicité intrinsèque très faible pour les humains, limiter l’exposition est toujours une mesure de précaution sensée. Lors du mélange ou de chargement de produits à base de glyphosate, des systèmes fermés sont utilisés pour minimiser l’exposition, et les personnes qui s’occupent de ces opérations doivent porter un équipement de protection individuelle (EPI), conformément aux instructions sur l’étiquette.

Les personnes qui mélangent, chargent et appliquent des produits à base de glyphosate doivent se conformer à la norme Nationales et Provinciales pour l’éducation, la formation et la certification en matière de pesticides au Canada.

La certification prouve que la personne a suivi la formation théorique et pratique nécessaire pour effectuer des applications de produits à base de glyphosate de manière sécuritaire et responsable. Il existe des programmes de formation pour certifier toutes les catégories d’opérateurs de systèmes d’application de pesticides, que ce soit pour l’entretien des pelouses, la foresterie, l’extermination ou l’agriculture.

Pour faire une comparaison directe entre le coût de protéger une plantation à l’aide d’herbicide et par désherbage manuel, il faut prendre en considération de nombreux facteurs, dont l’emplacement, les espèces végétales concurrentes, et le moment et la qualité des interventions. Selon un scénario typique, le coût moyen de la gestion de la végétation (herbicide et nettoyage de la plantation) est d’environ 400 $ l’hectare. Si on a uniquement recours au désherbage manuel, le coût moyen serait de 1 500 $ l’hectare. De plus, les traitements manuels sont moins efficaces pour enlever la végétation concurrente et nécessitent des traitements de suivi, puisque cette végétation revient rapidement l’année suivante, gonflant encore plus le coût.

Généralement, le propriétaire foncier paie pour toute activité reliée à l’aménagement forestier de son terrain, y compris la gestion de la végétation. À l’heure actuelle, cela signifie que le ministère des Ressources naturelles et Développement de l’énergie du Nouveau-Brunswick paie pour les traitements herbicides sur les terres de la Couronne du Nouveau-Brunswick. En général, ce sont des sous-traitants qui exécutent ces travaux.

Toutes les provinces sont d’accord avec l’évaluation de Santé Canada, qui considère que le glyphosate est sécuritaire. Le Québec a décidé de limiter l’utilisation des herbicides, dont le glyphosate, sur les terres publiques, tandis que la Nouvelle-Écosse ne contribue plus financièrement aux traitements herbicides. Ni l’une ni l’autre de ces provinces n’ont interdit l’utilisation des glyphosates sur les terrains privés, sur les terres agricoles ou dans le secteur industriel.

Bon nombre des provinces continuent à appuyer l’évaluation scientifique experte de Santé Canada en matière d’homologation des produits au Canada. L’homologation d’un produit par Santé Canada en vue de son utilisation au pays signifie que le produit est jugé sans danger et sans effets importants pour la santé humaine ou l’environnement lorsqu’il est utilisé selon les exigences sur l’étiquette.

Certaines provinces ont pris la décision de restreindre l’utilisation des herbicides sur le territoire public dans le secteur de la foresterie. Ainsi, le Québec a limité son utilisation sur les terres publiques, tandis que la Nouvelle-Écosse a choisi de cesser de financer les traitements herbicides, mais sans limiter leur utilisation. Ces provinces continuent à permettre l’utilisation du glyphosate sur les terrains privés, à des fins agricoles et dans les secteurs industriels.