Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Le doryphore de la pomme de terre est entré au Canada par l'Ontario en 1870, et il s`était rendu à l'Île-du-Prince-Édouard en 1883. Le doryphore est inexistant à Terre-Neuve. Il est l'insecte le plus nuisible pour les pommes de terre au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard. Sa présence est secondaire ou rare en Nouvelle-Écosse.

Les solanacées sont les seules plantes hôtes du doryphore. L'insecte préfère la pomme de terre, mais il attaque aussi l'aubergine, la tomate et certaines mauvaises herbes comme la cerise de terre, la morelle à trois fleurs et la morelle douce-amère.

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Oeufs

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Larves

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Adulte

Description
Le doryphore adulte mesure environ 10 mm de long et 7 mm de large, et il a le corps un peu bombé. La couleur de sa tête et de son pronotum varie de brun orangé à jaune, et elle est ponctuée de taches noires de diverses formes. Les ailes (élytres) sont marquées de dix rayures noires longitudinales sur fond jaune. On reconnaît les femelles à leur abdomen très dilaté et à l'absence d'une dépression dans le dernier segment abdominal observé d'en dessous. Les oeufs jaune orangé sont de forme allongée et généralement pondus en grappes de trente sur l'envers des feuilles de la plante hôte. Les larves sont bossues et de couleur rougeâtre, et elles portent deux rangées longitudinales de taches noires sur les côtés du corps.

Le doryphore de la pomme de terre ne peut être pris pour un autre insecte au Canada.

Cycle évolutif
Le doryphore adulte passe l'hiver dans le sol des champs où l'on a cultivé des pommes de terre l'année précédente et dans les haies adjacentes. Il amorce sa remontée vers la surface lorsque la température s'élève au printemps, pour faire son apparition à la fin de mai ou au début de juin et chercher immédiatement une plante hôte. Les insectes se nourrissent pendant quelques jours puis s'accouplent, et les femelles pondent de 300 à 500 oeufs entre juin et la fin de juillet. Elles passent des plantes âgées à des plantes jeunes durant cette période. Les larves peuvent donc occuper un champ pendant trois à cinq semaines à cause de cette longue période de ponte, mais il ne leur faut que deux à trois semaines pour passer du stade de l'oeuf à celui de la pupe; ce dernier stade a lieu dans le sol, et l'insecte adulte apparaît une ou deux semaines plus tard. Les nouveaux insectes adultes ne peuvent s'accoupler en raison de la mauvaise qualité alimentaire de la plante hôte, du raccourcissement de la photopériode et des températures relativement basses durant l'émergence. Ils s'emploient donc à manger et à se préparer à la diapause hivernale. La vie de l'insecte se limite à une seule génération. Au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, il arrive parfois que les nouveaux adultes émergent assez tôt pour s'accoupler, pondre des oeufs et produire une deuxième génération partielle. Toutefois, les adultes qui s'accouplent cessent rapidement de pondre des oeufs et commencent à se préparer pour l'hiver. La deuxième génération partielle se développe habituellement trop tard dans la saison pour avoir un effet considérable sur le rendement des pommes de terre dans ces provinces.

Dommages aux cultures Les adultes et les larves se nourrissent principalement sur le feuillage et pratiquent des trous irréguliers à l'intérieur et en bordure de la feuille, mais ils attaquent aussi les tiges. Les grandes populations peuvent défolier totalement les plants sur d'importantes superficies du champ. Une grande offensive alimentaire durant la saison de végétation peut diminuer le rendement, surtout au moment de la floraison. En général, une réduction de la surface de la feuille rend les plants de pomme de terre moins aptes à produire dans le tubercule les éléments nutritifs requis pour l'entreposage.

Lutte antiparasitaire
Dépistage - On peut évaluer la densité des oeufs, des larves et des insectes adultes grâce au dénombrement visuel sur un nombre établi de plants complets ou de tiges choisis au hasard dans différentes parties du champ. Il n'existe pas actuellement de seuil d'intervention précis. L'application de mesures antiparasitaires est fondée uniquement sur des observations empiriques, et l'intervention est recommandée dans la région de l'Atlantique lorsqu'on observe en moyenne deux larves par plant sur 12 mètres de rang. Des travaux sont en cours au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et au Québec pour établir des seuils d'intervention. Les résultats disponibles indiquent qu'une intervention n'est pas justifiée lorsque la densité de doryphores est très faible, et que le seuil d'intervention dépend de l'importance de la population et d'autres facteurs préjudiciables à la culture.

Pratiques culturales - À part les insecticides, la rotation culturale est une des rares techniques de lutte disponibles aux producteurs de pommes de terre. La rotation contribue effectivement à réduire beaucoup les populations de doryphores, en plus de regrouper les insectes en périphérie du champ où il est possible de faire un traitement insecticide localisé. Les producteurs ne sont pas tous en mesure d'appliquer la rotation, car certains n'ont pas la superficie voulue et les cultures alternantes ne sont pas aussi rentables que les pommes de terre. Dans ce cas, il est préférable de ne pas planter de pommes de terre dans les champs où la population de doryphores adultes était élevée à la fin de la dernière saison de végétation.

Lutte biologique - Les populations de doryphores de la pomme de terre sont rarement décimées par les prédateurs indigènes comme les carabes Lebia et Pterostichus sp., la punaise bimaculée Perillus bioculatus (Fabricius), la coccinelle Coleomegilla maculata (DeGeer) et le parasite Myiopharus doriphorae (Riley) [syn. Doryphorophaga doryphorae (Riley)]. Des toxines à base de Bacillus thuringiensis (Berliner) ont été homologuées pour un usage commercial, et elles devraient donner de bons résultats à cause de leur spécificité pour le doryphore de la pomme de terre.

Lutte chimique - Il existe un grand nombre d'insecticides systémiques et foliaires. On demande toutefois aux producteurs de ne recourir à ces moyens chimiques qu'en cas de nécessité et de varier leur choix d'insecticides parmi les divers produits accessibles.

Au Nouveau-Brunswick, l'adaptation génétique de l'insecte pour résister aux produits antiparasitaires est observée à beaucoup d'endroits et pour un nombre croissant de populations. On ne connaît pas le degré de résistance aux insecticides dans les autres provinces. Lorsque la population de doryphores est suffisamment grande, il faut appliquer au début de la saison des traitements insecticides localisés sur les feuilles pour combattre les insectes adultes. Les produits efficaces contre les larves doivent être appliqués surtout à la floraison lorsque le traitement est jugé nécessaire, ainsi qu'à la fin de la saison de végétation pour détruire les insectes adultes lorsque la population est trop nombreuse. Il faut appliquer tôt et régulièrement l'insecticide bactérien une fois que l'éclosion est en cours, et poursuivre le traitement jusqu'à la disparition totale des petites larves.