Des brèches hydrothermales et des roches intrusives entrecoupant la séquence Intracaldeira sont associées aux gîtes du mont Pleasant. Les diverses phases de granite et les fluides ayant produit les gîtes minéraux proviennent probablement d'un refroidissement in situ (c.-à-d. sans éruption) du magma anorogénique hyperalumineux, causé par une cristallisation fractionnée convective (schéma), selon une expression inventée par Rice (1981). Des calculs du bilan de masse révèlent que dans les conditions susmentionnées, de petits volumes (de 10 à 20 km3) de magma ayant une composition initiale semblable à la Formation de Little Mount Pleasant pourraient avoir fourni des quantités de métaux et de fluide capables de produire les gîtes du mont Pleasant.
Roches hôtes
Les roches hôtes de l'intracaldeira ont été fortement bréchifiées, altérées et minéralisées dans deux secteurs du mont Pleasant, désignés à titre de zone Nord et de zone Fire Tower (schéma). Dans les deux secteurs, les brèches et les roches intrusives connexes forment des complexes en cheminée à peu près verticaux et irréguliers qui ont constitué des centres d'intrusion subvolcanique et d'acivité hydrothermale connexe. Les brèches varient de la roche supportée par la matrice à fragments arrondis à la roche supportée par des clastes à fragments principalement anguleux. Les fragments et la matrice ont tous deux été considérablement altérés et il est difficile de repérer les protolites de fragments en maints endroits.
Les liens de contact et la distribution des diverses phases granitiques du secteur du mont Pleasant (schéma) ont été déterminés à partir de carottes et d'affleurements dans des exploitations souterraines. Ces unités ont été désignées, de la plus ancienne à la plus récente, Granite I, Granite II et Granite III, noms désignant le granite à grains fins, le porphyre granitique et le granite porphyrique, respectivement. Tous sont considérés comme des éléments du porphyre du Mont Pleasant.
On considère que les Granites I, II et III représentent des stades de refroidissement successifs d'un même corps magmatique. Le Granite I se manifeste sous forme de masses irrégulières intimement associées aux brèches hydrothermales. Ses zones de contact avec les brèches sont communément progressives et les fragments du Granite I abondent par endroits à l'intérieur des brèches. Le Granite I se présente généralement sous forme de granite à grains fins isogranulaire dans des spécimens relativement peu altérés. Les caractéristiques texturales du Granite I ont toutefois été obscurcies par une altération à silice ou en chlorite envahissante.
Le Granite II repose progressivement sur le Granite I, bien que des masses ayant l'aspect de dykes du Granite II aient localement pénétré le Granite I et les brèches sus-jacentes. Les dykes de porphyre rubané qui affleurent à la surface proviennent probablement du Granite II. La texture du Granite II varie d'aplitique à porphyrique. Des parties du Granite II renferment une abondance de miaroles et des couches de quartz en dents de peigne. Ces couches constituent des couches parallèles à subparallèles dans lesquelles des cristaux de quartz sont orientés à peu près perpendiculairement aux plans de stratification. Elles représentent un type de texture au sein d'une famille de textures de solidification unidirectionnelles (TSU) associées à des magmas surfondus ou saturés de fluide.
Le Granite III forme une vaste masse qui repose progressivement sous le Granite II et qui pénètre localement les Granites I et II. Les zones de contact sont communément nettes et elles sont marquées en nombre d'endroits par de minces couches (de 0,5 à 2 cm de largeur) de TSU, principalement du feldspath potassique, dans le Granite III. Ce dernier varie d'un granite porphyrique pegmatitique isogranulaire de grains fins à moyens. Les miaroles remplies de séricite à grains très fins abondent localement.
L'âge absolu des roches granitiques du mont Pleasant, collectivement appelées porphyre du Mont Pleasant, est incertain. Elles doivent être plus récentes que la séquence Exocaldeira du groupe de Piskahegan, dont l'âge est restreint par une datation radiométrique U-Pb de 363,4 ± 1,8 Ma de la rhyolite du rocher Bailey. Des études K-Ar et Rb-Sr révèlent un âge du Mississippien tardif de 340 à 330 Ma. Une datation K-Ar de 361 ± 9 Ma de cornéennes de biotite dans la brèche sédimentaire reposant sur le Granite III semble toutefois confirmer un âge du Dévonien tardif-Mississippien précoce.
Gîtes minéraux
La minéralisation du secteur du mont Pleasant est granitique. Les gîtes de tungstène-molybdène semblent apparentés au Granite I; les gîtes d'étain sont principalement rattachés au Granite II et sont associés à des dykes porphyriques. Seules quelques zones d'étain isolées ont été trouvées à l'intérieur du Granite III.
Gîtes de tungstène-molybdène : Les ressources dans la zone Fire Tower avant l'extraction totalisaient 22,5 millions de tonnes d'une teneur de 0,21 % de W, 0,10 % de Mo et 0,08 % de Bi (Parish et Tully, 1978); environ 11 millions de tonnes de matières de teneur similaire sont présentes dans la zone Nord. Ces ressources comprennent un gîte à forte teneur dans la zone Fire Tower qui renferme 9,4 millions de tonnes titrant 0,39 % de WO3 et 0,20 % de MoS2 (Kooiman et coll., 1986). Au cours des deux années d'extraction de ce gîte, de 1983 à 1985, la mine du mont Pleasant a produit plus de 2 000 tonnes de concentré d'une teneur de 70 % de WO3 à partir d'environ un million de tonnes de minerai.
Les gîtes de tungstène-molybdène sont principalement inclus dans la brèche, le Granite I et, dans une proportion moindre, des roches encaissantes associées. Les gîtes sont constitués de fractures minéralisées, de filonnets de quartz et de minéralisations disséminées dans la matrice de la brèche. La wolframite et la molybdénite constituent les principaux minéraux métallifères; des quantités secondaires de bismuth et de bismuthinite sont également présentes. Le quartz, la topaze, la fluorite, l'arsénopyrite et la loellingite constituent les principaux minéraux de la gangue.
L'altération associée aux gîtes de tungstène-molybdène se présente sous plusieurs types différents. Une silicification ou une greisenisation intense et envahissante se manifeste à l'intérieur et au-dessus des zones à forte teneur de tungstène-molybdène. Ce type d'altération se caractérise par le remplacement complet ou quasi complet des roches hôtes par du quartz, de la topaze et de la fluorite. L'altération passe vers l'extérieur à une silicification moins intense se limitant essentiellement à des salbandes étroites sur les fractures minéralisées et les filonnets de quartz. Le quartz, la biotite, la chlorite et les quantités restreintes de topaze constituent les principaux minéraux de ce stade d'altération, qui s'étend latéralement jusqu'à 100 mètres au-delà des zones à forte teneur de tungstène-molybdène. Une propylitisation constituée de chlorite et de séricite entoure la silicification et s'étend sur plus d'un millier de mètres avant de se transformer en roche relativement peu altérée.
Gîtes d'étain-indium : Des gîtes d'étain-métaux communs sont présents sous forme de filons polymétalliques riches en sulfures et d'amas de remplacement, se superposant sur la minéralisation de tungstène-molybdène. La sphalérite, la chalcopyrite, l'arsénopyrite et la cassitérite constituent les principaux minéraux métalliques; elles sont associées à de la chlorite, de la fluorite et un assemblage complexe de sulfures et de sulfo-arséniures, notamment de la loellingite, de la galène, de la pyrite, de la marcasite, de la molybdénite, de la tennantite, de la bornite, de la bismuthinite, de la wittichénite et de la roquesite.
La majorité des gîtes d'étain potentiellement économiques sont présents dans la zone Nord à une profondeur de 200 à 400 mètres sous la surface. Ils comprennent les gîtes de la zone Deep Tin, Contact Crest, Contact Flank et de la zone Endogranitique (schéma). La zone Deep Tin est un gîte irrégulier relativement étendu constitué de cassitérite disséminée et contrôlée par des fractures dans de la brèche silicifiée et chloritisée ainsi que dans le Granite I. Les autres minéraux associés à la cassitérite comprennent de l'arsénopyrite, de la sphalérite, de la chalcopyrite et de la galène. Les gîtes Contact Crest et Contact Flank sont principalement présents dans de la brèche ou d'autres roches hôtes associées à l'intérieur de la zone de contact supérieure ou le long des côtés du Granite II. Le gîte de la zone Endogranitique, par contre, est surtout présent à l'intérieur du Granite II. Dans ces gîtes, la cassitérite est présente sous forme de grains finement disséminés ainsi que sous forme de grains fins à moyens dans des filons ou des filonnets et le long de fractures. Les minéraux connexes comprennent l'arsénopyrite, la sphalérite, la chalcopyrite, la pyrite et la pyrrhotite. La chlorite, la fluorite, le quartz, la topaze et la séricite constituent les principaux minéraux d'altération. Les liens de recoupement révèlent que jusqu'à six stades d'altération et de minéralisation peuvent être présents. Les ressources inférées et indiquées dans les gîtes de la zone Nord totalisent 4,8 millions de tonnes d'une teneur de 0,82 % de Sn et de 129 g/t d'In (Sinclair et coll., 2006, leur tableau 1).
Certains des gîtes polymétalliques stannifères de la zone Fire Tower abritent des quantités substantielles d'indium, dont les teneurs varient entre 50 à 300 g/t d'In. L'indium est principalement présent sous forme de solution solide dans la sphalérite et, dans une proportion moindre, dans la chalcopyrite et la stannite. Les ressources inférées et indiquées dans la zone Fire Tower totalisent 0,28 million de tonnes d'une teneur de 0,30 % de Sn et de 207 g/t d'In (Sinclair et coll., 2006, leur tableau 1).