Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Extraits de Mi’kmaq & Maliseet:
First Nations of the Maritimes, par Robert Leavitt

Un puion (Mi'kmaq) ou motewolon (Malécite) était un homme ou une femme qui avait le pouvoir de communiquer avec le monde occulte.

Les puoins transportaient habituellement un sac de guérisseur contenant des os, des cailloux, des figurines sculptées et d'autres objets sacrés qui les aidaient à se servir de leurs pouvoirs extraordinaires. Ils étaient en mesure de repérer le gibier et le poisson, de prédire la météo et de savoir ce que d'autres personnes influentes faisaient.

 

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À l'aide de médicaments et de cérémonies, ils pouvaient guérir un malade ou réparer les torts causés par d'autres personnes possédant des pouvoirs semblables. Les gens de la communauté respectaient les puoins , les motewolons et les kinaps/ginaps et leur donnaient des cadeaux pour les remercier de leur aide.

Parfois, de jeunes garçons et filles qui semblaient posséder des pouvoirs particuliers allaient vivre avec un puion , un motewolon ou un kinap/ginap pour apprendre son métier.

Un kinap ou ginap (GI-nahb; signifie littéralement " grand homme ") est une personne qui possède une force ou des qualités extraordinaires. Si une communauté était en conflit avec un peuple avoisinant, les kinaps/ginaps donnaient des conseils et dirigeaient des raids.

Les Mi'kmaqs et les Malécites n'ont probablement jamais déclaré de guerres contre d'autres peuples. Toutefois, ils se querellaient avec ceux qui avaient insulté ou blessé un membre de leur famille ou un ami. Plus tard, les kinaps/ginaps sont devenus des capitaines.

Un saqamaw (ZAH-h'm-ow; Mi'kmaq) ou sakom (ZAH-g'm; Malécite) était un homme hautement respecté de la communauté à qui l'on demandait conseil. Aujourd'hui, ces mots signifient chefs, alors que les premiers visiteurs européens décrivaient souvent les saqamaws comme des rois, et les considéraient comme des commandants.

Autrefois, les dirigeants Mi'kmaqs étaient plutôt des membres de la communauté qui inspiraient du respect à leurs pairs et qui avaient une influence sur eux, mais n'avaient aucun pouvoir. Ils ne pouvaient dicter aux autres quoi faire.

Les Européens croyaient que le fils d'un saqamaw ou sakom deviendrait automatiquement chef lui-même s'il possédait les qualités requises.

En fait, un jeune homme demeurant avec le chef possédait habituellement les qualités requises, mais n'était pas nécessairement le fils du chef. Le chef appelait plusieurs jeunes garçons ses fils, dont ses propres fils, ses neveux, les fils de ses cousins germains et ses fils adoptifs.

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Leadership politique et spiritualité

Pour le peuple Mi'kmaq, le gouvernement, la politique, l'économie et la spiritualité sont tous interreliés. Par conséquent, le Grand conseil se charge également du bien-être spirituel du peuple Mi'kmaq.

Plusieurs de ses responsabilités spirituelles sont reliées à la pratique du catholicisme au sein de la Nation micmaque. Par exemple, les célébrations de la Fête de Sainte-Anne ont lieu chaque année en juillet sur l'île Chapel.

En fait, depuis le baptême du grand chef Membertou par le père Jesse Fleche à Port-Royal en 1610, les Mi'kmaqs entretiennent une relation particulière avec l'Église. Cette relation a été définie dans un concordat, ou traité, conclu entre le Grand conseil et le pape. Les Mi'kmaqs ont alors accepté de protéger les prêtres et les colons catholiques français.

En retour, l'Église catholique a accordé certains pouvoirs religieux à la Nation micmaque. Puisque l'Église concluait ce genre d'entente uniquement avec des gouvernements nationaux, le concordat confirmait la souveraineté des Mi'kmaqs. Le catholicisme est donc devenu la religion de la Nation micmaque.

Le concordat a été immortalisé sur une immense ceinture wampum. L'Église y est représentée par des clés croisées, soit le symbole du Saint-Siège, une église et un passage de l'Évangile transcrit en écriture hiéroglyphique micmaque.

Le Grand conseil est représenté par des lances croisées, un capitaine armé, un calumet, une flèche, ainsi que sept collines, représentant les sept districts du territoire Mi'kmaq. Au centre de la ceinture se trouve une image d'un chef et d'un prêtre tenant une croix ensemble, le chef ayant une bible dans les mains.

Grand Conseil de la nation Micmaque

Le Grand conseil constitue la forme traditionnelle de gouvernement autochtone au sein de la Nation micmaque. Il réunit sept districts de Mi'gmagig (mig-MAH-gig; territoire Mi'kmaq), comprenant la Péninsule gaspésienne (Québec), le nord et l'est du Nouveau-Brunswick, toute la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard, ainsi que l'île de Terre-Neuve.

Dans le passé, le gouvernement était composé de chefs locaux, choisi par les clans (groupes de familles élargies) vivant dans chaque district.

Ces dirigeants nommaient à leur tour un capitaine, ou chef de district, qui représentait le district au sein du Grand conseil, appelé Sante' Mawiomi (zahn-TEH- mah wi-OH-mi; ou " rassemblement sacré ") en langue micmaque.

Le Grand conseil orientait le peuple Mi'kmaq et défendait le territoire de la Nation.

Il existe trois postes de direction au sein du Grand conseil, soit le grand chef, ou chef d'État, le grand capitaine, ou directeur du conseil, et le Putu's (boo-DOOZ), ou lecteur du wampum, qui est le gardien des lois de la Nation et des traités conclus avec les autres Nations.

De plus, un smagn'ss (z'-MAH-g'-n'ss, qui signifie " soldat " ou " porteur de bouclier ") protégeait le peuple. Les titres de chef local et de grand chef étaient légués aux membres de la génération suivante d'une même famille ou d'un même clan Mi'kmaq. Parfois, une autre personne était élue si aucun membre de la famille ne se croyait capable d'occuper le poste.

Le gouvernement traditionnel et ces postes de direction existent toujours. Le Grand conseil remplit un rôle gouvernemental et spirituel.

De nos jours, le Grand conseil compte un représentant pour chaque communauté micmaque, au lieu de chaque district. Quelques communautés n'ont pas de capitaine actif, mais le taux de participation augmente depuis quelques années.