Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Ces problèmes sont associés aux tubercules qui grossissent très rapidement lorsqu'une période de pluie suit une période de sécheresse, que l'engrais est mal placé ou que la culture est éparse dans les champs. Certaines variétés sont plus vulnérables que d'autres à ce genre d'affection : la Kennebec est très sensible aux coeur creux et la Russet Burbank, au bossellement. On réduit ces malformations avec une bonne densité de culture, une fertilisation appropriée et le défanage au moment propice.

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Coeur creux

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crevasses de croissance

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bossellement

Dégâts causés par le froid

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Le froid peut causer des dégâts aux tubercules : ils gèlent ou sont endommagés par une longue exposition à des températures un peu supérieures au point de congélation. Les symptômes varient de taches grises ou noires dans les tissus à la décoloration brune de l'anneau vasculaire. Les tubercules exposés à de basses températures donnent des frites et des croustilles de couleur foncée, et ils tournent souvent au gris ou au noir pendant la cuisson à l'eau.

Gerçures coup-d'ongle

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Ces gerçures se produisent au moment de la récolte ou à l'entreposage, et elles ont l'aspect d'un ongle de pouce qui aurait été enfoncé dans le tubercule. Cette affection est causée par une manipulation brutale ou par une trop faible humidité à la récolte ou à l'entreposage.

Germination introrse

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Il arrive que des germes poussent à l'intérieur du tubercule et le font éclater, ce qui provoque la formation de petits tubercules internes. La germination introrse est causée par un entreposage à plus de 16oC qui accélère le vieillissement physiologique du tubercule, ou par l'application de faibles concentrations d'un produit chimique antigerminatif (chlorpropham).

Tubercules en chapelet

Il peut se former directement des tubercules en chapelet dans l'entrepôt ou après la plantation. Ce trouble physiologique est causé par un entreposage à plus de 16oC ou par la plantation des tubercules dans un sol froid et sec, et il se traduit par des touffes manquantes dans le champ. Les semences physiologiquement âgées des variétés Sebago et Bintje ont fréquemment ce problème.

 

Verdissement des tubercules

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Les tubercules peuvent verdir lorsqu'ils sont exposés au soleil ou à la lumière artificielle dans l'entrepôt et au supermarché, et il s'agit d'un problème grave dans le cas des pommes de terre de consommation. Le verdissement peut être causé par la formation d'un ou plusieurs glycoalcaloïdes toxiques et amers au goût. Il arrive que les tubercules ne verdissent pas mais qu'ils accumulent quand même un taux élevé de glycoalcaloïdes par suite d'une exposition à des températures proches du point de congélation, d'une mauvaise manipulation et d'une attaque par le doryphore de la pomme de terre. La plupart des glycoalcaloïdes se trouvent dans la pelure et les yeux du tubercule, et on s'en débarrasse à l'épluchage. Il est possible de prévenir le verdissement avec un bon buttage, le choix de cultivars dont la tubérisation n'a pas lieu près de la surface du sol, une humidité suffisante pour prévenir la fissure du sol et un entreposage dans l'obscurité.

Anomalies génétiques

Les sauvageons sont des plants de pommes de terre qui produisent des feuilles plus vertes, qui fleurissent rarement et qui ont de nombreuses tiges et beaucoup plus de tubercules que la normale. Les sauvageons duveteux sont une autre variante de ce problème. On ne connaît pas les causes de cette anomalie, et on le règle en éliminant ces plants au stade de la certification des semences. La butte géante est une autre anomalie qui provoque une maturité plus tardive que la normale, la pousse de plants très gros et vigoureux et la production de nombreuses fleurs. Les tubercules de ces plants sont habituellement peu nombreux et grossiers. La cause de cette anomalie est inconnue, et on s'en débarrasse par l'épuration. Ces anomalies sont rares au Canada atlantique.

Troubles nutritifs

Il peut se produire une baisse de rendement lorsqu'il y a une absence ou une carence de macro-éléments fertilisants essentiels à une croissance normale, comme l'azote, le phosphore, le potassium, le soufre, le calcium et le magnésium. La carence en magnésium est répandue dans les sols grossiers et acides des Maritimes. Les oligo-éléments généralement considérés comme essentiels sont le bore, le chlore, le cuivre, le fer, le manganèse, le molybdène et le zinc. Certains ou la totalité de ces oligo-éléments sont parfois en quantité insuffisante, et les symptômes de carence peuvent être semblables à ceux d'une ou de plusieurs maladies infectieuses ou non.

En plus des carences, les autres facteurs qui peuvent réduire beaucoup le rendement dans les cultures de pommes de terre sont un surplus d'oligo-éléments comme le bore, l'aluminium et le manganèse, particulièrement dans les sols acides dont le pH est de 5 environ.

Dégâts causés par les herbicides

La dérive d'herbicides dans un champ de pommes de terre en croissance ou les résidus de certains herbicides présents dans le sol peuvent causer d'importantes pertes de rendement. Certains cultivars de pommes de terre (p. ex. Shepody) sont très sensibles aux herbicides qui persistent dans le sol. Dans les sols traités avec ces produits chimiques au cours des dernières années, surtout avec le picloram, il peut se produire une grande perte de rendement, une déformation des tubercules et une décoloration du talon. Ces produits peuvent être absorbés par les pommes de terre de semence, et elles continuent de présenter des symptômes de dégâts causés par les herbicides même après plusieurs générations.

Brunissement du talon

Tous les cultivars peuvent être atteints par cette maladie. Le brunissement se limite généralement à un centimètre à l'extrémité du talon du tubercule. Il se manifeste quand les fanes sont détruites rapidement par le gel, des produits chimiques, l'arrachage ou autres.

Coeur noir

Les tubercules privés d'oxygène en période de croissance ou d'entreposage peuvent souffrir du coeur noir, de même que les tubercules entreposés à une température trop élevée ou trop basse. La maladie progresse plus rapidement à des températures élevées. Les tubercules cultivés dans les zones basses et humides du champ peuvent aussi être atteints du coeur noir. Une bonne température d'entreposage et une aération suffisante donnent de bons résultats contre cette maladie.

Tache noire

La tache noire est une décoloration sous la peau des pommes de terre endommagées pendant la manipulation mécanique.  Elle se situe principalement sur le talon du tubercule et se produit sans aucun signe apparent de lésion externe, sans même que la peau soit coupée ou entamée. Les zones affectées présentent une couleur variant de bleu gris à brun ou noir.

Une basse température du sol à l'arrachage augmente les risques de dégât par les machines, et il faut prendre des précautions spéciales lorsqu'elle baisse au-dessous de 9oC. On réduit la vitesse générale de l'arracheuse à mesure que la température baisse et rend les tubercules plus sensibles aux meurtrissures.

De récents travaux ont indiqué que le rapport entre la vitesse des chaînes et la vitesse d'avancement de l'arracheuse influe sur l'ampleur des dégâts. La vitesse de l'arracheuse doit être suffisante pour garder les chaînes remplies, sans toutefois atteindre le point où les tubercules roulent vers l'arrière.

La sensibilité des tubercules à la tache noire varie d'après les saisons et les cultivars. Les nombreuses recherches n'ont pas encore permis de découvrir les véritables causes de la sensibilité à la tache noire, mais la fermeté et la température des tubercules pendant les manipulations jouent un rôle important, et la sensibilité augmente lorsque les tissus ramollissent. Bref, la tache noire ne se manifeste que sur les tubercules qui ont subi un contact pouvant causer une meurtrissure.

Comme les meurtrissures peuvent se produire à l'arrachage, au classement et à l'emballage, on doit toujours s'efforcer de réduire toutes les possibilités de choc. Tout indique que l'on peut enrayer la tache noire dans l'entrepôt en prenant les mesures convenables pour empêcher la diminution de la masse et en réchauffant les tubercules à 10oC avant de les classer en dehors de l'entrepôt.

Meurtrissures de compression

Ce genre de meurtrissure est causé par la dessiccation partielle des tubercules dans l'entrepôt, et cette dessiccation est attribuable à la température et l'humidité dans l'entrepôt, à la circulation de l'air dans les tas de pommes de terre, au degré de germination et à l'importance des meurtrissures causées par les machines.

Moyens de limiter les meurtrissures de compression

  1. Après la période de cicatrisation, refroidir l'entrepôt à la température souhaitée en utilisant toute la capacité du système d'aération. On procède à l'aération seulement lorsque la température extérieure est plus basse que celle à l'intérieur.
  2. Lorsque la température souhaitable est atteinte, faire fonctionner le système par intermittence et n'utiliser que la quantité d'air minimale requise pour maintenir la température.
  3. Les blessures de compression ne causent pas de problème quand l'humidité relative de l'air ventilé ne descend pas au-dessous de 90 %.
  4. Il vaut probablement mieux ajouter de l'humidité à l'air d'aération lorsqu'on ne peut maintenir l'humidité relative au-dessus de 90 %.
  5. Vérifier quotidiennement la température et l'humidité. À cette fin, il est bon de se procurer un petit psychromètre portatif précis pour vérifier l'humidité relative.

Autres risques possibles

Les feuilles et les tubercules des pommes de terre peuvent subir d'autres dégâts non parasitaires causés par des éléments comme les polluants atmosphériques (oxydes de soufre et ozone), les toxines de certains insectes (psylle), une carence en oxygène dans le sol ou une basse température; les fanes et les tubercules peuvent être affectés par une température élevée, et des dégâts peuvent être produits par le vent, la grêle et la foudre. Il s'agit de risques occasionnels qui ne causent pas de grandes pertes, et ils ne sont pas traités dans le présent guide.