Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Extraits de Mi’kmaq & Maliseet:
First Nations of the Maritimes, par Robert Leavitt

Les peuples autochtones de l'Amérique du Nord croient, en général, qu'il y a une place spécialement réservée pour eux sur la terre. Dans les Maritimes, Glooskap (GLOUS-kahb), un parent de tous les Malécites et les Mi'kmaqs, a préparé la terre que devaient occuper ses peuples. Il aurait ensuite décoché des flèches sur des bouleaux et des frênes, d'où hommes et femmes seraient sortis pour occuper la place qui leur revenait parmi les arbres et les cours d'eaux, les animaux et les plantes ainsi que la multitude d'êtres peuplant ces lieux.

Les Amérindiens entretiennent un contact spirituel avec la terre. Leurs croyances apportent des réponses à leurs questions concernant leur place sur cette terre, la terre à laquelle ils appartiennent, les frontières de leur place dans le temps et l'espace.

Que trouve-t-on au-delà des limites perceptives des humains, à la frontière des cinq sens (vue, ouïe, toucher, goût et odorat)? Que se passe-t-il après la mort? Comment les humains sont-ils interreliés les uns avec les autres? Quelles sont les normes et les valeurs qui caractérisent une " bonne " vie?

La perception qu'ont les Autochtones d'eux-mêmes à titre de nation ou de groupe distinct est fortement liée à l'endroit où ils habitent. Les noms que se donnent les nations et les peuples amérindiens font souvent référence à cet endroit.

Les Malécites se nomment Wolastoqiyik (w'lahs-t'-GWI-ig), " le peuple du beau fleuve " car ils occupent les bords du fleuve Saint-Jean. Les Indiens passamaquoddys s'appellent Pestomuhkatiyik (bès-t'-mou-KAH-di-ig), " le peuple du lieu où l'on pêche la goberge ", c'est-à-dire la baie Passamaquoddy.

Entre eux, les Malécites et les Mi'kmaqs se servent d'appellations qui veulent simplement dire " le peuple ", ou " les Indiens ". Par exemple en malécite on utilise skicinuwok (ski-JI-nou-w'g), dérivé d'une racine signifiant " à la surface (de la terre) ", et les Mi'kmaqs disent lnu'g ('L-noug) ou nnu'g ('N-noug), dont l'étymologie nous ramène à un mot signifiant " ordinaire ".

Spiritualité et appartenance

Pour comprendre la spiritualité malécite et micmaque, il faut connaître Glooskap de même que ses réalisations héroïques. Ce personnage qui habitait autrefois les Maritimes et qui vit maintenant au loin est doté de pouvoirs titanesques.

Malgré sa grande puissance, certains ennemis lui donnaient parfois du fil à retordre, mais il réussissait toujours à vaincre les puissances maléfiques qui l'affrontaient. Glooskap a des liens de parenté avec tous les membres du peuple Wabanaki.

C'est pourquoi il a toujours été chaleureux et généreux envers eux. Glooskap a vaincu les puissantes forces du chaos et a ramené l'ordre dans le monde pour le rendre habitable. La parenté du peuple avec Glooskap confirme leur croyance sacrée, perpétuée depuis la nuit des temps, que la Terre de l'aube (la région des Maritimes) leur a été donnée.

Les transformations de Glooskap, qui a délivré le monde du désordre, sont riches d'enseignements sur la perception qu'avaient les Malécites et les Mi'kmaqs de leur relation avec le monde connu ainsi qu'avec le monde spirituel, invisible dont ils connaissaient l'existence.

Les récits des exploits de Glooskap aident à expliquer le sentiment intense et sacré d'appartenance à la nature qui demeure profondément ancré dans la spiritualité autochtone.

Les rituels

Les rituels révèlent la nature des croyances religieuses d'un peuple. Les rituels constituent une expression directe des croyances, comme un service religieux, ou une expression symbolique, comme un baptême.

Les prières sont une forme de rituel fondée sur la croyance que des êtres divins nous écoutent. Les mariages et les funérailles, le bénédicité avant les repas, les processions et les pèlerinages, ainsi que le chant d'hymnes sont tous des exemples de rituels.

La cérémonie de purification est un rituel Mi'kmaq et malécite très connu de nos jours. Elle consiste à faire brûler du foin d'odeur et à en répandre la fumée sur le corps en vue de purifier l'âme et l'esprit.

Les rituels peuvent être des cérémonies simples ou complexes, privées ou collectives. La plupart des religions associent des rituels à des périodes de transition (naissance, passage à l'âge adulte, mariage, mort), à des activités saisonnières (solstices, plantation et récolte), ainsi qu'à des crises imprévues (maladies, sécheresse, famine).

Certains rituels servent à implorer des êtres divins ou spirituels pour obtenir de l'aide. D'autres visent à se servir de cette aide pour guérir un malade ou garantir des conditions favorables à la chasse ou à la plantation.

Autrefois, les Mi'kmaqs, après avoir tué un ours, organisaient une cérémonie complexe avec sa carcasse. Ils construisaient même une porte spéciale pour pouvoir la rentrer dans la maison. Ils ne voulaient pas risquer d'offusquer l'ours qui, selon eux, possédait des pouvoirs extraordinaires.

La chasse a toujours été une activité sacrée pour les Mi'kmaqs, même si ce n'est plus le cas pour la majorité des chasseurs de nos jours.

Dans les temps modernes, pendant que le cercueil est abaissé dans la tombe aux funérailles de Malécites ou de Passamaquoddys, un aîné chante un hymne en langue autochtone dont les paroles sont si anciennes que beaucoup d'entre elles ne font plus partie du vocabulaire général. Cet exemple démontre bien la puissance et la longévite de certaines formes de rituels.