Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Les nématodes phytophages sont de petits animaux en forme de ver d'environ 1 mm de longueur qui vivent dans le sol et se nourrissent des racines des plantes, quoique certaines espèces attaquent les parties aériennes de la plante. La plupart des nématodes ne causent pas de grandes pertes économiques, mais quelques espèces sont d'importants ravageurs qui entraînent parfois la destruction totale de la culture. Comme ils s'attaquent généralement aux parties souterraines de la plante, les feuilles ne présentent pas de symptômes précis indiquant que les nématodes sont la principale cause d'une mauvaise croissance et d'une baisse de rendement dans les cultures de pommes de terre. Les dégâts causés par les nématodes dans les racines prennent la forme de lésions, de kystes ou de gales. Les racines sont toutefois envahies quelques semaines plus tard par d'autres agents pathogènes comme les bactéries et les champignons, et il est alors difficile de reconnaître les dégâts causés par les nématodes à l'origine. Ainsi, l'action des nématodes est fréquemment attribuée à d'autres facteurs.

Les pertes de rendement causées par les nématodes dans les cultures de pommes de terre n'ont pas été évaluées au Canada, mais on a estimé qu'elles s'élevaient annuellement à 10 % de la culture aux États-Unis. On peut donc raisonnablement supposer que ce taux de perte s'applique aussi au Canada et à la région de l'Atlantique.

Nématodes des racines
Pratylenchus penetrans

Le plus important nématode parasite des pommes de terre du nord-est des États-Unis et de l'est du Canada est le nématode des racines Pratylenchus penetrans. Plusieurs autres espèces de nématodes des racines s'attaquent aux pommes de terre, mais ils ne causent pas de grands dégâts ou n'ont pas été détectés dans la région de l'Atlantique.

Les nématodes des racines pénètrent et circulent dans les racines des pommes de terre, mais les tubercules sont parfois envahis lorsque les populations de nématodes sont très grandes. Les femelles adultes pondent des oeufs dans les racines ou dans le sol. Les jeunes nématodes éclosent au deuxième stade de développement; ils envahissent les racines et passent ensuite par le troisième et le quatrième stade avant de devenir adultes. Les nématodes aux deuxième, troisième et quatrième stades ainsi que les adultes mâles et femelles peuvent tous pénétrer et circuler dans les racines. Un cycle biologique complet s'échelonne sur vingt à soixante jours, et la durée est surtout fonction de l'état de la plante hôte et de la température du sol. Les plus grands dégâts sont enregistrés dans les sols sableux, car ils sont les préférés des nématodes et conviennent bien à la culture des pommes de terre. Les symptômes sur les parties aériennes des plantes causés par de grandes populations de nématodes à racines sont quelquefois pris à tort pour une carence en eau ou en éléments nutritifs.

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Femelle du nématode
des racines

Lutte
Les nématodes des racines ont un grand nombre de plantes hôtes, et la rotation culturale ne parvient pas beaucoup à réduire les populations. Il semble toutefois que le ray-grass annuel accueille moins de nématodes des racines que la fléole des prés ou le trèfle rouge. Le soja abrite souvent de grandes populations de nématodes, et il ne faut pas le cultiver durant l'année qui précède la plantation d'un cultivar sensible, comme le Superior. On peut réduire les pertes économiques en incluant dans la rotation des cultivars de culture principale qui sont plus résistants aux nématodes des racines. Aucun des cultivars de pommes de terre utilisés dans la région de l'Atlantique ne résiste parfaitement aux nématodes des racines, mais la perte de rendement des variétés Russet Burbank, Kennebec et Shepody n'est pas si importante que celle de la Superior.

La fumigation avec un nématocide parvient à détruire rapidement les nématodes. Le coût des fumigants et la nécessité d'un matériel d'application spécial sont les principaux inconvénients de cette méthode de lutte chimique. Il faut retarder la plantation de trois à quatre semaines lorsque les traitements sont appliqués au printemps. De plus, il est possible que des résidus de ces produits chimiques restent dans les tubercules ou contaminent l'eau souterraine. Par conséquent, le producteur qui soupçonne la présence de nématodes et qui envisage l'application d'un traitement chimique doit communiquer avec le spécialiste provincial de la lutte antiparasitaire.

Root-knot nematodes
Meloidogyne sp.

Les parasites (Meloidogyne sp.) causent des dégâts sous un climat tempéré, mais ils sont vraisemblablement plus destructeurs sous un climat chaud. Dans les régions où le temps est frais, on considère que les nématodes à galles passent l'hiver principalement au stade de l'oeuf. Au second stade de développement, l'éclosion des oeufs, les jeunes nématodes pénètrent dans les racines des plantes hôtes et passent par les troisième et quatrième stades sédentaires, pour finalement atteindre le stade de mâle migrateur ayant la forme d'un ver ou de femelle sédentaire en forme de poire qui peut produire de 300 à 400 oeufs. Les dégâts sur la partie aérienne des pommes de terre causés par les nématodes à galles peuvent être pris à tort pour une carence en éléments nutritifs ou en eau. Il se forme habituellement des gales sur les racines, et les tubercules peuvent être envahis lorsque les populations de nématodes sont élevées.

La seule espèce de nématodes à galles qui a été détectée dans les cultures de pommes de terre de la région de l'Atlantique est le nématode à galles du Nord Meloidogyne hapla. Les populations n'étaient cependant pas considérables, et elles ont causé peu de dégâts. Cette espèce de nématodes peut surtout être préjudiciable à l'expédition des pommes de terre de semence dans certains pays d'Amérique latine qui ont des restrictions phytosanitaires pour les nématodes à galles.

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Galles sur les racines de pommes de terre causées par le nématode à galles du nord.

Lutte
Les fumigants donnent de bons résultats contre les nématodes à galles. La rotation culturale est aussi très efficace, car M. hapla n'envahit pas le ray-grass annuel, la fléole des prés et les céréales. L'utilisation de ces cultures à la place de légumineuses fourragères dans la rotation prive les nématodes de plantes hôtes pendant au moins une saison de végétation.

Nématodes à kyste du trèfle
Heterodera trifolii

Le nématode à kyste du trèfle (Heterodera trifolii) est un parasite de diverses légumineuses fourragères dans la région de l'Atlantique. Les populations sont habituellement réduites et causent peu de dégâts. La particularité de ce nématode est la transformation de la femelle adulte en kyste rempli d'oeufs qui peut survivre dans le sol plusieurs années. Le nématode à kyste du trèfle ne parasite pas les pommes de terre, mais les kystes présents dans le sol peuvent coller aux tubercules. Plusieurs pays qui importent du Canada des pommes de terre de semence interdisent l'entrée des tubercules atteints par les nématodes à kyste du trèfle.

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Femelles du nématode à
kyste du trèfle sur
racines de trèfle.

Lutte
On peut éliminer en quelques années les populations de nématodes à kyste du trèfle en n'incluant pas de légumineuses fourragères dans la rotation culturale. Aux endroits où les légumineuses sont cultivées en rotation, on empêche dans une certaine mesure que les kystes adhèrent aux tubercules en faisant la récolte lorsque le sol est sec et en nettoyant les pommes de terre pour enlever le surplus de terre.

Nématode à kyste de la pomme de terre
Globodera rostochiensis, Globodera pallida

Globodera rostochiensis (nématode doré) et G. pallida sont d'importants agents pathogènes de la pomme de terre dans diverses parties du monde. Ces deux espèces ont été identifiées dans une zone relativement limitée de Terre-Neuve, mais nulle part ailleurs dans les provinces de l'Atlantique. Comme pour tous les nématodes à kyste, les femelles adultes du nématode doré gonflent et meurent, et leur corps se transforme en tégument résistant qui renferme plusieurs centaines d'oeufs et qui peut survivre dans le sol de nombreuses années.

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Femelles du nématode
à kyste de la pomme de terre
sur racines de pommes de terre.

Lutte
Les nématodes à kyste de la pomme de terre ont un nombre limité de plantes hôtes (pomme de terre, tomate, aubergine, solanacées sauvages). Ainsi, le moyen de lutte le plus pratique consiste à inclure dans la rotation des plantes qui n'abritent pas les nématodes, comme les céréales et les fourrages, et d'utiliser des cultivars de pomme de terre résistants aux nématodes à kyste, comme AC Domino, Atlantic, Belchip, Campbell 13, Cupids, Donna et Hudson. La fumigation donne aussi de bons résultats. Il existe des règlements phytosanitaires qui limitent le déplacement de sol, de machines et de véhicules qui contiennent de la terre et de nombreuses matières végétales, afin de prévenir la propagation des nématodes à kyste de la pomme de terre entre les zones infestées et les zones non infestées de Terre-Neuve et d'autres parties du continent.