Description
Le doryphore adulte mesure environ 10 mm de long et 7
mm de large, et il a le corps un peu bombé. La couleur de sa tête et de son
pronotum varie de brun orangé à jaune, et elle est ponctuée de taches noires de
diverses formes. Les ailes (élytres) sont marquées de dix rayures noires
longitudinales sur fond jaune. On reconnaît les femelles à leur abdomen très
dilaté et à l'absence d'une dépression dans le dernier segment abdominal observé
d'en dessous. Les oeufs jaune orangé sont de forme allongée et généralement
pondus en grappes de trente sur l'envers des feuilles de la plante hôte. Les
larves sont bossues et de couleur rougeâtre, et elles portent deux rangées
longitudinales de taches noires sur les côtés du corps.
Le doryphore de la pomme de terre ne peut être pris pour un autre insecte au
Canada.
Cycle évolutif
Le doryphore adulte passe l'hiver dans le sol des
champs où l'on a cultivé des pommes de terre l'année précédente et dans les
haies adjacentes. Il amorce sa remontée vers la surface lorsque la température
s'élève au printemps, pour faire son apparition à la fin de mai ou au début de
juin et chercher immédiatement une plante hôte. Les insectes se nourrissent
pendant quelques jours puis s'accouplent, et les femelles pondent de 300 à 500
oeufs entre juin et la fin de juillet. Elles passent des plantes âgées à des
plantes jeunes durant cette période. Les larves peuvent donc occuper un champ
pendant trois à cinq semaines à cause de cette longue période de ponte, mais il
ne leur faut que deux à trois semaines pour passer du stade de l'oeuf à celui de
la pupe; ce dernier stade a lieu dans le sol, et l'insecte adulte apparaît une
ou deux semaines plus tard. Les nouveaux insectes adultes ne peuvent s'accoupler
en raison de la mauvaise qualité alimentaire de la plante hôte, du
raccourcissement de la photopériode et des températures relativement basses
durant l'émergence. Ils s'emploient donc à manger et à se préparer à la diapause
hivernale. La vie de l'insecte se limite à une seule génération. Au
Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, il arrive
parfois que les nouveaux adultes émergent assez tôt pour s'accoupler, pondre des
oeufs et produire une deuxième génération partielle. Toutefois, les adultes qui
s'accouplent cessent rapidement de pondre des oeufs et commencent à se préparer
pour l'hiver. La deuxième génération partielle se développe habituellement trop
tard dans la saison pour avoir un effet considérable sur le rendement des pommes
de terre dans ces provinces.
Dommages aux cultures Les adultes et les larves se nourrissent
principalement sur le feuillage et pratiquent des trous irréguliers à
l'intérieur et en bordure de la feuille, mais ils attaquent aussi les tiges. Les
grandes populations peuvent défolier totalement les plants sur d'importantes
superficies du champ. Une grande offensive alimentaire durant la saison de
végétation peut diminuer le rendement, surtout au moment de la floraison. En
général, une réduction de la surface de la feuille rend les plants de pomme de
terre moins aptes à produire dans le tubercule les éléments nutritifs requis
pour l'entreposage.
Lutte antiparasitaire
Dépistage - On peut évaluer la densité
des oeufs, des larves et des insectes adultes grâce au dénombrement visuel sur
un nombre établi de plants complets ou de tiges choisis au hasard dans
différentes parties du champ. Il n'existe pas actuellement de seuil
d'intervention précis. L'application de mesures antiparasitaires est fondée
uniquement sur des observations empiriques, et l'intervention est recommandée
dans la région de l'Atlantique lorsqu'on observe en moyenne deux larves par
plant sur 12 mètres de rang. Des travaux sont en cours au Nouveau-Brunswick, au
Manitoba et au Québec pour établir des seuils d'intervention. Les résultats
disponibles indiquent qu'une intervention n'est pas justifiée lorsque la densité
de doryphores est très faible, et que le seuil d'intervention dépend de
l'importance de la population et d'autres facteurs préjudiciables à la culture.
Pratiques culturales - À part les insecticides, la rotation culturale
est une des rares techniques de lutte disponibles aux producteurs de pommes de
terre. La rotation contribue effectivement à réduire beaucoup les populations de
doryphores, en plus de regrouper les insectes en périphérie du champ où il est
possible de faire un traitement insecticide localisé. Les producteurs ne sont
pas tous en mesure d'appliquer la rotation, car certains n'ont pas la superficie
voulue et les cultures alternantes ne sont pas aussi rentables que les pommes de
terre. Dans ce cas, il est préférable de ne pas planter de pommes de terre dans
les champs où la population de doryphores adultes était élevée à la fin de la
dernière saison de végétation.
Lutte biologique - Les populations de doryphores de la pomme de terre
sont rarement décimées par les prédateurs indigènes comme les carabes Lebia
et Pterostichus sp., la punaise bimaculée Perillus bioculatus
(Fabricius), la coccinelle Coleomegilla maculata (DeGeer) et le parasite
Myiopharus doriphorae (Riley) [syn. Doryphorophaga doryphorae
(Riley)]. Des toxines à base de Bacillus thuringiensis (Berliner) ont
été homologuées pour un usage commercial, et elles devraient donner de bons
résultats à cause de leur spécificité pour le doryphore de la pomme de terre.
Lutte chimique - Il existe un grand nombre d'insecticides systémiques
et foliaires. On demande toutefois aux producteurs de ne recourir à ces moyens
chimiques qu'en cas de nécessité et de varier leur choix d'insecticides parmi
les divers produits accessibles.
Au Nouveau-Brunswick, l'adaptation génétique de l'insecte pour résister aux
produits antiparasitaires est observée à beaucoup d'endroits et pour un nombre
croissant de populations. On ne connaît pas le degré de résistance aux
insecticides dans les autres provinces. Lorsque la population de doryphores est
suffisamment grande, il faut appliquer au début de la saison des traitements
insecticides localisés sur les feuilles pour combattre les insectes adultes. Les
produits efficaces contre les larves doivent être appliqués surtout à la
floraison lorsque le traitement est jugé nécessaire, ainsi qu'à la fin de la
saison de végétation pour détruire les insectes adultes lorsque la population
est trop nombreuse. Il faut appliquer tôt et régulièrement l'insecticide
bactérien une fois que l'éclosion est en cours, et poursuivre le traitement
jusqu'à la disparition totale des petites larves.