D'énormes quantités d'eau sont nécessaires pour la culture de la canneberge. Elles sont utilisées pour l'irrigation, la protection contre le gel des bourgeons à fruits le printemps et des fruits à l'automne, la récolte et la protection des plants en hiver. Le besoin estimé en eau est de 7 à 10 acres-pieds par acre de canneberge et cela par année (de 0,86 à 1,25 hectare-mètre d'eau par hectare de canneberge). Ce volume d'eau correspond à un réservoir d'un acre de superficie et d'une profondeur de 7 à 10 pieds. Le volume d'eau, qui devra être en réserve, dépendra du type d'approvisionnement qu'il y a sur le site. Si l'eau peut être pompée directement d'un cours d'eau ou d'une réserve souterraine, le volume en réserve pourra être limité tandis que si l'eau disponible ne vient que du captage de l'eau du drainage naturel des terres voisines, il devra être énorme et suffisant pour les besoins de toutes la superficie en culture. Dans ce cas-ci, on préconise un système de culture fermé, c'est-à-dire que l'eau utilisée est constamment récupérée et repompée dans le réservoir.
Il est possible au Nouveau-Brunswick de s'approvisionner directement d'un cours d'eau, à condition d'avoir obtenu un permis d'altération des cours d'eau émis par le ministère de l'Environnement.
Le sable est utilisé lors de l'aménagement des lits pour favoriser le drainage de la couche supérieure du sol et pour prévenir la formation de mares à la surface. La canneberge ne pousse pas bien dans un sol trop saturé d'eau. La présence continue de zones saturées d'eau dans les lits en culture peut faire pourrir les racines et entraîner éventuellement la mort des plants. La canneberge préfère croître dans une zone racinaire humide et bien oxygénée d'environ 6 pouces de profondeur. Cette zone est composée idéalement de 80 p. 100 de sable grossier dont les particules varient de 0.2 à 2 mm et 18 p. 100 de sable fin dont les particules varient de 0.02 à 0.2 mm. Cette répartition de la grosseur des particules permet d'obtenir un bon drainage et le sable fin assure une humidité suffisante et une bonne capacité de rétention des éléments nutritifs pour répondre aux besoins de la culture.
L'application initiale de sable correspond à 6 pouces et équivaut à 806 verges cubes par acre. Une fois en production, les lits doivent être resablés à tous les 2-3 ans avec environ 1/2 à 1 pouce de sable. Ceci équivaut de 65 à 138 verges cubes de sable par acre. Il n'est pas nécessaire d'avoir une réserve de sable sur place pour garantir le succès de l'exploitation mais les frais de transport augmentent le coût d'aménagement des lits et les coûts d'exploitation annuels subséquents.
La capacité de rétention de l'eau est directement liée à la nature du sol et de la nappe d'eau souterraine. Il faut creuser un nombre suffisant de trous d'essais sur le terrain pour déterminer les propriétés du sol et établir la hauteur de la nappe phréatique. Les plans d'aménagement seront en fonction de ces caractéristiques. Le pH du sol, du sable et de la source d'eau doivent être déterminés car les canneberges préfèrent un pH variant de 4.0 à 5.5.
Autres paramètres importants:
La pente du terrain et le couvert végétal sont d'importants facteurs à considérer lors du choix d'un site de culture des canneberges. On évite habituellement les terrains dont la pente est supérieure à 2.5%. Le coût d'aménagement est considérablement accru, lorsqu'on doit effectuer d'importants travaux de creusage et de remplissage. On peut aménager le terrain en gradins pour réduire les travaux de creusage et de remplissage. Dans ce cas, il faut utiliser une plus grosse pompe pour acheminer l'eau d'irrigation et d'inondation, car l'élévation est plus considérable.
Il est moins coûteux et difficile d'aménager un terrain défriché qu'un terrain boisé: on peut couper et vendre le bois, mais les souches et les déchets doivent être brûlés ou éliminés. Les racines et les couches ne conviennent pas pour la construction de digues ou de bermes, car elles pourrissent et se sédimentent avec le temps.
La superficie du terrain doit être considérée dans l'étude, puisque la culture des canneberges n'a lieu que sur 50 à 65 p. 100 de la surface. Le reste du terrain doit être réservé aux routes, aux bermes, aux tranchées de drainage, aux étangs, aux bâtiments et aux zones tampons nécessaires. La superficie de culture idéale varie selon les caractéristiques du site mais il serait intelligent de tenir compte des économies d'échelle associées avec l'achat d'équipements comme les cueilleuses, les élangueuses et autres.
L'emplacement du terrain et son accessibilité sont aussi des facteurs importants. Lorsque le terrain est situé dans une plaine inondable, on doit déterminer la fréquence des inondations et faire les devis de construction pour contrer ce genre de situation. On détermine également si les routes d'accès sont construites ou s'il faut les aménager et ajouter ces frais au coût de démarrage. Quand l'électricité est accessible, surtout avec un réseau électrique triphasé, le producteur peut utiliser des moteurs électriques pour les pompes à la place de moteurs alimentés au diesel ou au propane.
Considérations environnementales:
Le projet aura-t-il des incidences sur un cours d'eau ou sur une terre humide? Lorsque le lieu de culture prévu englobe une terre humide, il peut s'avérer nécessaire de faire une évaluation complète des incidences environnementales. Le choix du terrain est également assujetti à des considérations environnementales et la conception initiale du projet pourrait être modifiée en conséquence. Mentionnons par exemple que les organismes de réglementation du Nouveau-Brunswick ont exigé jusqu'à date la construction d'un réservoir de rétention pour stocker, pendant une certaine période, l'eau de drainage provenant de la zone de culture des canneberges avant de la laisser s'écouler du terrain. Le réservoir fait fonction de cuve de décantation et il favorise aussi la dégradation des résidus de produits chimiques agricoles pouvant être présents dans l'eau de drainage.
Le ministère de l'Agriculture, des Pêches et de l'Aquaculture conseille fortement aux producteurs éventuels de présenter leur projet au ministère de l'Environnement et Gouvernements Locaux avant de débuter les travaux. Le producteur évite ainsi d'avoir à interrompre ou à retarder les travaux de construction parce qu'il n'a pas les permis nécessaires. De plus, il se protège contre toute plainte de nuisance éventuelle.